Pourquoi et comment mettre des limites à un enfant ?

​À quoi servent les limites pour un enfant ? Pourquoi offrir un cadre de vie à son enfant ? Comment les parents peuvent-ils mettre en place des limites sans les avoir connues eux-mêmes ?

17 MAI 2022 · Lecture : min.
Pourquoi et comment mettre des limites à un enfant ?

À quoi servent les limites pour un enfant ? Pourquoi offrir un cadre de vie à son enfant ? Comment les parents peuvent-ils mettre en place des limites sans les avoir connues eux-mêmes ? Quelles limites ? Comment ? Pourquoi ?

À quoi servent les limites pour un enfant ?

On a longtemps considéré les limites comme un règlement strict et étriqué qui soumettait l'enfant et l'empêchait de s'épanouir. Il est vrai que nous avions à une certaine époque une vision beaucoup plus normative dans l'éducation de nos enfants et que la notion affective a été intégrée beaucoup plus tard, aux environs des années 1970. Auparavant, il s'agissait de soumettre l'enfant à l'ordre, la loi, représentée par les parents, quitte à utiliser des méthodes qu'aujourd'hui nous qualifierions de maltraitance tant physique que psychique. Depuis les années 1970, comme pour contrecarrer des frustrations lourdement vécues, on a vu l'enfant devenir un roi à qui on voue une véritable adoration, au fur et à mesure qu'on apprend à le connaître plus intimement dans ses besoins, sa vie prénatale et psychologique. Les parents ont ainsi placé leur enfant sur un piédestal duquel il a toute liberté.

Le paradoxe c'est qu'un enfant n'est pas en mesure de comprendre sans explication, sans modèle et il n'est pas non plus en mesure de décider et de savoir ce qui est bon ou non pour lui. Il s'agit bien là du devoir des parents ! Les parents sont donc des guides, des éducateurs qui vont aider l'enfant à se civiliser, à développer ses potentialités afin de pouvoir vivre et grandir harmonieusement dans la famille et dans la société. D'où l'importance de mettre en place un cadre de vie. Ne pas mettre ce cadre équivaut à laisser l'enfant dans le vide, à le laisser maître de ses désirs et ainsi à vivre dans une toute puissance qui se traduira par des rapports constants de force. Il est important ici de relever que l'enfant se situant dans ce cas de figure vit dans une angoisse permanente et une grande culpabilité. De plus, il ne peut pas apprendre à gérer la frustration et les conflits. Ainsi, l'enfant, inapte à affronter les difficultés de la vie, court au devant de désillusions certaines. Il prend le risque de devenir agressif et de comprendre que la violence est une réponse à apporter en cas de difficultés. Aujourd'hui, avec le recul, on a constaté que ces enfants, devenus adultes, ont d'importantes indispositions relationnelles et de grandes difficultés à gérer leurs émotions.

Il est important de comprendre que les limites sont structurantes. Elles servent à prendre conscience des besoins des autres, des dangers, des interdits de la vie, elles apprennent à vivre avec les autres et elles sont sécurisantes. Elles montrent les attentes de l'adulte vis-à-vis de l'enfant, qui vit ainsi dans un cadre rassurant et dans lequel il peut s'épanouir.

Comment mettre des limites ?

En se montrant d'une grande constance. En effet, changer d'attitude et d'avis, pour « faire plaisir à son enfant », pour ne pas entrer en conflit avec lui, équivaut à placer l'enfant dans un vide angoissant et, comme précédemment dit, dans une toute puissance dangereuse. Le parent, en étant cohérent tant avec lui-même que dans son couple, en montrant l'exemple, en étant ferme mais ouvert, fait preuve d'une autorité respectée, rassurante et digne de confiance. Le respect est également donné à l'enfant par la possibilité d'un dialogue ouvert, en lui expliquant les règles, à quoi elles servent et que certaines ne sont pas négociables. La cohérence doit pousser jusqu'à l'application des conséquences lorsque l'enfant transgresse une règle, mais sans toutefois le dévaloriser et sans le rabaisser dans le choix de la « punition ». En effet, des réactions inappropriées risquent de figer l'enfant dans un comportement négatif. ne correction physique, par exemple, est une humiliation pour l'enfant. Il est, par conséquent, important de réfléchir à la construction et au maintien d'une bonne estime de soi de l'enfant lors de la conséquence.

Lorsque les parents n'ont pas connu un tel cadre dans leur propre enfance, lorsqu'ils ne savent pas quelles limites appliquer, lorsque leur enfant les provoque, tente de repousser les limites, voici une série de questions qui peuvent les aider à comprendre tant leur enfant que leurs propres émotions :

  • Qu'est-ce qui se joue ici ?
  • Qu'est-ce que je ressens lorsque mon enfant désobéit ?
  • Comment aider mon enfant à grandir, à comprendre ?
  • Qu'est-ce qui serait aidant pour lui dans mon attitude ?
  • Quels sont mes comportements ?
  • Est-ce que je veux me faire obéir ou aider mon enfant à grandir et se sociabiliser ?
  • Quelle conséquence appliquer ?
  • Est-ce que l'application de cette conséquence est adaptée ?
  • N'est-elle pas dévalorisante ?

Aujourd'hui, nous pouvons tenir compte des erreurs du passé et ainsi comprendre que les limites se situent entre un axe normatif (imposer des normes, des règles à l'enfant) et un axe affectif (bienveillance). Tout l'art est de savoir se situer, en qualité de parent, au milieu de ces axes en basculant tantôt plus vers l'un ou vers l'autre, selon les circonstances. Cela présuppose d'avoir un axe personnel centré, d'avoir un équilibre personnel pour pouvoir passer de l'un à l'autre sans se sentir déstabilisé. Par exemple, punir son enfant ne doit pas faire naître en nous un sentiment de culpabilité. Le parent a donc tout intérêt à différencier sa propre histoire de celle de son enfant. Le laisser faire quelque chose qu'on n'a pas été autorisé à faire étant enfant, c'est vouloir « illusoirement » refaire son histoire et nier ainsi les besoins de son enfant. Il convient de garder en mémoire le but de l'éducation, à savoir permettre à l'enfant d'acquérir des capacités pour s'intégrer dans la vie, dans la société, lui permettre de devenir autonome et de se responsabiliser quant aux choix qu'il fait.

L'enfant, en grandissant, cherche à s'affirmer et va donc provoquer, tester le parent. Il n'est pas un adulte en miniature qui décide délibérément une attitude négative mais, au contraire, il cherche à être recadré, rassuré. C'est donc l'attitude constante et la cohérence des parents qui permettent une telle réassurance. Même en cas de séparation des parents, il serait judicieux de pouvoir maintenir une cohérence et de mettre ses griefs et ses souffrances entre parenthèses, quand il s'agit de l'enfant.

L'enfant grandit et il est important que le cadre évolue avec lui. Cependant, le cadre demeure ! En le faisant évoluer, avec bon sens, le parent montre à l'enfant qu'il est acceptable de grandir et de devenir autonome. Il s'agit là d'une véritable acceptation du parent de « voir s'échapper » son enfant. Le parent peut alors décider des nouvelles limites et en discuter certaines avec lui, l'encourager à donner son avis, à faire des propositions, ce qui contribuera à la construction d'une bonne estime de soi pour l'enfant.

On ne le répètera jamais assez, mettre des limites à son enfant, c'est le préparer à la vie et à ses difficultés. Les limites apprennent à connaître tant le monde que soi-même.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Catherine Lefeuvre (Meyer)

Consultez nos meilleurs spécialistes en psychologie enfant

Bibliographie

  • Le Manuel de la Parentalité (Dinkmeyer, Jouvence 2002)
  • Les enjeux de la parentalité (Houzel, Erès, 1999)

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Commentaires 1
  • Senio

    Merci. Très édifiant, très instructif.

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