Le déni, mécanisme de défense
Le déni est un mécanisme de défense reconnu par la psychologie des profondeurs appelée, par Sigmund Freud, psychanalyse.
Le chercheur Michel Damian a justement formulé la première aporie sur laquelle butte le monde contemporain.
1. Une aporie : le déni
Cette aporie, la psychologie moderne nous enseigne à l'appeler : "déni". En effet, selon ce chercheur lucide, nous avons d'abord nommé "dérèglement climatique", comme une externalité nous menaçant, ce qui n'était qu'un fonctionnement auto-destructeur de nos modes de production économiques. Tant que nous ne nous regarderons pas nous-mêmes, et ne mettrons pas en cause nos propres modes de fonctionnement, comme l'indique aussi le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion de la COP 25, nous courrons vers notre perte en pleine cécité.
2. L'apport de la psychanalyse
Or, qui peut ouvrir nos yeux égarés, sinon ceux qui voient au-delà de la conscience raisonnante ? Sinon ceux qui connaissent le double niveau de l'esprit humain ? Notre esprit conscient n'est éclairé que tout près de nous, et à court terme dans le temps.
Au-delà du " principe de réalité " se trouve un territoire beaucoup plus vaste régi par " le principe de plaisir", qu'on l'appelle Inconscient ou comme bon nous semble -- combien vaines sont les polémiques sur l'existence ou non de l'Inconscient ! Cette entité existe, Sigmund Freud, depuis sa tombe, nous montre que seul ce qui nous fait plaisir nous gouverne et nous inspire. En l'occurrence, produire, amasser et gagner en richesse et en pouvoir sur toute la terre, comme déjà sur les terres décongelées de l'Arctique.
C'est ce que nous faisons : étendre l'empire des multi-nationales, des GAFA, même si cela détruit les bêtes sur tous les continents, la terre vivante, l'air pur et les mers poissonneuses. Mais tout est dans ce même si : même si, car la lente et inexorable destruction de notre environnement, "auquel nous appartenons", cette destruction entraîne la nôtre à notre insu !
3.Deux dénis simultanés
Ce que nous ne voyons pas, nous le dénions, il gît au fond de nous-mêmes, forclos dans le déni. En même temps que nous dénions le sort réservé à toute la planète, il y a déjà quelques années que nous dénions l'apport de la psychologie des profondeurs, dénommée psychanalyse depuis plus d'un siècle.
Les deux dénis vont de pair : nous ne descendons plus profond dans notre esprit et nous nous contentons des aperçus de notre conscience, qui nous dit que " tout va bien ", nous pouvons continuer à creuser la terre, à polluer les montagnes, le ciel et les mers, ce plaisir peut ne pas nous être refusé.
Mais la longue vue psychanalytique dit déjà " non " depuis longtemps : elle voit ce que les non-initiés ne voient pas, elle alerte ceux qui peuvent encore l'entendre ; dans " Malaise dans la civilisation ", Freud pointait les pulsions destructrices de l'homme en 1929 !
4. Une reconnaissance nécessaire
Reconnaître l'apport de la recherche psychanalytique, c'est non seulement permettre le changement vrai des individus, mais aussi engager celui de la marche du monde, conduit et gouverné par ces mêmes individus.
Aujourd'hui, cette reconnaissance est une urgence.
Non, la raison ne voit pas tout, la philosophie sans la psychologie des profondeurs trouve ses limites. Parce qu'il en va du sort des univers de Lao-Tseu ou de Confucius, d'Aristote ou de Platon, de Dante ou de Proust, tout ce qui nous a été transmis et tout ce que nous avons aimé sombrera inéluctablement, dans le méli-mélo des langages numériques broyant un savoir humain jadis glorieux.
Nous regarder nous-mêmes, telle est la tâche, pour nous et pour autrui, et seuls les conquérants de l'esprit, clairvoyants il y a un siècle, peuvent nous y seconder.
5. Point de lendemain
Il est d'usage de terminer sur une note d'espoir : mettons, au contraire à profit le titre de Vivant Denon, qui, à l'aube des Révolutions, nous fait encore frissonner. Le monde n'est pas ce que nous voyons, ni l'avenir ce que nous projetons. Dissiper l'illusion de notre conscience est la seule perspective qui nous soit échue, si nous voulons que demain soit encore une promesse dans la langue des hommes.
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