La psychologie analytique expliquée

La psychologie analytique est une théorie élaborée par le psychiatre Carl Gustav Jung, dès 1913 et définit les clés de voûte de la psychologie humaine.

22 JUIN 2015 · Lecture : min.
La psychologie analytique expliquée

La psychologie analytique se fonde sur la psychanalyse, bien qu'elle est une théorie élaborée par le psychiatre Carl Gustav Jung, dès 1913, présente succinctement au XVIIe Congrès international de médecine organisé à Londres, en août, sa nouvelle approche qu'il nomme la « psychologie analytique », la distinguant de la psychanalyse de Freud et de la psychologie des profondeurs d'Eugène Bleuler.

Elle est avant tout une démarche propre à Jung, qui se propose de faire l'investigation de l'inconscient et, par là, de donner du sens à ce qu'il nomme l'âme, c'est-à-dire à la « psyché » constituant la sphère psychique. Jung a ainsi constitué sa théorie en développant des concepts clés du monde de la psychologie et de la psychanalyse, tel celui d'« inconscient collectif », d'« archétype » ou de « synchronicité ». Sigmund Freud propose un modèle théorique du psychisme impliquant l'inconscient dans sa première topique. Elle regroupe : l'inconscient, le préconscient et le conscient. Elle apparait très tôt dès la transformation des rêves en images mentales. L'inconscient et le conscient ne suffisent pas à expliquer les phénomènes psychiques. Freud met donc en place un modèle théorique d'investigation pour comprendre les phénomènes psychiques. Jung s'en écarte progressivement du fait de ses propres découvertes et des conclusions qu'il en tire.

La notion d'archétype : un complexe psychique autonome siégeant dans l'inconscient des civilisations, à la base de toute représentation de l'homme sur son univers, tant intérieur qu'extérieur : ils sont « les fondements de la part collective d'une conception ». Il se démarque par une intense charge émotionnelle et instinctuelle dont la rencontre teinte la vie de l'homme qui y est confronté de manière existentielle comme mode d'expression de l'inconscient collectif. Etant donné que les archétypes pénètrent le conscient, ils influencent l'expérience perceptive des gens normaux et névrosés ; un archétype trop puissant peut prendre complètement possession d'un individu et provoquer une psychose. Le processus thérapeutique prend en compte, de deux manières, les archétypes inconscients : ils sont rendus le plus possible conscients puis, reconnus et acceptés, ils sont associés au conscient. L'homme moderne ayant une capacité particulièrement développée de dissociation, on observe que la simple reconnaissance pouvait ne pas être suivie de la mise en acte appropriée ; donc que le jugement moral et le conseil sont souvent nécessaires en cours de traitement. Ce qui constitue notamment, la première divergence d'avec le freudisme. En effet, il existe pour Jung, outre l'inconscient purement personnel supposé par Freud, un niveau inconscient plus profond de nature impersonnelle et universelle, l'inconscient collectif.

Expériences personnelles et événements marquants

En étudiant au cours de sa vie des centaines d'individus, et en interprétant des milliers de rêves, Jung en est venu à modifier sa conception du monde. À travers des expériences personnelles et celles de ses patients, à travers ses rencontres aussi, il a accordé du sens à certains événements particulièrement frappants. Les travaux de Jung sur le sens que l'homme tente de donner à son existence et les milliers d'observations recueillies au cours de sa pratique d'analyste l'amenèrent à envisager les interactions entre le monde intérieur et le monde extérieur d'une façon tout à fait nouvelle et inconcevable à nos yeux d'Occidentaux régis par le rationalisme. Il s'interroge en effet sur les « coïncidences signifiantes », ces séries de hasards qui paraissent relever du domaine de la probabilité, et dont pourtant l'accumulation ou l'improbabilité apparente donne un sens à l'individu qui les vit. « Il s'agit en effet de « coïncidences » dont l'apparition présente un tel caractère de « sens » que dans leur cas, l'improbabilité d'un hasard ne pourrait s'exprimer que par un nombre d'une grandeur immense ».

Ce concept a été élaboré conjointement avec le physicien Wolfgang Pauli, prix Nobel en 1945, au travers d'une correspondance nourrie des apports des deux spécialistes et définie par Jung comme principe d'acausalité, principe reliant deux événements par le sens et non par la causalité. « La synchronicité signifie d'abord la coïncidence temporelle d'un état psychique donné et d'un ou de plusieurs événements extérieurs qui offrent un parallélisme de sens avec cet état subjectif du moment. ». L'autre point important est que, pour Jung, ces phénomènes semblent reposer sur des fondements archétypiques qui frappent la conscience au même titre que leur apparition dans les rêves. Pour Jung, qui s'intéresse au vécu de l'individu, et non à la réalité objective de l'événement, cette concordance est créatrice de sens.

Cette théorie accorde une importance de premier ordre à la réalité psychique (ou subjective) de l'être humain. Il est rejoint en ce sens par Naccache sur ces notions de fictions personnelles et d'économie psychique. Aussi, L'approche de Jung diffère de celle de Freud et pour la psychologie analytique se distingue par sa prise en compte des mythes et traditions, révélateurs de la psyché, de toutes les époques et de tous les continents, par le rêve comme élément central de communication avec l'inconscient et par l'existence d'archétypes et d'instances psychiques autonomes comme l'« Anima »/ pour l'homme ou l'« Animus » pour la femme, la « Persona » ou l'« Ombre », commune aux deux sexes. L'inconscient Concept psychanalytique par excellence, l'inconscient est néanmoins chez Jung bien plus qu'un réservoir de souvenirs et de pulsions refoulées : il a une dimension vitale (il a une fonction dans le développement de l'individu) et une dynamique.

Deux types de processus

En outre, la psychologie analytique distingue deux types de processus psychiques : ceux venant de l'individu, dit « personnels », appartenant à la psyché subjective, et ceux collectifs, liés à la structure même de la psyché objective, appelée « transpersonnels » . Ces processus sont tous archétypiques. Certains sont particulièrement liés à la conscience comme l'anima, la persona ou l'ombre, d'autres sont davantage collectifs. Jung les appelle notamment des « personnages » car ils sont toujours personnifiés et ils représentent un aspect de la psyché. De plus, les types psychologiques sont la contribution majeure de la psychologie analytique aux sciences humaines.

Débordant le cadre expérimental pour développer une théorie de la personnalité, Jung met en évidence, dans son ouvrage fondateur : Les Types psychologiques, dès 1911, trois grandes paires de caractéristiques de la psyché humaine, caractéristiques qu'il fonde à la fois sur sa pratique de la psychanalyse, mais aussi sur une étude de la différenciation psychologique au cours des différentes époques pré et post-chrétiennes. Constatant l'utilisation abusive de sa typologie, qui tranche définitivement avec la caractérologie traditionnelle (il s'agit de mécanismes, non de caractères), il développe dans l'ouvrage L'Homme et ses symboles une mise en garde : si l'homme de science peut schématiser ainsi la personnalité, il n'en demeure pas moins que le mélange ne peut être réductible à une image aussi simplificatrice.

Quatre fonctions

Dans cette typologie, Jung distingue quatre fonctions dont deux sont dites «rationnelles » car elles émettent un jugement soit de l'ordre de la logique (fonction Pensée), soit de l'ordre de l'affectif (fonction Sentiment). Les deux suivantes sont dites « irrationnelles » car elles se fondent sur une perception soit de l'ordre global des choses perçues sans en voir le cheminement (fonction Intuition) soit de l'ordre de la perception corporelle immédiate (fonction Sensation). Chaque individu possède les quatre fonctions à des degrés d'évolution différents, en raison de l'influence de l'éducation et de la socialisation. La fonction principale sera la plus consciente, à la disposition de la volonté, mais toutes sont des fonctions d'adaptation au réel.

La psychothérapie issue de la psychologie analytique repose sur les postulats décrits par Jung, considérés comme des concepts opérants et mis en cohérence par le « travail intérieur », l'individuation. « Chaque vie est un déroulement psychique » indique Jung et il précise que « La tâche la plus noble de l'individu est de devenir conscient de lui-même ». La thérapie jungienne se concentre donc surtout sur l'individuation, non sur la cure des symptômes immédiats comme la névrose et se veut une thérapie synthétique-herméneutique. Pour Jung la thérapeutique s'enracine dans le vécu et le quotidien du patient : « La psychanalyse et vie ne sont pas séparée. Quand une analyse authentique s'est déroulée, l'individu devient apte à entretenir avec son inconscient, tout au long de sa vie, une relation, un dialogue dans lequel le moi laisse advenir ce qui émerge de l'inconscient, le considère attentivement, s'y confronte et l'évalue. Ce n'est qu'à l'issue de ce processus qu'une position de sujet peut apparaître ».

En guise de conclusion, bien difficile à poser, les principes explicatifs ne sont que des points de vue qui dépendent moins du comportement objectif des choses que de l'attitude psychologique du chercheur et du penseur et Jung soulignait lui-même qu'il n'apportait rien de "définitif".

Pierre DASSIGNY

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Écrit par

Pierre Dassigny

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