Reconnaître la tristesse appartient aux esprits forts

On entend souvent dire que la tristesse est pour les faibles. Mais en quoi cette émotion naturelle ne serait pas, au contraire, une démonstration de notre force et de notre humanité ?

12 JUIN 2018 · Lecture : min.
Reconnaître la tristesse appartient aux esprits forts

Combien de fois avez-vous essayé de contenir ou de maquiller votre tristesse ? Depuis l'enfance, la société nous fait comprendre que nous ne pouvons pas nous permettre d'être tristes, que nous devons être courageux, toujours forts, que nous ne pouvons pas nous laisser aller, que la tristesse ne nous apportera rien et que la joie est la seule émotion qui soit souhaitable et nous fasse du bien. Mais une joie contenue, évidemment.

Contrairement aux idées reçues la tristesse n’est pas une émotion négative. L’être humain a tendance à diviser les émotions en deux camps les positives et les autres. En fait toutes nos émotions sont positives. « Paul Ekman » Expert renommé des émotions et du langage non verbal, a répertorié 7 émotions vécues universellement. La joie, le dégout, la colère, la tristesse, la peur, le mépris, surprise.

En fait il y en a davantage si l’on compte les différents ressentis et sentiments qui nous traversent. La palette de couleurs émotionnelles est bien plus vaste. Vouloir vivre sans émotions ou en évitant certaines serait comme réduire la musique à quelques notes en supprimant celles qui ne nous plaisent pas. Cela rendrait la musique bien pauvre.

Les émotions font partie du processus d’apprentissage et sans émotions nous n’apprendrions pas grand ou nous serions de parfaits robots. Nous ne sommes pas nos émotions, nous les créons selon certaines circonstances. Et la perception de ces circonstances nous est personnelle. 10 individus, face à une même situation, réagiront de différentes manières. Une éducation à l’écoute des émotions est fondamentale pour comprendre leur nature.

La tristesse : une émotion de base

La perte d'un proche, une rupture amoureuse, un licenciement, une maladie, ou encore lorsque nous n'accomplissons pas les objectifs que nous nous étions fixés... Voici certaines des situations qui peuvent provoquer de la tristesse. Il est vrai qu'il ne s'agit pas toujours d'une tristesse instantanée, car, les premiers temps, c'est surtout une colère contre ces forces qui ont occasionné la perte.

Il existe une différence fondamentale entre tristesse et dépression. Cette dernière n'est pas une émotion, mais une maladie qui va bien plus loin qu'un mauvais moment passager : pour être diagnostiquée, elle doit générer un état de tristesse maintenu et très intense, associé à d'autres symptômes. Outre cette différence, qui est centrale, la tristesse est vue de la même façon que la dépression, ce qui fait que de nombreuses personnes souhaitent l'éliminer.

Si, en plus d'être triste pendant un certain temps, vous vivez des troubles du sommeil, une incapacité à ressentir du plaisir en faisant certaines activités qui vous en apportaient avant, un manque de motivation pour mener à bien vos activités quotidiennes, mais aussi un manque de concentration et un sentiment de culpabilité, ne doutez plus : c'est le moment de demander de l'aide professionnelle.

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Pour en revenir à la tristesse, en tant qu'émotion, elle est une opportunité unique pour apprendre à mieux se connaître. C'est même une émotion que certaines études ont relié à une plus grande activation du corps, afin de générer une réponse après une perte. De plus, il s'agit d'une émotion qui, en tant que telle, a besoin de l'aide et du soutien des êtres chers, et non d'un suivi clinique.

Les larmes

Malgré la quantité de larmes que peuvent verser les êtres humains, nous n'avons toujours pas identifié tout le mystère qu'elles renferment. Cela dit, les études montrent que, pour les êtres sociaux que nous sommes, elles ont une fonction de libération et de communication envers les autres, une façon de chercher le réconfort.

Mais derrière les larmes, il existe en général un entrelacs complexe d'émotions, elles sont rarement le sujet d'une unique émotion. Les circonstances dans lesquelles nous pouvons pleurer sont nombreuses : pleurer de tristesse, de joie, d'empathie envers ceux qui nous entourent, de colère, ou encore en regardant un film émouvant. Chaque larme raconte une histoire importante pour nous.

Les contenir ou les voir comme des ennemies ne nous rend pas meilleurs ou plus forts, nous souhaitons juste fermer nos émotions aux autres afin qu'ils ne puissent pas nous juger. Et c'est sur ce point que nous devons nous questionner : cette personne à laquelle vous vous fermez, n'a-t-elle jamais pleuré ? Car si elle ne l'a jamais fait, quelque chose ne va pas.

Pleurer nous calme, fait baisser l'anxiété qui nous submerge, nous aide à mieux respirer, fait que nous sommes fidèles à ce que nous ressentons, que nous nous connectons aux autres et, comme si ce n'était pas suffisant, elles permettent d'éliminer des bactéries et ainsi de protéger notre organisme. Pourquoi est-il alors mal vu de pleurer ?

Sois fort, ne pleure pas

Ceux qui pleurent facilement entendent souvent des personnes les critiquer, censurer ce soulagement. Parce que nous devons être forts avant tout, et que pleurer est pour les faibles, que c'est quelque chose de ridicule ou, pire, un trait infantile. À force d'écouter ces critiques, nous les intériorisons petit à petit. Et ainsi, nous devenons les censeurs de nos propres larmes.

Parfois, on peut comprendre pourquoi on nous dit cela. Peut-être que ce n'est pas dit avec une mauvaise intention, mais ce sont des phrases que nous entendons et apprenons depuis l'enfance et qui s'incorporent ainsi dans notre répertoire. Nous les construisons et les partageons automatiquement, sans y penser.

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Et pourtant, leur effet n'est pas sans danger. L'acceptation et la socialisation de ce message sont un terreau fertile pour les futures générations, qui hériteront des produits de chaque pas que nous faisons. Ainsi, les enfants apprennent tôt à incorporer cette censure proposée par les adultes, comme si le faire était une étape nécessaire vers l'adolescence et l'âge adulte.

Envers eux et envers nous-mêmes, nous avons une responsabilité : celle de mieux comprendre les émotions, peu importe leur valeur. Il s'agit de les accepter et de les laisser respirer afin qu'elles puissent remplir leur rôle réparateur ou de motivation. Il est vrai que, théoriquement, il peut être très pédagogique de séparer notre part émotionnelle de notre part logique mais au niveau fonctionnel, nous ne pouvons pas oublier que les processus s'entremêlent. Le tout est alors très différent de ce que nous pourrions imaginer quand nous faisons la somme de toutes les parts.

Connaissez-vous le dessin animé "Vice-Versa" ? À travers la personnalisation des émotions, il permet de comprendre la nécessité de la tristesse. La tristesse est effectivement le personnage qui sait consoler, celui aussi qui s'approche de la mélancolie. Et c'est surtout celui qui donne toute sa profondeur et sa valeur à la joie.

La tristesse est l'une de nos alliées. Il ne faut pas la voir comme une ennemie et entamer une bataille contre elle, car le seul résultat possible est une souffrance encore plus intense et décourageante. Pour résumé la tristesse fait partie de la palette émotionnelle, elle est indépendante du contexte dans laquelle elle se présente et seulement le fruit de notre propre expérience. 

Photos : Shutterstock

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Commentaires 1
  • Papillonbleu

    Bonjour, J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre article et, je l'ai bien apprécié. Merci. Il est vrai que ce sentiment lorsqu'il vient se logé dans nos émotions, nous ne devons pas le fuir, au contraire, nous devons l'accepter et l'observer car il peux nous apprendre beaucoup sur nous-même. Il nous est très utile d'apprendre à le ressentir, l'accepter, l'observer, le comprendre afin de nous en libérer et retrouver le calme et l'apaisement. Aurélia.

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