La bientraitance en milieu gérontologique

Cet article synthétise une réflexion autour de la notion de bientraitance en milieu gérontologique, tout en questionnant la tendance à la dichotomie de la prise en charge de nos ainés.

26 JUIL. 2022 · Lecture : min.
La bientraitance en milieu gérontologique

L'HAS (la Haute Autorité de Santé) définit la bientraitance comme « une démarche collective pour identifier l'accompagnement le meilleur possible pour l'usager, dans le respect de ses choix et dans l'adaptation la plus juste à ses besoins. » (1) . De manière générale, la bientraitance correspond à une prise en charge réfléchie et co-écrite avec l'usager, valorisant la qualité du soin dans le respect de la dignité, des choix et des désirs de la personne. Le travail est fait autour de l'usager, afin de se rapprocher des habitudes de vie, des besoins et des souhaits propres à chacun.

Dans le champ gérontologique, la bientraitance ne concerne pas uniquement les soignants et professionnels de santé. Elle est le lot de tous: associations d'usagers, personnes prises en charge (atteintes ou non de troubles cognitifs) ainsi que les proches. L'ensemble des acteurs du parcours de soin doit réfléchir avec le soigné et le mettre au centre des décisions.

En EHPAD, la bientraitance peut être vue au travers du respect du rythme de vie et des habitudes propres à chacun. Pour donner un exemple concret: dans le cadre de mon travail, une résidente évoque une habitude de vie qui lui est chère et qui lui manque au sein de l'EHPAD. Cette dame présente sur le plan psycho-pathologique, une augmentation des troubles du comportement en fin de journée. Cherchant à comprendre la montée d'anxiété quotidienne, nous échangeons ensemble autour de ses habitudes de vie. Elle m'explique qu'elle avait un rituel en sortant du travail: boire une simple bière.

Apres avoir fait le point avec cette dame, nous convenons de la mise en place d'un acte que l'on peut qualifier de bientraitant: nous avons contacté la famille de cette dame afin qu'elle nous fournisse des bouteilles de bière. Nous avons mis à disposition avec l'équipe d'ASH, la possibilité qu'à 18h, elle ait à disposition sa boisson.

La résidente est ravie de pouvoir boire sa bière et ses montées d'anxiété et d'agitation récurrentes avant le repas ont disparu. Cet exemple montre l'importance de connaître l'anamnèse (histoire de vie), les plaisirs et les clés des sens des résidents. Cela permet de nous guider dans la prise en charge.

Les gestes de bientraitance se retrouvent également lorsqu'un proche s'occupe d'une personne atteinte de Maladie d'Alzheimer ou apparentées. Prenons l'exemple d'un résident qui se dit fatigué ce jour, et qui refuse de sortir du lit. Le proche peut penser que forcer la personne à se lever est un acte bientraitant, réfléchissant avec sa propre vision et l'idée globale que rester actif est meilleur pour la santé. Pour autant, il ne respecte pas son rythme de vie ni même son désir de repos.

Toute la difficulté de la prise en charge réside dans cette balance entre les notions de bientraitance, et la nécessité de pousser la personne à continuer à « être ». L'équilibre est fragile : d'un côté, respecter les décisions de l'aîné et de l'autre, maintenir les capacités d'autonomie en ne le laissant pas se dégrader.

Il est essentiel dans la prise en charge de faire ce pas de côté, afin de comparer ces deux aspects. D'un point de vue éthique, il faudrait laisser la personne se dégrader, tout en l'accompagnant dans ses décisions et dans sa dignité. En effet, l'éthique peut être définie comme « le domaine des actions liées à la vie, indépendamment de l'idée de conformisme ou de ''moralisation'' » (2). Il est nécessaire de sortir de cette dichotomie du « bien et du mal » afin de respecter l'intégrité de sujet.

Bien évidemment, des éléments entrent en jeu comme la culpabilité, les aspects juridiques, et l'amour que l'on peut avoir pour son proche.

Il est bien difficile de faire ce deuil lorsqu'on est un proche, et que l'on voit une personne qui nous est chère se dégrader et refuser toute aide extérieure. C'est pourquoi, la bientraitance et l'éthique sont fortement liées et se différencient de la morale.

(1) Haute Autorité de Santé. La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre. Saint-Denis La Plaine: HAS

(2) SIKSOU Maryse, « Morale, éthique et psychologie », dans : Odile Bourguignon éd., Éthique et pratique psychologique. Wavre, Mardaga, « PSY-Théories, débats, synthèses », 2007, p. 11-26.

La bientraitance en milieu gérontologique

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Écrit par

Soussi Clara

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