Effets de la dépression sur le cerveau : que peut-elle provoquer ?

Déprime ou état dépressif ? Mieux informé pour mieux prendre soin de soi ou d'un proche, grâce aux explications développées par les neurosciences

3 MAI 2024 · Lecture : min.
Effets de la dépression sur le cerveau : que peut-elle provoquer ?

Déprime ou état dépressif/dépression ? Pour le diagnostic, consulter son médecin traitant ou un psychiatre est le mieux. Cependant, surtout s'il y a de l'attente à la consultation médicale, il y a possibilité d'évaluer grâce à ces observations par soi-même ou pour un proche grâce aux critères définis dans le DSM-5* ; il faut 5 de ces critères pour en déduire qu'il s'agit d'un état dépressif/dépression :

  • Humeur dépressive se manifestant par de la tristesse, sensation de vide, pratiquement toute la journée et presque tous les jours
  • Diminution marquée du plaisir pour toutes, ou presque, même pour les activités pour lesquelles la personne avait un intérêt certain
  • Perte ou gain de poids significatif en l'absence d'un régime – pour l'enfant, c'est l'absence de l'augmentation normale de poids
  • Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours
  • Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours
  • Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours.
  • Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante)
  • Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours
  • Pensées de mort récurrentes, idées suicidaires récurrentes ; sans plan précis ou tentative de suicide ou avec plan précis pour se suicider : dans ce cas, il y a urgence à la prise en charge : voir l'article "Prévention suicide".

D'après le DSM-5 : « Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres domaines importants. Les symptômes ne sont pas attribuables à l'effet physiologique d'une substance ou d'une autre affection médicale. » Si ces symptômes s'installent plus de 2 semaines, il y a nécessité, voir urgence à consulter. En lisant la suite, vous comprendrez la raison.

Les effets de la dépression sur notre cerveau

Aujourd'hui, l'analyse biologiques des neurotransmetteurs peuvent contribuer à évaluer l'état de déprimé / dépressif. Les neurosciences apportent une explication biologique grâce à l'observation du cerveau d'une patiente dépressive : en 1988, David Servan Schreiber est Co-fondateur du Laboratoire de Sciences Neurocognitives Cliniques , dont l'objectif est de comprendre la mécanique des cerveaux en souffrance. Lors de cette expérience filmée , David Servan Schreiber, observe le cerveau d'une patiente avec un scanner et explique : « ce qu'on observe, c'est que les gens qui ont eu plusieurs événements très douloureux dans leur vie, en particulier pendant la petite enfance, ont certaines régions de leur cerveau ont été sensibilisées à la douleur et réagissent de façon excessive, par la suite, y compris à l'âge adulte »

  1. « Les zones activées chez le sujet, se situent au centre du cerveau dans ce qu'on appelle dans le cerveau émotionnel… et archaïque… que nous partageons avec les mammifères et certains reptiles. Entre ces neurones naissent l'amour, la joie, mais aussi la peur ou de la tristesse, bref, le royaume des émotions et de l'Inconscient »,
  2. Le stress est le « talon d'Achille » des personnes dépressives, la porte d'entrée où s'engouffre la dépression
  3. Le stress est géré dans le cerveau dans le cerveau émotionnel par l'amygdale, c'est elle, le centre de la peur
  4. Cette amygdale interprète le stress comme le signe qu'un danger extérieur nous menace, elle réagit immédiatement en secrétant les hormones du stress, cortisol et noradrénaline qui vont accélérer le rythme cardiaque ; objectif : préparer le corps au combat ou à la fuite
  5. Pendant ce temps, il se passe quelque chose dans le néocortex et surtout dans le cortex préfrontal. C'est dans cette région que s'élabore la pensée, l'abstraction, le langage, bref, le royaume de la pensée et du Conscient.
  6. Mais réfléchir retarderait les réflexes de survie, donc, en cas de stress, le cortex préfrontal est débranché par l'amygdale, il s'éteint : le cerveau a perdu le contrôle, car après plusieurs semaines, l'hippocampe est attaqué par l'amygdale, or le rôle d'hippocampe est justement d'éteindre l'amygdale, une fois le danger passé et de permettre au cortex préfrontal de se rallumer. Mais pendant la dépression, les hormones du stress augmentent tellement, qu'elles finissent par détruire les neurones de l'hippocampe, affaibli il ne peut plus accomplir sa mission et le siège du raisonnement reste éteint, les personnes dépressives sont donc coupées d'une moitié d'elles-mêmes."

Cette dernière observation explique pourquoi la personne dépressive est insensible aux recadrages de son entourage qui pense pouvoir "la raisonner" en lui rappelant ses qualités, compétences, chances, le bon côte de la vie, etc : ça n'imprime pas !

Comment accompagner une personne déprimée ?

Comment accompagner une personne déprimée ?

Ces observations nous enseignent le comment accompagner la personne dépressive. D'abord, en tenant bien compte de la situation biologique expliquée ci-dessus, qui révèle l'importance d'une prise en charge le plus rapidement possible, d'abord médicale pour freiner l'emballement délétère du cerveau limbique et psychologique pour la résilience des « événements douloureux du passé, en particulier pendant la petite enfance ». Il est intéressant de savoir que l'épisode dépressif à l'âge adulte est le 2e, le 1er étant passé inaperçu à cause de l'âge, la dépression est peu détectée chez les enfants…

Et la réactivation du processus biologique pour retrouver la confiance, prend du temps, dont la 1ère étape est la stabilisation de l'état émotionnel de la personne dépressive, c'est-à-dire calmer l'amygdale.

Quand l'état émotionnel est stabilisé sur 3 semaines (durée moyenne de vie et renouvellement des cellules : les neurones sont constitués de cellules puisque le cerveau est l'organe-support du système nerveux et des mémoires), le thérapeute peut cibler les événements douloureux du présent d'abord.

Puis, seulement, cibler les événements douloureux et traumatiques du passé ainsi que les cognitions négatives, nées de ces événements, et qui nourrissent la dépression, comme « j'ai tout loupé, c'est de ma faute, je suis nul, etc … », d'où l'extrême importance de les déprogrammer pour obtenir une rémission qui tienne dans le temps.

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Écrit par

Thérèse Badonnel Ferry

La psycho-énergétique clinique : EFT et autres techniques similaires, thérapie brève par auto-stimulation de points d’acupuncture est une révélation pour Thérèse Badonnel Ferry en quête d’une approche thérapeutique émotionnelle rapide, efficace et confortable. Formation par 2 instituts de psycho-énergétique clinique IFPEC et Therapeutia : 10 stages et 1 cycle de 3 années.

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Bibliographie

  • Trifu SC, Trifu AC, Aluaş E, Tătaru MA, Costea RV. Brain changes in depression. Rom J Morphol Embryol. 2020 Apr-Jun;61(2):361-370. doi: 10.47162/RJME.61.2.06. PMID: 33544788; PMCID: PMC7864313
  • Zhang FF, Peng W, Sweeney JA, Jia ZY, Gong QY. Brain structure alterations in depression: Psychoradiological evidence. CNS Neurosci Ther. 2018 Nov;24(11):994-1003. doi: 10.1111/cns.12835. Epub 2018 Mar 5. PMID: 29508560; PMCID: PMC6489983. 

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