Peur de faire une dépression poussant au suicide / peur de la mort
Bonjour,
Je suis une femme de 33 ans.
Je traverse actuellement une phase de très fortes angoisses.
Début avril, j'ai été hospitalisée deux jours, à ma demande, suite à des phobies d'impulsion ayant pour objet le suicide : des pensées se présentaient à mon esprit et portaient sur le fait de prendre des médicaments pour mettre fin à mes jours, de me pendre dans le jardin... Je n'en avais nullement l'intention et ces pensées m'ont fait très peur. J'ai contacté SOS Suicide puis mes parents et j'ai demandé à être amenée aux urgences, ou il m'a été proposé une hospitalisation libre. Je suis restée deux jours puis suis sortie avec un traitement (sertraline + anxiolytiques si besoin). J'anticipais négativement la sortie mais cela s'est bien passé et j'ai même retrouvé un semblant de sérénité, tout en veillant quand même fréquemment aux symptômes qui se rapprocheraient de ceux d'une crise d'angoisse.
Je relie cet épisode à plusieurs éléments : d'abord la fin de la thèse que je suis en train de rédiger et qui m'a fortement isolée car je suis seule à la maison quand mon conjoint travaille. D'autre part parce que nous essayons de faire un enfant depuis 2 ans et que nous n'y parvenons pas. Enfin, une anxiété généralisée qui me fait tout contrôler et tout anticiper négativement. Je pense que tout cela est liée à une peur de la mort, et que le fait de ne pas parvenir à faire d'enfant me renvoie à ma propre mort.
Depuis le début de cette semaine, j'ai commencé à ressentir d'abord un très fort détachement de toutes mes émotions, positives comme négatives. Cela a commencé à m'inquiéter car j'ai assimilé ça à un symptome de dépression et j'ai associé cette dépression à un risque de suicide. Les médecins m'ont bien expliqué qu'il était peu probable que je me fasse du mal "par impulsion", et que le suicide intervenait plutôt lorsque la personne ne voyait plus aucune porte de sortie à ses problèmes. Du coup, je n'ai plus de pensées d'impulsion de suicide mais j'ai des pensées d'impulsion de la dépression qui mènerait au suicide.
Depuis 2 jours je me sens très déprimée, je ne sais pas si ce sont les médicaments qui aggravent mon cas (cela fait un peu plus de deux semaines que je les prends). Je me sens encore plus mal qu'avant mon hospitalisation. Je guette chaque symptôme psychique de la dépression : "tu n'as pas envie de manger, donc tu fais une dépression", "tu n'as pas envie de voir des amis, c'est la dépression" etc. Je sur-interprête tout en permanence et suis en hypervigilance constante.
Pourtant, je suis très bien entourée, ma famille est proche et bienveillante, mon conjoint est adorable, je n'ai pas de problème au travail ni de santé.
J'ai en revanche toujours eu des angoisses assez fortes dans l'enfance, petite j'angoissais à l'idée de dormir car cela correspondait pour moi à un lâcher prise et à la mort. Puis en 2011 quand ma mère a eu un cancer, j'ai fait un épisode dépressif , qui est resté comme une épée de damoclès sur ma tête en ayant très peur de revivre ce moment.
Aujourd'hui, j'ai donc très peur de faire une dépression, de glisser petit à petit vers les ténèbres, de ne plus trouver de raison de vivre et donc de mettre fin à mes jours.
Je pense qu'il s'agit en fait toujours de la même peur : la peur de ma propre mort. Peut être aussi la peur de vivre ma vie ?
Je précise que j'ai mis en place de nombreux gardes fous : rendez vous avec une psychiatre le 2 mai, rendez vous avec une psychologue le 7 mai et j'ai aussi entamé une analyse depuis le mois de janvier, je vois le thérapeute toutes les semaines. Je me dis que je cherche tout un tas de solutions pour ne pas sombrer, je pense que c'est positif (+ le contexte favorable autour de moi) mais j'ai aussi l'impression d'être en panique et de démultiplier toutes les thérapies possibles pour ne surtout pas sombrer, et je pense qu'en faisant cela je donne encore plus de crédit à ma peur.
Je voudrai débrancher ces pensées qui tournent en boucle et surinterprètent tout, tout le temps. Je me dis que je devrai lâcher prise et accepter l'idée de ma mort, mais je ne parviens pas à le faire autrement qu'"en théorie".
Quel regard portez vous sur cette situation ?