La fibromyalgie expliquée

La fibromyalgie est une maladie caractérisée par des douleurs fortes, constantes et une fatigue généralisée. Elle toucherait entre 2 et 5% de la population.

22 JANV. 2018 · Dernière modification: 23 SEPT. 2019 · Lecture : min.
La fibromyalgie expliquée

La fibromyalgie est une maladie chronique caractérisée par des douleurs musculo-squelettiques généralisées, une hypersensibilité exagérée dans plusieurs zones corporelles et points prédéfinis, sans altérations organiques démontrables. Elle est en relation avec une grande variété de symptômes, notamment la fatigue persistante et le sommeil non réparateur. Elle coexiste souvent avec d'autres troubles rhumatologiques et psychiatriques.

Au milieu du XXe siècle, de nombreux auteurs de littérature médicale ont considéré la fibromyalgie comme un trouble de somatisation, c'est-à-dire des patients se plaignant de divers symptômes sans origine physique identifiable. Mais ces dernières années, et grâce à de nombreuses études, cette croyance a heureusement perdu du terrain. La fibromyalgie est considérée comme maladie par l'Organisation Mondiale de la Santé depuis 1992, et si les études ont connu beaucoup de controverses, toutes s'accordent à dire qu'il s'agit d'un trouble d'origine neurologique, et que la douleur est le résultat d'un déséquilibre neurochimique au niveau du système nerveux central, qui génère de l'alodinie et de l'hyperalgésie généralisées.

D'où vient la fibromyalgie ?

Si la cause de la maladie est inconnue, on sait déjà qu'il existe une anomalie dans la réponse à la douleur, car les imageries fonctionnelles ont montré une sensibilisation du système nerveux central, mais on ne sait actuellement pas si elle est la cause ou la conséquence de la fibromyalgie.

Il a été noté que la fibromyalgie apparaissait souvent après une maladie virale, un traumatisme ou choc émotionnel (par exemple, accident avec coup du lapin), mais on ne sait pas exactement à quel point ces évènements impactent l'apparition de la maladie.

La fibromyalgie étant associée à des troubles dépressif et à un épuisement important, la possibilité d'un manque de sérotonine pourrait être envisagé. Cette neurohormone, bien que présente en infime quantité dans le système nerveux, a un rôle crucial dans la régulation du sommeil, de la douleur, de l'humeur et de fonction cognitives, sensorielles et motrices. Ceci expliquerait l'importance des douleurs ressenties alors que les tests ne montrent aucune lésion des tissus et aucun trouble qui pourrait les provoquer.

shutterstock-1038061039.jpg

En 1750, le médecin britannique Richard Manningham décrit dans son ouvrage "Symptômes, nature, causes et cure de la fébricule ou fièvre petite : communément appelée fièvre nerveuse nerveuse ou hystérique" des troubles qui pourraient correspondre à la fibryomalgie. En 1946, le médecin australien Michael Kelly publie une série d'études de la "fibrosite" basée sur sa propre expérience, lui-même souffrant de cette maladie. Son travail renforce le concept de points sensibles comme axe central du diagnostic. Hugh Smythe, en 1972, décrit la maladie dans ses termes modernes, "douleur généralisée et points de sensibilité". Trois ans plus tard, lui et Harvey Moldofsky réalisent la première étude avec électroencéphalogramme, où ils découvrent que les patients avec fibrosite présentent un patron d'inclusion d'ondes alpha, propriétés du sommeil superficiel, à la place des ondes delta du sommeil profond, donnant la sensation d'un sommeil non réparateur. C'est à ce moment-là que le terme de "fbromyalgie" est proposé, et qu'elle est définie comme une forme de rhumatismes non articulaires.

On estime que entre 2 et 5% de la population souffre de fibromyalgie ; elle affecte dix fois plus les femmes que les hommes, et s'observe majoritairement chez les personnes ayant entre 20 et 50 ans.

Quels sont les symptômes ?

Avant que la maladie ne s'installe, le patient présente des signes avant-coureurs, qu'il ne comprend en général qu'une fois que le diagnostic de la fibromyalgie est avéré.

  • Troubles du sommeil
  • Vessie irritable
  • Fatigue anormale après l'effort
  • Troubles digestifs (maux d'estomacs, côlon irritable)
  • Difficultés à rester debout
  • Intolérance au chaud et au froid.

Lorsque la maladie se déclare, elle occasionne des troubles du sommeil, une immense fatigue et des douleurs diffuses, ainsi que des troubles psychosomatiques.

  • Douleur : c'est le symptôme principal, et elle est toujours présente. Elle est telle qu'elle empêche souvent les gestes quotidiens, et a de grands retentissements sur la vie sociale et professionnelle.
    • Elle touche surtout les zones autour de la colonne vertébrale : omoplates, épaules et entre les épaules, hanches, bas du dos, nuque, voire genoux, plante des pieds, fessiers et mains (avec sensation de gonflement dans les mains), le visage (sensation de crispation, mal aux dents).
    • Points douloureux spécifiques sensibles à la pression (ils permettent notamment de poser le diagnostic de la maladie).
    • Douleur sourde, aiguë ou les deux, qui rappelle des fourmillements, des brûlures, des piqûres, ou engourdissement musculaire.

shutterstock-709171012.jpg

  • Fatigue généralisée (asthénie) : souvent intense le matin, elle devient vite invalidante.
  • Troubles psychologiques : anxiété et troubles dépressifs. On ne sait pas si la dépression est antérieure à la fibromyalgie ou se fait en réaction à celle-ci. Ces troubles peuvent aussi être dus à l'errance médicale dans laquelle se trouve les patients, et à l'inquiétude quant à leur état de santé.
  • Migraines, céphalées de tension
  • Troubles de la mémoire
  • Troubles intestinaux
  • Troubles urinaires ou douleurs de règles
  • Hypersensibilité à la lumière, aux sons, aux odeurs
  • Syndrome des jambes sans repos et impatiences nocturnes
  • Peau, yeux et bouche secs : ce syndrome n'est pas automatique et apparaît à des degrés divers.

Troubles psychiatriques liés à la fibromyalgie

Le Syndrome de Fatigue Chronique est souvent associé à la fibromyalgie. Il s'agit d'un état d'épuisement qui dure plus de six mois. La personne est sans cesse fatiguée, a la sensation de ne pas avoir de forces, particulièrement lorsqu'elle est debout, et le sommeil ne lui apporte pas de repos. L'activité, qu'elle soit physique ou mentale, peut empirer l'état d'épuisement. C'est un syndrome fréquent entre 25 et 45 ans, mais qui peut affecter tous les âges. Il n'est pas décelable par des tests, et est diagnostiqué lorsque toutes les autres causes éventuelles de la fatigue ont été éliminées. On ne connaît pas son origine et, s'il n'est pas possible de le soigner, certaines médicaments permettent toutefois au patient d'atténuer les symptômes. On conseille aussi au patient de réaliser une thérapie cognitive pour s'adapter à sa maladie, voire de reprendre une activité physique petit à petit.

Il existe de nombreuses études à propos des troubles psychologiques liés à la maladie. Certains estiment que la fibromyalgie est une conséquence des troubles relatifs à la dépression, d'autres qu'il s'agit d'une question de comorbidité et que l'état d'esprit déprimé est une conséquence de la fibromyalgie, en raison de la difficulté à réaliser des tâches quotidiennes à cause de la douleur, mais aussi à l'anticipation de celle-ci en essayant d'éviter les postures qui génèrent la douleur. Les tests d'imagerie neurologique ont montré la bonne santé des noyaux et aires cérébrales impliquées dans la dépression, prouvant que la fibromyalgie n'était pas une variante dépressive.

L'anxiété est aussi un état dont peut souffrir le patient, souvent associé à la déprime. D'ailleurs, presque 70% des patients souffrant de douleurs chroniques présentent des altérations psychologiques ou psychiatriques. Elles provoquent un état de découragement et le patient entre dans un cercle vicieux : les douleurs et symptômes de la fibromyalgie augmentent la sensation de désespoir, empirant les altérations psychopathologiques et empêchant de surmonter la fibromyalgie. La dépression et l'anxiété sont des conséquences de la maladie.

Vivre avec la fibromyalgie

Les manifestations de la maladie sont très variées, ce qui fait que le patient est souvent en grande errance médicale et consulte aussi bien en gastro-entérologie, en rhumatologie qu'en psychologie. Selon certaines études, il arrive que des patients attendent 18 ans avant d'être diagnostiqués de la maladie ! En plus du découragement que cela occasionne, il arrive que les traitements ne soient pas toujours aussi efficaces qu'espéré dans la diminution de la douleur et de la fatigue, ce qui peut engendre un état d'abattement ou dépressif.

Si la fibromyalgie ne compromet pas le pronostic vital du patient car elle ne touche pas les organes vitaux, elle reste très difficile à vivre. En effet, la douleur et la fatigue font que le patient est contraint de réduire son activité physique, et se coupe parfois de toute activité sociale ou professionnelle. Il est fondamental que les patients soient bien entourés et puissent compter sur leur entourage ainsi que sur d'autres patients. Un soutien psychologique est aussi fortement recommandé.

Photos : Shutterstock

PUBLICITÉ

psychologues
Écrit par

Psychologue.net

Notre comité d'experts, composé de psychologues, psychothérapeutes et psychopraticiens agréés, s'engage à fournir des informations et des ressources précises et fiables. Toutes les informations sont étayées par des preuves scientifiques et contrastées pour garantir la qualité de leur contenu.
Consultez nos meilleurs spécialistes en
Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

Commentaires 9
  • Erika

    Bonjour, C'est très dur à vivre et, les gens ont du mal à comprendre nos douleurs.

  • Elisabeth

    La fibromyalgie vraiment une maladie horrible car on a le sentiment vraiment de ne jamais voir la fin... Toutes maladies est censsé avoir une fin ou un apaisement avec un traitement, hors la fibromyalgie c'est très compliqué. Nous arrivons à un point d'un tel désespoir, on se sent seul face à tout ça et on essaye d'avancer et on va de médecin en médecin qui au final certains en connaissent encore moins que vous sur la maladie. On tombe sur des médecins ou même spécialistes qui vous disent "ce n'est rien profitez de la vie et arrêtez de vous sentir mal sinon vous allez tout perdre, votre mari votre entourage etc..." je sais c'est ce qui m'est arrivé... Et puis vous avez ceux qui vous disent "écoutez nous avons déjà réalisés tous les examens possibles, nous n'avons pas d'autre solution pour vous "" c'est dans votre tête c'est psychosomatique "alors vous vous sentez coupable de souffrir à cause de vous même... C'est horrible comme sentiment... Au final vous apprenez à vivre avec la maladie, des jours bien, moins biens des jours sans et des jours avec c' est comme ça. La vie est comme ça, moi j'ai cherché à avoir un soulagement avec un traitement que j'ai trouvé seul du cbd avec du cannabidiol avec du cannabis et c'est ce qui m'a sauvé la vie. Petit à petit et avec grande violence à moi même etc... Ce fut une période très difficile pour moi. J'ai réussi à laisser toutes les drogues que l'on me donnais... J'étais déjà sous morphine etc... Mais j'étais complètement à l'ouest, c'est sur je n'avais plus trop de douleurs mais du coup j'étais complètement à morphe. Mais à force de persévérance et grâce aussi à de l'homéopathie, car en complément je prends tout à base d'homéopathie j'ai réussi à me débarrasser des anti depresseur etc... Et j'ai pu refaire une début d'activité physique ça aide... Surtout moralement a me surpasser, avant je ne pouvais même plus faire 800 m et petit à petit mon corps s'est habitué à faire ces exercices physiques. Cela fait environ un an que je commence à sortir la tête de l'eau et je peu vous dire que c'est vraiment le parcours du combattant. Il faut s'accrocher à la vie, moi en plus j'ai tout enchaîné :j'ai fais un micro avc quand j'ai eu ma fille, après j'ai fais une narcolepsie cataplexie pendant trois ans sous médicament à base amphétamines... Entre temps j'ai été sous depakine et malheureusement j'ai dû faire un avortement car par accident je suis tombé enceinte et ce fut l'une des épreuves les plus dur pour moi car je n'ai qu'un enfant et mon rêve été d'en avoir deux... Après ça j'ai perdu mon meilleur ami dans un accident de moto... Et j'ai enchaîné avec un accident grave de voiture ou j'ai failli mourir tout simplement. Heureusement je suis toujours là pour le raconter... La vie ne m'a jamais épargné ou fait de cadeaux, il y a des gens qui ont tout et moi j'ai eu énormément de choses difficiles c'est comme ça... Après ça la fibromyalgie encore une épreuve difficile mais je compte bien pouvoir m'en débarrasser un jour... Je ne sais pas encore comment mais j'y parviendrait car je suis de caractère tenace.... Voilà a peu près mon histoire et encore si je vous racontais tout vous n'en reviendrez pas. Mais il faut avancer c'est comme ça... Voilà mon témoignage j'espère qu'il servira à quelqu'un :J'ai créer un compte Instagram si cela intéresse quelqu'un : artl. Oca " on s'en bat la fibro" c'est mon blog. Bon courage elisabeth

  • Nath

    C'est vraiment ce que je ressens tous les jours , mais fais avec mais ce n'est pas tous les jours évident, surtout pour mon mari qui tous les jours m'entend me plaindre..

  • Claudine

    Tous ces symptômes de mon quotidien

  • Fanfan 26

    Très bien expliquer seule oublie les brûlures ressentie sur tout le corps ainsi que des décharge électrique

  • Carole.D

    Comment faire pour savoir si l on est atteint de cette maladie. Cela fait plus de 10ans que l on cherche ce que j ai . IRM etc... le Rhumathologue ne trouve pas merci

  • Sev

    Super article, les problèmes cognitifs ont été oublié mais l essentiel est dit. Merci

  • elenia

    très bon résumé d'une maladie qui empoisonne mon époux depuis plusieurs années

  • Pat

    Très bonnes explications de ce que je vis au quotidien.

derniers articles sur santé

PUBLICITÉ