Coaching thérapeutique pour les victimes de manipulateurs pervers narcissiques

Le pervers narcissique est vecteur d’une maladie mortelle pour l’autre.

25 NOV. 2013 · Dernière modification: 20 DÉC. 2013 · Lecture : min.
Coaching thérapeutique pour les victimes de manipulateurs pervers narcissiques

La victime du pervers narcissique met en général du temps à mesurer la complexité et la gravité du piège dans laquelle elle se trouve.

Ce piège tend à se refermer en douceur, comme un boa constrictor qui vient posément étrangler sa proie. Lorsqu'elle se rend compte de cette emprise, les anneaux sont déjà là, parfaitement enroulés autour d'elle. Leur pression se fait plus violente dès que la victime commence à se débattre. Une pression qui peut se faire par saccades, avec des moments d'apparents apaisements. La victime va bien souvent s'endormir, comme privée d'oxygène, et lorsque la tension se fera trop grande, elle n'aura plus la force ni l'énergie nécessaire pour s'en sortir ! C'est pour cela que je dis que le Pervers Narcissique est vecteur d'une maladie mortelle pour l'autre.

Mon expérience personnelle m'a permis de comprendre de l'intérieur la complexité de ce drame. Au travers de ma vision de « victime» et également de celle plus salvatrice de psychothérapeute, j'ai pu non seulement commencer à comprendre, mais aussi à percevoir quelles seraient les aides, soutiens, techniques qui peuvent réellement accompagner la victime à reprendre sa propre vie en main.

Conditionnement de la victime

Il est important de se rendre compte du conditionnement profond que subit la victime. Un conditionnement dont elle n'est pas consciente. Il se fait par ces « messages contradictoires » entre autres qui font évoluer la victime dans des hauts et des bas émotionnels jusqu'à son épuisement et dissolution complète. Ces messages confusionnants font que, en cas de besoin, le Pervers Narcissique pourra aisément justifier sa pseudo « bonne foi » et ainsi responsabiliser sa propre victime de la situation vécue.

Celle-ci, déjà conditionnée par ces non dialogues constants, aura tendance à se croire effectivement coupable ou même, elle-même perverse, et ainsi cherchera en vain toutes les solutions possibles pour rétablir une certaine harmonie. Le mode de communication du Pervers Narcissique fait que la victime ne pourra jamais avoir raison, même de l'évidence.

Le Pervers Narcissique jouera très habilement de tout ceci en renversant les rôles d'une situation qu'il ne peut assumer, et en accusant sa victime des faits qui le caractérisent. Le Pervers Narcissique va osciller entre menaces, chantages, violences et demandes de pardon, déclarations amoureuses, tendresse infinie… L'évolution peut se faire lentement, sournoisement sans que la victime puisse mettre des mots sur ce qu'elle ressent. Elle va jusqu'à se conditionner inconsciemment pour ne percevoir que le bon du Pervers Narcissique et tente d'occulter immédiatement le mal, pour moins souffrir. On entre dans une résilience morbide.

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Victime et pervers narcissique

La victime se trouve devant un personnage qui est incapable de se remettre en question, pourtant, elle va encore et encore s'épuiser à tenter de lui faire prendre conscience des impacts de ses agissements sans pour autant le juger…. Elle espère toujours lui faire quitter la boue pour la Lumière. Elle reste dans l'illusion qu'il peut « changer»… qu'il est « bon» et que c'est elle qui est la responsable de ses tourments. Le Pervers Narcissique ne peut prendre conscience de son problème pour la bonne raison qu'il est incapable d'assumer la réalité des faits et d'assumer la paternité de ses conséquences.

De plus, n'étant pas dans la souffrance, même si bien souvent il l'affirme en se mettant provisoirement dans l'image d'une victime, il n'a aucune raison de modifier son comportement.

La victime se berce dans l'illusion en se convainquant que quelque chose peut changer afin de ne pas se trouver devant la seule réalité : il faut fuir !

Il arrive très souvent que le Pervers Narcissique se repose sur les valeurs de sa propre victime pour asseoir son pouvoir. Le Pervers Narcissique jouera facilement de ceci en renversant les rôles et en accusant la victime des faits même qu'il pose constamment.

Quitter le Pervers Narcissique, est quelque chose de terriblement difficile

Les sentiments contradictoires se mêlent. Il y a la peur, bien sur, mais aussi un amour inconditionnel. Une sensation que la vie ne peut se poursuivre sans lui ! La victime se sent bien souvent incapable même de vivre sans lui ! De plus, la plupart du temps, la victime se retrouve totalement seule, car le Pervers Narcissique l'aura isolée du reste du monde pour mieux la manipuler à sa guise. Il est également très courant que le pervers narcissique organise la dépendance financière de sa victime. Un sentiment de honte peut aussi empêcher la victime de demander de l'aide. Après tout, qui peut comprendre que l'on ne puisse pas quitter celui qui nous tue ?

Lorsque la victime a pu survivre à ce massacre, qu'elle a la force de regarder son chemin, elle se rendra souvent compte de tous les signes annonciateurs qu'elle a parfois vus mais dont elle a choisi de ne pas tenir compte.

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Le pervers narcissique n'a pas la même notion du bien et du mal qu'un être « normal » Toute tentative de dialogue est toujours avortée. Le refus du dialogue du pervers narcissique est une caractéristique majeure. Il est expert dans l'art de la non communication par des propos flous à multiples facettes et des « messages contradictoires » qui amènent la victime aux bords de la folie. Il s'approprie toutes les gloires et est assoiffé de lui-même ! Il ne vit que par l'image qu'il voit se refléter de lui dans le regard de sa victime, d'où l'importance de la fascination. Sa personnalité est construite sur un vide qu'il tente de remplir par l'énergie de l'autre (admiration, amour, peur, souffrance…), ceci contribue à lui donner son pouvoir

Syndrome de Stockholm…

Le pervers narcissique ne sait pas aimer. Il ne réagit que par instinct de la survie de son image. La victime est en constante liaison avec lui par la pensée qui peut devenir totalement obsessionnelle. Le stress, l'épuisement, l'isolement et l'anxiété engendrent les pensées obsessionnelles et mortifères. Le pervers narcissique est incapable de prendre des décisions. Il s'arrange pour retourner les situations afin de rendre sa victime responsable de tout ce qui lui arrive.

Les pervers narcissiques n'éprouvent aucun respect pour les autres, qu'ils considèrent comme des objets indispensables à leur soif de pouvoir, d'autorité, ou servant leurs intérêts. Ils prennent des engagements qu'ils ne tiendront pas, sachant que les promesses n'engagent que ceux qui y croient et qu'ils s'estiment au dessus des lois. Pris en flagrant délit de mensonge, ils sont capables de nier avec un aplomb hors du commun jusqu'à faire douter l'autre !

Ils savent parfaitement et avec une grande détermination défendre leurs intérêts dont ils ont toujours une vision très claire. Ils essaient de profiter instinctivement de toutes les opportunités, de toutes les personnes rencontrées, et ces personnes sont systématiquement instrumentalisées pour en tirer, autant que possible, avantage. Comme pour tous les narcissiques, tout leur est dû. Ils n'admettent aucune remise en cause et aucun reproche puisqu'ils sont sincèrement persuadés qu'ils n'ont aucun problème. Lorsqu'ils sont dans une dualité, dans l'obligation de faire choix qu'ils ne peuvent esquiver, ils sont capables d'entrer dans des états psychotiques et deviennent alors particulièrement dangereux et impitoyables. Ils peuvent, dans ces cas extrêmes, devenir directement meurtriers et vengeurs.

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Les pervers narcissiques sont incapables d'aimer les autres

Dans leur immense majorité, ils n'ont aucun sentiment humain, aucun état d'âme, aucun affect. Ils sont froids et terriblement calculateurs sous des airs de compassion et de fausse générosité. Ils sont capables d'enregistrer dans leur mémoire des petites choses qu'ils utiliseront ensuite en les amplifient afin de justifier leurs attitudes néfastes.

La souffrance de la victime vient les nourrir, et amplifie ainsi l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes

Mais tout en étant, le plus souvent, incapables d'avoir des sentiments humains, ils simuleront parfaitement le fait d'être remplis de bons sentiments, remplis d'amour altruiste et d'une sincère empathie pour autrui.

Ils adorent « construire » l'autre, quitte à le détruire pour pouvoir à nouveau le construire et en retirer la reconnaissance inconditionnelle…

Les déceptions entraînent chez eux de la colère, du ressentiment ou même de la haine avec un désir viscéral de revanche. Cela explique la rage destructrice qui s'empare d'eux lors des séparations ou des confrontations. Quand un pervers perçoit une blessure narcissique (défaite, rejet), il ressent un désir illimité d'obtenir une revanche.

Ce n'est pas, comme chez un individu coléreux, une réaction passagère et brouillonne, c'est une rancune inflexible, implacable à laquelle le pervers applique toutes ses forces, ses capacités de raisonnement et son intelligence aigüe. Et alors, il n'aura de cesse d'assouvir son dessein de vengeance. Les pervers narcissiques ont souvent besoin de haïr pour exister. La haine peut être chez eux un moteur très puissant.

Souvent, le pervers narcissique est quelqu'un qui n'a jamais été reconnu dans sa personnalité propre, qui a été victime d'investissement narcissique important de la part de ses parents et qui a été obligé de se construire un jeu de personnalités (factices), pour se donner l'illusion d'exister. On peut dès lors trouver comme une sorte de schizophrénie avec de multiples personnalités.

Du fait d'une histoire personnelle, où ils ont été, par exemple le bras armé d'un de leurs parents, les pervers n'ont pas pu se réaliser. Ou alors, ils ont dû correspondre parfaitement à l'attente des parents pour s'assurer leur amour indéfectible à vie. Les pervers narcissiques ne sont jamais sincères, toujours menteurs, et cela depuis leur plus tendre enfance. C'est en quelque sorte leur mode de fonctionnement, une capacité mise en place instinctivement afin d'être capable de correspondre à l'attente des autres (parents). Ils peuvent aussi bien dire la vérité que mentir avec aplomb. L'interlocuteur ne sait plus alors discerner le vrai du faux. Le plus souvent, ils effectuent des falsifications de la vérité, qu'on ne peut pas vraiment qualifier de mensonges, et encore moins de constructions délirantes. Mélanger le mensonge, la sincérité et la franchise (ce qui est, pour l'autre, très déstabilisant) fait partie de leur jeu. On aborde alors les « messages contradictoires » qui sont une des armes privilégiée du Pervers Narcissique pour déstabiliser puis épuiser sa victime.

Le déni (de leurs défauts, de l'autre) leur permet de « s'aimer » et de s'aimer toujours plus. Ils se mentent à eux-mêmes, sur leurs vraies valeurs, sur ce qu'ils sont réellement, mais finissent par prendre cela pour la seule réalité. Ils se sentent intouchables, puissants et irrésistibles. A certains moments, ils finissent par croire à leurs mensonges, à d'autres, ils en ont conscience.

C'est toute l'ambivalence de la pathologie mythomane

Le pervers narcissique est un « comédien né ». Ses mensonges à force d'entraînement sont devenus chez lui une seconde nature, une nécessité.

Sa palette de personnalités, de personnages, d'émotions feintes est étonnante. L'éventail de son jeu d'acteur est infini, sans cesse renouvelé.

Il donne le plus souvent l'image d'une personne parfaitement calme, ne s'énervant jamais. Le pervers narcissique est le plus souvent doté d'une combativité extrême et d'une capacité de rebond remarquable. Sa mégalomanie, son narcissisme, voire sa paranoïa, renforcent cette combativité. Souvent immensément orgueilleux, voire mégalomane, le pervers narcissique a un besoin vital de gagner, à tout prix, sans fin, et ne peut admettre, une seule fois, de perdre. Il est prêt à tout, même aux coups les plus bas, pour ne jamais perdre. Il a également tendance à s'attribuer le mérite qui revient à d'autres afin de se remplir de plaisir.

Le pervers est comme un enfant gâté

S'il ne rencontre pas de résistance, il ira toujours plus loin. La résistance, elle, le poussera à rassembler ses forces pour les annihiler. A la longue cette tendance, qui peut lui assurer une dynamique du succès pendant un certain temps, devient une addiction. Signe de sa mégalomanie, elle le renforce en retour, et l'amène à ne plus pouvoir tolérer la moindre frustration ou contradiction.

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Le pervers narcissique a le talent de diffamer sans avoir l'air d'y toucher, prudemment, en donnant l'apparence de l'objectivité et du plus grand sérieux, comme s'il ne faisait que rapporter des paroles qui ne sont pas les siennes. Souvent il ne porte pas d'accusations claires, mais se contente d'allusions voilées, insidieuses. Il aura beaucoup d'habilité à sortir du contexte un fait, une phrase, pour la tourner à sa guise s'attribuant ainsi la sympathie et l' adhésion de l'entourage. A la longue, il réussira à semer le doute, sans avoir jamais prononcé une phrase qui pourrait le faire tomber sous le coup d'une accusation de diffamation.

Geneviève SCHMIT, experte dans l'aide aux victimes de manipulateur pervers narcissique.

Geneviève SCHMIT © Toute reproduction, même partielle est interdite sans l'accord de l'auteur

Photo : Wikipedia

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Écrit par

Geneviève Schmit - Thérapie Brève - Psychologie Positive

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Commentaires 6
  • Aurelie Afflard

    Bonsoir, Merci... Juste merci grace à vous ce soir je me sent moins seul. Je suis rester casiment 4 ans avec le père de ma fille qui est exactement comment vous le décrivez. C'est impressionnant comme en quelques écrit on peu se sentir enfin comprise. C'est très ignorer ce genre de violence moral que l'on peu vivre...

  • Yann

    En tant que victime,tout ce que j ai lu est parfaitement la lugubre réalité,celle que je vis depuis plus d un an...

  • Paris

    C'est parfaitement bien résumé. Mes trois années passées au côté d'un pn. Ce qui m'a sauvé c'est que je n'ai jamais voulu vivre avec lui, ni même lui donner un centimes. Mes amis proches dont il n'avait pas réussi à m'éloigner n'ont eu cesse de me suivre, ils n'ont rien lâché... Ils m'ont en quelques sortes sauvée. Je suis sortie de son emprise physique mais je sais que le plus dur sera de me libérer de son emprise psychologique. J'ai une chance extrême c'est d'être très entourée par ma famille et mes amis. Aujourd'hui je suis grand mère d'un petit garçon adorable, mes fils et ma belle fille m'aiment plus que tout. Je veux reprendre mon travail, ma vie, ma liberté de pensée,enfin je veux redevenir moi... Je vais pour cela me faire aider par des professionnels. J'ai eu le courage de porter plainte, il faut porter plainte car c'est la seule façon de se faire reconnaître victimes car oui nous sommes des victimes malgré qu'il ait pu nous faire croire que non. J'ehttps://www.guiadetectives.com/admin/comment/invalidate?pro=75&aco=69562spère que mon témoignage va permettre à certaines d'entre vous, à toutes mêmes, de vous en sortir. Je sais ce que vous vivez,..

  • Julie

    C'est exactement ma vie, le père de mes enfants regroupe tout ce qui est écrit ici ! Mais alors que faire? Comment protéger les enfants qui sont instrumentalisés, manipulés ? Dans ce genre de cas, nous sommes seuls et sans solution. Je vis très mal cette situation ou apparemment je ne peux rien faire pour protéger mes enfants.

  • esba

    Je vois mon mari dans toute cette description, même si on m'a dit qu'il n'était pas un pervers mais plutôt qu'il devait souffrir de troubles apparentés à de la schizophrénie, je ne vois pas un malade psychologique en lui, mais plutôt une personne mauvaise et sans états d'âme, capable de toutes les bassesses pour obtenir ce qu'il veut. Se rouler par terre en hurlant et en vomissant de rage lorsque, par exemple, il a été licencié par son employeur une fois de plus. Je respecte les professionnels de santé mais je doute q'une personne réellement schizophrène contrôle sa maladie au dehors et n'en souffre qu'en privé, n'est-ce pas ? Mon mari est un homme charmant au dehors, serviable, droit, honnête, mais en privé, c'est un homme frustré par ses échecs continuels et qui me fait subir toute sa rancœur. Il ne souffre pas sinon de son propre comportement et même cela, il ne l'assume pas. Ces personnes sont irrécupérables.

  • bismara

    Votre analyse respire totalement la vérité. Une réalité que l'on vit aujourd'hui mon mari et moi. En effet, devant une montagne de faits ne pouvant démontrer que l'abus de pouvoir et l'acharnement, ils ont encore l'aplomb de nier les faits et de renverser les rôles. Le cas de mon directeur est anecdotique : Le jour où il a été convoqué par l'inspecteur du travail pour lui exposer toutes les infractions et comportements abusifs qui lui sont reprochés, il s'est mis à se rouler par terre en pleurs et tremblottant. Depuis lors, cela fait 6 mois qu'il est en arrêt pour accident du travail. Le harceleur se place très facilement en victime. Votre analyse nous permets de mettre des mots sur nos maux. Merci.

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