Mon enfant a un comportement tyrannique, que faire ?

Comment reconnaître un enfant au comportement tyrannique ?

« Quelle honte ! » m'a glissé la maman de S, 7 ans et demi, un matin dans mon cabinet. « Comment je peux expliquer que mon fils va à l'école en short par 8 degrès et que je n'ai pas assez d'autorité pour l'en empêcher ! »

Le petit S. mène la vie dure à sa maman depuis longtemps. Cela a évolué graduellement, jusqu'à cette situation.

Il y a des questions simples et ciblées à vous poser afin de déterminer si vous êtes dans le même cas que cette maman :

• Devez-vous vous organiser en fonction de ce que votre enfant décide ?
• Avez vous peur des réactions de votre enfant en cas d'objection ?
• Pensez-vous que vous sacrifiez votre vie à cause de votre enfant ?
• Votre enfant fait-il des « crises » de colères très fortes ?

Si vous pouvez répondre OUI à toutes ces questions, il y a effectivement un problème au sein de votre foyer.

Stop aux idées reçues ! Quelles sont les origines de ce mal ?

Quand la maman de S. me parle de son autorité, mon premier reflexe est de la rassurer : NON ce n'est pas seulement une question d'éducation... voir pas du tout !

Il y a plusieurs années, le CHU de Montpellier en lien avec l'association REACT a étudié de plus près ce phénomène. En se documentant aussi à l'étranger et en s'appuyant recherches psychiatriques de par le monde, la conclusion est claire : il y a bien un trouble derrière ce comportement !

L'enfant tyrannique est en fait porteur d'un Trouble de l'Opposition avec Provocation ( TOP). Ce trouble neurodeveloppemental est inscrit dans la revue scientifique depuis longtemps.

En France, ce TOP est encore méconnu. Il est en général le résultat d'un trouble neurodeveloppemental dominant qui se diagnostic dans le DSM V.

On parlera alors du Trouble de l'Attention avec Hyperactivité ( TDAH), du Trouble du Spectre Autistique ( TSA ) des Troubles Obsessionnels Compulsifs ( TOC) et tous les troubles des apprentissages et du comportements du DSM V.

La difficulté aujourd'hui a trouvé des spécialistes de ces particularités du développement ainsi que des acteurs de la thérapie comportementale ( psychologues, thérapeutes divers, accompagnants) n'aide pas à diagnostiquer rapidement ce type de troubles et souvent le parent doit se retrouver dans une situation qui le dépasse avant de faire le premier pas vers un professionnel.

Le rôle de l'entourage est un facteur déterminant

L'une des raisons a cette « honte » c'est la place du jugement de l'entourage sur les comportements de l'enfant. Non au fait des réelles difficultés psychiatriques qui se cachent derrière ces comportements, les proches ont tendance à accuser le parent des déviances tyranniques de leur enfant. Même si le parent essaye de trouver des solutions et de se documenter, il y a toujours une objection, un doute qui se construit de la pseudo expérience des autres.

Alors, le parent se dit que, peut-être, s'il en parle à son médecin, il sera plus écouté. Mais voilà, il y a encore, en France surtout, une méconnaissance des troubles neurodéveloppementaux, qui ne rentrent pas dans « la case » du TSA. Si l'enfant a un developpement correct en terme médical, une bonne communication verbale et une prise de communication non verbale minime correcte, le simple comportement est rarement pris comme un symptôme inquietant. De nouveau, on se retrouve avec un jugement sur l'éducation du parent, des conseils de guidance parentale pas toujours adaptés et, surtout, souvent un avis personnel et non médical.

Il est donc intéressant de se pencher directement vers des experts de la parentalité et il ne sont pas toujours où vous le pensez ! Certains psychologues et neuropsychologues sont formés EN PLUS à la guidance parentale et notamment de la guidance parentale spécialisées dans les comportements tyranniques. Parfois, des parents se forment à cette guidance et deviennent professionnels. Il est possible pour des therapeutes non psychologues de faire suivre des guidances parentales ( art therapeutes, sophrologues, sophrologues et coach familiaux et parentaux). Cela n'enlève en rien la qualité de la formation qu'ils reçoivent.

La guidance parentale

C'est en me documentant sur le site du CHU de Montpellier que tout commence pour moi. Coach familiale spécialisée dans les troubles du comportement de l'enfant, notamment dans le cadre des troubles du développement, j'essaye de dénicher des recherches médicales sérieuses sur le sujet.

Moi-même maman d'un enfant diagnostiqué avec un TDAH avec TOP associé, j'étais convaincue que le travail sur le parent était obligatoire et essentiel dans l'éducation qotidienne des enfants à troubles. Il n'existe pas de meilleur éducateur que le parent, n'est-ce pas ? Alors pourquoi le reléguer à un professionnel ?

Mais voilà, la recherche avait un interêt certain : je voulais une pratique qui n'incluait ni dressage ni violence.

Convaincue par un réel investissement de recherches en psychiatrie médicale, mes investigations m'ont fait découvrir l'association REACT. « Réagir face aux enfants et adolescents à comportement Tyrannique. Notre association, créée en décembre 2018, compte déjà prés de 150 familles adhérentes sur toute la France. Aussi notre réseau de professionnels sensibilisés s'agrandit de jour en jour. »

Je me forme donc, grâce à d'autres professionnels du secteur, à cette guidance parentale.

Voilà en quoi consiste cette méthode :

• Une partie de psycho-éducation : apprendre aux parents quel est le fonctionnement neuronal de leur enfant
• Déculpabiliser le parent en lui expliquant pourquoi ni lui, ni leur enfant, n'est responsable de cet état
• Documenter dans les facteurs à risque et les troubles
• Soutenir le parent et l'aider à changer ses réponses
• Comprendre et réagir face à l'escalade de la violence de l'enfant
• Apprendre à RESISTER !

Cette méthologie est réfererencée dans l'ouvrage des ateliers du practicien "Accompagner les parents d'enfants tyranniques"aux éditions DUNOD.

Et s'appuie sur l'ouvrage de "la Resistance Non violente" , dans la section carrefour des psychothérapie », d'Haim Omer aux éditions Dubodeck superieur.

Vous l'avez donc compris, le but est d'amener le parent à avoir une posture juste, non violente et cadrante et à les faire réfléchir à la pathologie psychiatrique qui se cache derrière ce comportement.

Cette méthode se déroule sur une moyenne de 10 sessions. Elle se pratique généralement en groupe, quand cela est possible mais elle se décline aussi en individuelle de plus en plus. Elle est délivrée par des experts de la parentalité dans toute la France.

L'association REACT tend à développer un réseaux des professionnels à travers le territoire afin de mieux informer et former tous les acteurs médicaux et intervenants de l'enfance.

Cette méthologie est soutenue par les differentes associations du réseaux des troubles TdaH.

Aller plus loin dans la nécessité d'instaurer une éducation non violente

Dans la loi française, il est depuis peu répréhensible d'utiliser tout type de violence éducative sur son enfant. Ci celle-ci est à déterminer par les services de l'enfance et les jugements judiciaires, on peut s'inquiéter de la violence répétée qui existe dans les familles.

Cette loi a été votée dans la lignée des différentes recherches médicales neurologiques sur l'enfant. Nous avons découvert que les enfants éduqués dans un contexte familial violent , qu'il soit répété ou occasionnel, ont un développement neuronal différent que l'enfant éduqué dans un contexte non violent et soutenant.

Il est donc important qu'un réseau de guidance parental se développe autour de cette problématique.

Nous savons cependant qu'un cadre parental avec des règles et des interdits doit être apposé dans l'éducation de l'enfant. Il n'est donc jamais question d'autoriser tout à son enfant sous peine de modeler un adulte sans limite sociétale.

Le livre « Pour une enfance heureuse » du pediatre Catherine Gueguen aux Editions Robert Lafont pose les jallons de cette recherche.

Un travail approfondi sur les émotions et une introspection sur sa propre éducation sont toujours très importants pour entamer un nouveau chapitre sur l'éducation juste et soutenante qu'on peut apporter à son enfant.

La première chose à comprendre c'est qu'apporter une éducation basée sur la confiance et le soutien a des résultats sur la construction neuronale très encourageants et c'est scientifiquement soutenu. Il existe des ouvrages qui permettent aux parents de pouvoir se concentrer sur cette discipline. « La discipline positive », de Jane Nelsen aux éditions Marabout en est un.

Pour conclure

Un enfant tyrannique n'est pas un enfant qui a des parents défaillants ni une éducation laxiste. La tyrannie est rattachée à des troubles existants. Il est possible grâce à la guidance parentale de retrouver une position juste dans sa parentalité et de retrouver un environnement familial sain.

Photos : Shutterstock

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