Est-ce que je souffre de solitude émotionnelle ou de dépendance émotionnelle ? Clés pour le reconnaître
Nous avons tous besoin d’être aimés mais parfois ce besoin devient effectivement trop fort et des difficultés relationnelles s’installent avec un conjoint, des amis mais aussi parfois dans le travail.
« Je ne souffrirai plus par amour » écrit L. Extebarria en réponse à ce besoin ressenti d'être approuvé par les autres dans une relation, à cette urgence avec laquelle l'on réclame la présence d'un partenaire, à son idéalisation allant jusqu'à la soumission parfois, à la recherche de relations sentimentales compliquées faites de peurs et de défis…
Nous avons tous besoin d'être aimés mais parfois ce besoin devient effectivement trop fort et des difficultés relationnelles s'installent. Je reçois des consultants qui fragilisés par des évènements dans leur vie entrent dans une dépendance affective avec leur conjoint, leurs amis mais aussi parfois dans leur travail.
Amour, dépendance ou solitude affective ?
Dans cette dépendance affective, il y a une angoisse affective et une dépendance à l'autre.
- Cette angoisse affective peut être héritée du passé infantile. Le lien affectif est primaire car il s'avère nécessaire à la survie de l'espèce (Winnicott) : Le petit enfant va le chercher auprès du parent qui répondra idéalement à ses besoins de telle sorte qu'il se sente réconforté et autonome.
Est-ce qu'une enfance parfaite existe ? il y a des ratés … Une mère trop bonne (ou un parent donneur de soins physiques et affectifs au bébé) pourra interférer avec la possibilité de séparation et de développement autonome de son enfant, tandis qu'une mère trop distante, pourra provoquer inconsciemment de l'anxiété chez lui, et une illusion d'indépendance. Ainsi un attachement insécurisé comme un manque d'affection nécessaire dès le plus jeune âge risque d'entrainer chez l'enfant un détachement émotionnel qui aboutira à l'incapacité de former des liens adéquats et l'inadaptation à la vie en société, et en tisser des relations saines une fois adulte (Bolwby). L'enfant y aura été confronté à une peur fondamentale, sa peur de l'absence de la personne qu'il aime, il aura par la suite une faible confiance dans sa disponibilité. Cette trace si elle est renforcée jusqu'à l'adolescence laissera des carences affectives. Cela d'autant plus dans des cas de violence physique, d'abus sexuels et ou de négligence affective : L'enfant victime aura tendance à se considérer comme défectueux, et se sentira responsable d'avoir attiré la colère de son abuseur ou de l'abandon de ses parents.
- La dépendance à l'autre peut aussi se construire progressivement lors de maladies graves, d'agressions, et autres apprentissages de vie empreints d'une vision bancale de sa valeur et de ses capacités personnelles Cela va contribuer à développer une faible estime de soi. Les dépendants affectifs chercheront alors leur valeur dans les autres et espèreront que quelqu'un d'autre viendra combler leurs besoins affectifs et leurs besoins de sécurité.
J'ai pu aussi accompagner des consultants qui avait grandi dans un environnement les conduisant à se déconnecter de leurs besoins physiologiques et/ou à minimiser l'importance de leurs émotions. La meilleure défense de leur enfance pour s'adapter à leur environnement s'était figée en à une mise à distance de leur entourage. « Je ne sens jamais à prêt à m'engager dans la relation, … multiplie les partenaires, souvent indisponibles (par exemple mariés, ou à distance) … me rassure en insistant sur l'importance de mon indépendance … ». Ils finissent par souvent rompre facilement, se concentrant sur les défauts de leur partenaire sans l'avoir vraiment rencontré.
Comme tout être humain, l'adulte a un profond besoin de contact relationnel, mais son expérience est parfois que trop de proximité entraîne inéluctablement le risque d'être rejeté et il craint que cela ne se reproduise. Il ne s'agit pas de stigmatiser les parents des consultants qui ne pas sont systématiquement déficients bien sûr (ils font le plus souvent ce qu'ils peuvent) sans parler des abuseurs ; Les évènements de la vie expliquent aussi nos difficultés relationnelles et par ailleurs des facteurs culturels et sociétaux peuvent contribuer à tantôt mettre en valeur collectivement l'amour passion (en dépendance), la consommation sexuelle par exemple… pas toujours bien vécues individuellement sur la durée.
Il est possible de se libérer de ces souffrances affectives, nos styles d'attachement étant plastiques, notamment en prenant appui dans une alliance thérapeutique auprès d'un professionnel sécurisant pour petit à petit :
Explorer à nouveau avec confiance le monde : « je peux demander de l'aide tout en développant mes propres ressources pour traverser des difficultés » ; Oser être soi-même dans la relation, s'accepter davantage et se donner les moyens de s'épanouir.
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