Pourquoi et comment devient-on schizophrène ?

Comment devient-on schizophrène ? Que se passe t'il dans la tête du schizophrène ? Cet article traite de ces questions, illustrés par des exemples de ma pratique en tant que psy

22 AOÛT 2019 · Lecture : min.
Pourquoi et comment devient-on schizophrène ?

Qu'est-ce que la schizophrénie ?

Dans un premier temps, voici les principaux symptômes de la schizophrénie:

  • des idées délirantes ;
  • des hallucinations ;
  • un discours désorganisé (passer du coq à l'âne, inventer des mots…) ;
  • des symptomes négatifs (par ex manque d'expression émotionnelle, manque de repère dans le temps et l'espace…) ;
  • un comportement excessivement désorganisé.

L'anecdote :

Pour illustrer l'idée du discours désorganisé, un patient me disait souvent « j'ai le cerveau mouillé » ou bien « j'ai un micro-onde dans l'estomac ».

La schizophrénie est une forme de maladie mentale assez connue. Un schizophrène peut parler seul dans la rue, enchainer des sujets de conversations sans rapport, avoir des idées saugrenues, rire de chose qui étonnantes…Au sens commun c'est un « fou. »

L'anecdote :

Un patient avait dans son téléphone une application qui répertoriait toutes les sirènes de voiture (police, pompier…). Il lui arrivait d'écouter en boucle ces sirènes, parfois il lui arrivait de rire aux éclats en les écoutant.

Cette petite animation permet de mieux s'imaginer dans la peau d'un sujet schizophrène. Elle est réalité avec poésie et est très touchante. 

D'où vient la schizophrénie ?

La schizophrénie a deux facteurs:

  • la fragilité psychique de la personne définit par :
    • son passé
    • son tempérament à la naissance, son caractère naturel
  • Un élément déclencheur :
    • abus de substances
    • un traumatisme, un choc

Il est possible d'avoir une forme de schizophrénie dès l'enfance, dans ce cas, il est encore possible de trouver des solutions. La schizophrénie s'installe réellement à l'adolescence.

Qu'est-ce qu'il se passe dans la tête d'une personne schizophrène ?

Prenons un exemple :

Imaginons une mère avec une certaine fragilité psychique. Elle perd son enfant dans un accident (exemple super joyeux je sais..). Le moment de bascule se joue maintenant: Son psychisme est trop fragile pour accepter ce drame, s'il réalise le drame, il se brise. Pour se défendre le psychisme va faire un déni de l'événement et un rejet (destruction des pensées et affects liés à l'événement dénié), comme s'il n'était jamais rien arriver. Mais la réalité s'est bel et bien passée et elle crée une discordance entre la réalité extérieur et la réalité du sujet.Ce rejet de la réalité crée un problème: dans les faits concrets l'enfant n'est plus là.

Prenez l'exemple d'une toile de peinture qui représente la réalité. Le rejet serait l'action d'en enlever un morceau. Après observation de la toile, la partie manquante est évidente.

C'est la que se crée le mécanisme du délire et des hallucinations. On va venir crée quelque chose pour masquer ce manque sur la toile.

Si l'on continue l'exemple de la mère qui perd son enfant, elle va crée un délire pour continuer de rejeter la mort de son enfant. Elle va halluciner qu'elle voit son fils, crée un délire comme quoi il est venu manger hier chez elle. Le délire va donc venir reconstruire le monde de la personne en remplaçant le monde extérieur par le monde intérieur.

Le schizophrène a énormément de souffrances. Cela peut venir des hallucinations auditives (voix dans sa tête qui lui répètent qu'il est nul), d'un délire paranoïaque (la certitude que quelqu'un veut le tuer), de la difficulté à gérer ses émotions..

Petit aparté :

Nous sommes tous névrosés ou psychotiques. La plupart d'entre nous sommes névrosés. Par névrose j'entends une structure de personnalité qui prend en compte l'autre. Le principe du névrosé est de se soucier de ce que pense l'autre, de faire de son mieux, la jalousie, les peurs..Selon notre structure de personnalité (névrosé ou psychotique) nous avons différentes angoisses. Par ex: une angoisse de névrosé basique, durant les rêves, la sensation de tomber dans le vide ou bien d'essayer de courir vite et d'avancer au ralenti. Ces angoisses sont des angoisses types du névrosé. C'est pour cela que nous avons des rêves en commun.

Après le traumatisme et le déni de la réalité, quelque chose se fracture chez le schizophrène, son psychisme se fend en plusieurs morceaux, tout comme sa perception de la réalité. Il est donc fréquent que les schizophrène aient des angoisses de morcellement: l'angoisse qu'un morceau de son corps se détache.

Cette angoisse est l'illustration de l'absence de sentiment d'unité du schizophrène. Ce morcellement du Moi a d'autres conséquences telles que la discordance dans le langage (inventer des mots), discordance des émotions (on rit alors qu'on est triste, on pleure lorsqu'on est content)…

Une histoire pour illustrer…

Je vais vous raconter l'histoire d'un patient que j'avais rencontré à un stage. Il avait 20 ans, le même âge que moi à l'époque. Je n'avais encore jamais suivi de schizophrène jusqu'ici mais le feeling avec ce patient m'a poussé à faire ce pas en avant. Ce qui m'a frappé en premier, c'est ce sentiment qu'il n'était pas si différent de moi, de nous. C'était presque effrayant. En cours, j'imaginais des personnes schizophrène extravagantes, avec un discours très rarement cohérent.

Mais face à ce jeune homme de mon âge qui me racontait son histoire, je me suis dit « ça aurait pu être moi ». Cette rencontre reste fondamentale dans ma construction en tant que psychologue. Elle m'a appris à ressentir cette maladie, mais aussi à trouver comment faire avancer la personne.

Le principal symptôme de ce patient était les voix qu'il entendait dans sa tête. Elles lui disaient de tuer son père. C'était des voix autoritaires, agressives contre son père. Le patient lui n'était pas d'accord avec ses voix.

  • Pourquoi ?

Puisqu'il a dénié une partie de la réalité et rejeté vers l'extérieur les affects et pensées liées à cet événement, des hallucinations sont apparues (pour combler le vide sur le tableau de peinture, si l'on reprend la métaphore). Malheureusement, lorsqu'il y a rejet, il y a retour du rejeté. Ce rejet revient sous une autre forme, ici sous la forme de voix. Plutôt que d'intégrer en lui même la haine contre son père, il l'exprime sous forme de voix. Une fois de plus, on peut observer le morcellement du Moi du schizophrène: une cassure entre le monde extérieur rejeté et la reconstruction de ce monde par le sujet.

  • La cause :

En avançant dans la thérapie, nous avons découvert (le patient et moi) qu'il avait une haine contre son père. Plus jeune, il avait vécu des attouchements par son oncle. Il l'avait dit à son père qui ne l'avait pas défendu. Ici, tout s'explique. Le sujet a dénié cet événement de sa vie trop insurmontable et a rejeté la profonde haine qu'il avait contre son père à ce moment la.

Il est fortement possible que plusieurs événements soient déclencheurs de sa schizophrénie. Ici, je ne parle que d'une partie de l'explication, celle que j'ai partagé avec lui.

  • La rechute :

Après avoir découvert la source de la schizophrénie de ce patient, je n'en revenais pas. Durant cette séance, le patient avait retrouvé son unité, lui aussi semblait étonné de cette prise de conscience. Je me suis alors demandé: est il soigné ? Puisqu'il a intégré son traumatisme et à nouveau intégré la réalité, alors il est soigné ?

Lors de notre rendez-vous suivant (4 jours plus tard), le patient avait tout oublié. Ses voix étaient toujours présentes. Je me suis alors sentie désespérée et triste, tout ça n'avait servi à rien. Heureusement, ma maitre de stage m'a dit une phrase que je n'oublierai pas : « les pas que vous avez fait compte, car on ne revient jamais exactement au même endroit ».

Même lorsqu'on a le sentiment d'avoir reculé, on ne revient jamais exactement au même point. Cette prise de conscience est quelque part en lui, ce déclic a eu un petit effet. Peut être favorisera t'il les suivants ?

Illustrations, crédit photo : Camille Bertoncini

Pourquoi et comment devient-on schizophrène ?

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Écrit par

Barbara Rémy

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Commentaires 18
  • Karen

    Merci. Cela m'aide à comprendre mon fils.

  • CG

    Bon, d'accord. Tout l'article est illisible. J'imagine qu'il faut être indulgent avec la dysorthographie de l'auteur.

  • CG

    Ok, je suis schizo. Mais je peux vous affirmer que le syntagme "rire de choses qui étonnantes" n'est pas grammatical.

  • Docteur Bobo

    La psyché humaine est si simple vue par un psychologue: des platitudes à l'orthographe souvent erronée. On comprend que le remboursement en soit limité.

  • Louis Tremblay

    Est-ce qu'il arrive de répondre aux demandes de ses ''voix''.

  • marie

    Merci pour ce partage, très éclairant.

  • yamine

    Depuis une myriade d'année, j'essaie de vivre dans la rue ce que ne l'arrive pas ou que je désirais accomplir dans ma vie réelle. En effet, je rêvais être une star telle que rihanna et jaden stimth et bien d'autre. Dans ma pensé, je m'appropriais tous leur singer, j'organisais des concerts et j'effectuais des tournées dans le monde. Aujourd'hui j'aspire être depuis un certains temps un roi de beauté international (mister global) actuellement je vis comme si j'avais le sacre déjà, au préalable j'ai même passé des nuits dans la ville en train de marcher croyant que je suis a l'autre point du monde en train de compétir avec d'autres misters du monde. j'ai même pensée mon costume national, mon smoking... souffre je de la schizophrénie?

  • loupdessteppes

    Je suis schizzo affectif depuis une dizaine d'année. Je veux en premier lieu rassurer ceux qui sont en début de parcours ou leur famille. Au début on a l'impression de tout perdre Et dans la pratique c'est assez dur . Souvent diagnostiqué a un age ou on est jeune adule on peut perdre la valeur d'un diplôme. (chez moi c'est un master en humanité qui ne me sert a rien car jamais fini) On perd des amis qui alors qu'ils t aimaient bien s'éloigne effrayé par le diagnostique et parfois un peu par les changement dans l atitude de la personne qui subit le choc. C'est encore une maladie qui fait très peur parce que perçu très différemment de ce qu'elle est. Les familles ont parfois aussi besoin de beaucoup de temps pour accepter cette réalité. On est plus fragile plus precaire. Cela dit, on est pas devenu idiot pour autant. Moi en plus de mon master 1 j'ai un bts un an un titre pro et j'ai voyagé un an en europe de l'est sous traitement . Alors qu'au début j'etais une boule de colère et de frustration (j'avais du mal avec le diag) Cela dit j ai peu a peu refait un cercle d'ami qui parfois connaissent plus ou moins mon trouble (evitez de le nommer decrivez le si vous souhaitez en parler. moi je dis que j'ai des gros troubles du sommeil) . PRENEZ LES MEDOCS c'est primordiale vous vous remercirez vous meme . rythmez votre journée par des activités qui vous plaisent et renforce votre ego quand vous ne travaillez pas. Essayez de ne pas vous sur presurisez quand vous travaillez. Moi j'ai mis en place un systeme d'aah. Ainsi quand je travaille je n'ai pas l'inquietude de perdre tout moyen financier quand ce travail devient trop penible . (j'ai pas mal travaillé en call center) En d'autre termes il y a beaucoup de chose a vivre meme malade . on peut voyager avoir des amis travailler par periodes faire des etudes. Et SURTOUT ne soyez pas trop dur avec vous meme. Vous n'y etes pour rien si ça vous est tombé dessus. C'est un melange de traumatisme et de genetique. En esperant que ce temoignage vous ai redonné un peu la foi.

  • Charlie

    Bonjour Ma sœur à vécut des choses terribles dans son enfance le rejet de ma mère elle attendait d’elle que de l’amour qu’elle ne lui à jamais donné et puis ma mère décède ma sœur commence à entendre des voix là où ont décèle chez elle la schizophrène il a t’il un rapport à la disposition de ma mère ?

  • Franki

    il y'a 10 ou 15 ans je pouvais dire que je "souffrais" d'un trouble bipolaire, borderline ou bien d'autisme, j'était capable de parler de morcellement... Aujourd'hui, 35 ans, ont me parle de schizophrénie affective, la seule fois ou j'ai entendue des voix, j'avais consommé.... Je me suis mis des gens a dos sur internet a cause de "délire" pensées envahissantes et obsessionnels, diminution voir arret de certains medoc, en accord avec mon medecin. Les persecutions bien réelle(coups de klaxon, piratage....) se sont ajoutés au délire, tout sa est fait subtilement, pas de réelle preuves et je ne peux me plaindre( menace, chantage, sans jamais cité mon nom) je ne suis pas irréprochable de plus je pense l'avoir cherché, j'ai foutu la m..... et affiché des gens sur les réseaux et pas les moins malsain. Je ne suis pas pris au serieux, en tout cas pas par tout les psy, par chance certains m'écoutent et me renvois pas a mes délires en me voyant avec des oeilleres comme un psychotique. Merci de m'avoir lu.


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