Comprendre les émotions des enfants

Si les soins physiologiques : faim, hygiène, confort, sont faciles à évaluer, les besoins affectifs des enfants sont parfois plus difficiles à discerner.

22 JUIN 2015 · Lecture : min.
Comprendre les émotions des enfants

Pourquoi pleure-t-il autant ? Pourquoi crie-il ainsi ? Pourquoi tape-t-il des pieds ? De quoi ont-t-ils besoin pour apprendre à devenir des adultes sereins et matures ?

L'enfant est une personne à part entière avec ses propres pensées, ses fantasmes et ses émotions. Sa sensibilité est à fleur de peau, tout est vécu de façon intense.

On l'explique par l'immaturité de son cerveau qui ne lui permet pas d'élaborer les processus de pensées qui vont lui permettre de maîtriser et de comprendre ses émois. Il réagit aux stimuli des émotions aux travers des sensations qu'il éprouve par rapport au monde extérieur et ce vécu devient sa propre réalité. Au travers de cela, il associe , identifie , ressent ce qui l'entoure et bâtit son «être au monde» .

Pour faciliter son adaptation au monde qu'il découvre, il faut rendre ce monde accueillant, et donner à l'enfant les outils psychiques pour s'y adapter.

Comprendre ce que vit l'enfant pour l'aider à comprendre ce qu'il ressent

Au début de sa vie, le nouveau-né est contenu dans l'utérus, rattaché à sa mère par le cordon ombilical puis à la naissance, avec le peau à peau, ce sont les bras de la mère qui vont contenir l'enfant et le garder relié à elle. L'adaptation de l'enfant au monde extérieur commence et il accepte la découverte et l'éloignement de sa mère mais juste à distance des yeux , le regard devient alors le cordon ombilical qui le relie à sa mère. En grandissant, il acceptera la perte du regard et c'est le doudou qui servira de cordon, de lien et comblera le vide entre sa mère et lui. Ce lien parents enfants continue, car le parent est le premier modèle pour l'enfant, et c'est la pensée du monde vu par ses parents qui va lui donner la première perception de la réalité. Il va découvrir le monde que ses parents vont lui présenter. Les premières images de la réalité qui l'entoure et la façon de s'y confronter vont être abordées avec l'interprétation du monde que ses parents lui auront donnée. L'enfant va alors observer et reproduire leurs attitudes et réactions, il va adopter leur façon d'appréhender les problèmes et les difficultés et également la manière d'y réagir. C'est ainsi que les angoisses maternelles et/ou paternelles vont devenir celles de l'enfant car ce que les parents n'auront pas su surmonter eux-même, l'enfant n'aura pas eu la solution pour les affronter, les messages inconscients se lisent aussi bien que les paroles sont entendues, si l'enfant sent sa mère ou son père angoissé, il le sera aussi mais sans comprendre pourquoi, il associera l'angoisse à la situation vécue.

f.jpg

Le sécurisé pour l'aider à grandir

Pour permettre à l'enfant de se structurer dans un sentiment de confiance, il faut l'aider à comprendre ce qui se passe dans son corps. Pour exprimer ce qu'il ressent, l'enfant utilise son langage, c'est-à-dire les pleurs, la colère, la joie, le silence, et parfois la somatisation avec les maladies à répétition. Son corps parle parce que les mots lui manquent. Son comportement devient alors l'indicateur des tensions et les sensations agréables vont le rassurer, les pressions vont l'angoisser. Pour l'aider à les surmonter, il faut expliquer, verbaliser ses émotions à sa place car l'enfant n'a pas le vocabulaire pour le faire. Il comprendra que la peur, le sentiment de frustration, la colère sont des réactions désagréables mais non dangereuses pour lui. Pour les assimiler, il va devoir les décharger. Pour se libérer des pressions internes, l'enfant a besoin d'un endroit, d'un lieu où il se sent en sécurité et protégé, c'est à dire la maison, les bras de ses parents, son parc ou sa chambre. C'est pour cela qu'il est gentil à l'école, chez la nounou et infernal à la maison. Il a retenu ses émotions et a besoin de décharger ses tensions dans un lieu qui le sécurise avec des parents qui l'aiment malgré ses colères et ses pleurs -ce dont il n'est pas sûr pour la maîtresse ou la nounou- sans courir le risque d'être grondé.

Pour l'aider à comprendre ce qu'il vit, expliquez-le lui

Lorsqu'il pleure, demandez-lui ce qui le rend triste ou en colère, il a une raison de l'être et aura la réponse alors qu'il ne saura pas répondre au : « POURQUOI tu pleures ? ». Aidez-le à nommer ses sentiments. Lorsqu'il est content dites-le lui « Là, tu es content. ». Lorsqu'il est triste nommez ce qu'il vit, qu'il apprenne ainsi à distinguer ce qui fait du bien et ce qui est difficile à vivre. S'il est en colère, expliquez-lui pourquoi il ressent cette émotion. La frustration est une épreuve difficile pour l'enfant et il ne doit pas avoir peur d'être submergé par la colère, apprenez-lui à la maîtriser. A ce moment là, c'est l'éducation qui devient le contenant de l'enfant. L'autonomie s'élabore sur un sentiment de sécurité, ainsi la frustration, le besoin, la séparation seront mieux vécus par l'enfant car il aura compris ce qui se passe pour lui et n'aura plus de raison de redouter les expériences.

Mettez des mots sur ce qu'il ressent, il saura ainsi verbaliser plus tard ses émotions, elles ne seront pas mises de coté par peur d'être vécues mais elles seront acceptées, comprises et conscientisées. L' adulte en devenir sera en paix avec le monde et l'extérieur car il ne se sentira plus seul, abandonné devant l'angoisse ou l'anxiété.

C'est dans la première séparation que l'enfant ressent l'angoisse d'abandon,.

C'est une angoisse primaire, connue de tous les adultes et qui débute avec le traumatisme de la naissance.

cour.jpg

Préparez le à la séparation

Il est temps avec l'adaptation chez la nounou ou à l'école de se préparer à se séparer pour un temps plus long. Il n'est pas facile pour une maman de laisser son enfant avec le cœur léger, sans l'impression de l'abandonner, peur primaire qui remonte avec la culpabilité.

Jouer à cache cache est une bonne préparation à l'éloignement, présentez-lui le lieu où il va être en votre absence, expliquez-lui pourquoi vous allez être séparés. Ne le déposez pas à la crèche ou chez la nounou avec le sentiment de l'abandonner car c'est justement ce qu'il ressentira – que vous l'abandonner – . Ne dissimulez rien, si vous êtes heureuse de retrouver les collègues de travail dites-le lui, afin que la séparation ne soit pas angoissante pour lui, s'il voit sa maman contente de partir.

l' absence sera plus facile à vivre car si maman vit bien la séparation, cela signifie à l'enfant que ce n'est pas dramatique pour lui. Il pourra s'autoriser à jouer avec les autres enfants parce que maman est contente, au lieu de rester tout seul dans un coin à attendre que maman revienne sans pouvoir se détacher de cette peur d'être loin d'elle, simplement parce que maman est partie triste et que l'enfant ne peut pas s'autoriser à être bien si sa maman est triste. S'il vous sent triste il le sera aussi.

Si des raisons familiales ou autres nécessitent une plus longue séparation, préparez la avec lui. Mettez au point des jeux ou de la musique qu'il pourra écouter quand il se sentira triste. Laissez-lui un vêtement à vous qu'il pourra serrer lorsque le manque sera trop fort. Montrez lui la date du retour sur le calendrier, apprenez-lui à barrer les jours jusqu'au retour et gardez le lien par téléphone. Même si de vous entendre le fait pleurer, appelez-le, écoutez-le, il aura moins de tensions à supporter pour le reste du séjour. Ne le laissez pas sans nouvelles pendant longtemps, car c'est le laisser avec peu de moyens pour gérer seul des tensions qui s'accumulent.

A votre retour vous avez l'impression qu'il boude ? Laissez-lui le temps de se retrouver pour vous embrasser, il a besoin de temps pour comprendre la sensation qui l'envahit, l'émotion des retrouvailles est aussi intense que celle de la séparation . Laissez-le venir à vous à son rythme. S'il veut chercher son doudou avant de venir vous dire bonjour, laissez-le faire, il a besoin de se préparer pour vivre pleinement la rencontre.

Il est important pour l'enfant d'entendre ses parents exprimer sans détour leurs sentiments. Il voit ainsi que si ses parents peuvent parler sans peur de leurs émotions, c'est qu'ils peuvent alors tout entendre et il se sentira libre de pouvoir exprimer les siens, sans redouter la crainte de décevoir et courir le risque de perdre l'amour de ses parents.

enf.jpg

La parole libère car elle donne sens aux émotions

« c'est parce que je suis malheureux que je n'ai pas envie de jouer» le mal être à un sens, une raison une fois exprimée, il a une solution, s'en libérer.

Mettre en mots les sensations, les ressentis aide à se structurer, à élaborer des processus de pensées qui libèrent des tensions en leur donnant une explication et en permettant de trouver une solution.

L'amour et l'éducation permettent d'être libre, la liberté c'est être soi-même dans un corps qui vit, avec une raison qui n'est pas prisonnière des émotions refoulées.

Sentir ses émotions c'est se sentir vivre.

Nancy Montels - Psychanalyste

Photos : Pixabay

PUBLICITÉ

Écrit par

Nancy Montels

Consultez nos meilleurs spécialistes en psychothérapie
Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

derniers articles sur psychothérapie

PUBLICITÉ