5 erreurs à éviter quand on débute dans la relation d'aide

Quels pièges et erreurs attendent le praticien en herbe de la relation d'aide et de la psychothérapie ? Comment les éviter ?

30 JANV. 2020 · Lecture : min.
5 erreurs à éviter quand on débute dans la relation d'aide

La volonté de « bienfaire » et d'aider son prochain, la peur de perdre un(e) client(e) si on ne satisfait pas tout de suite à sa demande, prendre une posture savante pour asséner des vérités absolues… en oubliant de faire soi-même un travail sur soi, sont autant d'écueils qui guettent le thérapeute en herbe.

1) LA POSITION DE « SAUVETEUR » (Cf. Analyse Transactionnelle). Bien souvent le débutant en relation d'aide croit qu'il peut veut, par enthousiasme, changer l'autre « à tout prix ». Il va chercher à obtenir un résultat « mesurable » à chaque consultation. Très souvent, cela revient à planifier un protocole pour chaque séance et à s'y tenir quoi qu'il se passe, dans le but de produire tel ou tel « effet » positif sur le consultant, et en décidant à « priori » de la progression qu'il devrait suivre. L'inconvénient de ce positionnement est qu'il empêche l'accueil de la réalité subjective du consultant. Le thérapeute, ou l'aidant, risque de se mettre alors en posture de Sujet sachant, détenteur de la vérité absolue, qui sait mieux que son consultant ce qui est bon pour lui et à quel moment. Ce faisant il le prive de son autonomie et de sa liberté d'être qui il est à l'instant T, dans SA vérité (puisque cela présuppose qu'il devrait être autrement). Par conséquent, il émet de façon implicite un jugement de valeur négatif sur la situation, le comportement ou pire, l'Être même de son consultant !

Cela ne veut pas dire que la thérapie doit se faire « à l'aveugle » et sans une intention thérapeutique précise, mais que le chemin pour y arriver s'ajuste constamment à la réalité du consultant. A défaut de quoi les deux protagonistes deviennent mutuellement bon objet de l'autre dans la relation, l'un par renoncement et en donnant les pleins pouvoirs au thérapeute pour le « sauver », et l'autre par abus de pouvoir, en acceptant ce rôle.

Etre un aidant bienveillant c'est donc souvent refuser de porter le fardeau de l'autre pour l'aider à mieux le porter lui-même, ou l'inviter quand c'est possible à le déposer, au moyen d'une (ré)éducation bienveillante de ses stratagèmes et croyances limitantes.

C'est accueillir l'autre dans Sa vérité, le reconnaitre comme Autre, différent de nous, et lui laisser à ce titre la responsabilité et la jouissance de son changement, et donc sa dignité, tout en le soutenant de notre savoir-faire et savoir-être.

2) RÉPONDRE A LA DEMANDE PARADOXALE DU CONSULTANT SANS IDENTIFIER SON PROBLÈME. Accéder directement à la demande du consultant qui vient acheter une solution « miracle » pour être soulagé d'un problème ou d'un symptôme, en faisant l'économie d'une anamnèse sérieuse, revient à le déresponsabiliser à la fois de sa difficulté, qui a du sens, et de sa solution.

La demande du consultant (l'état problème en PNL) est rarement le Vrai Problème.

En y répondant sans approfondir le thérapeute se place en position de sauveteur face à une victime qui se plaint de son symptôme et voudrait le changer (le supprimer) tout en restant la même (continuer de faire ce qui est à l'origine du symptôme ou de la difficulté). Le risque, en accédant à cette demande, est au mieux de ne pas réussir, au pire de provoquer un déplacement du symptôme puisque ce qui est à l'origine de son apparition n'a pas été traité. Il faut savoir que le symptôme protège toujours d'un pire, refoulé, impossible à dire (le sens), et qu'il apporte des bénéfices (la jouissance), dusse-ton en souffrir.

3) PARLER AU MAUVAIS MOMENT OU AU MAUVAIS ENDROIT. Qu'en est-il des mots que l'on peut poser dans la relation d'aide ? Partant du principe que la parole est un outil à part entière, comparable au bistouri du chirurgien, il ne s'agit pas d'asséner « à l'aveugle » des vérités, fussent-elles pertinentes, parce que c'est ce qu'on nous a appris, (protocoles…), sans tenir compte de la capacité du consultant à intégrer la parole qu'on lui sert à l'instant T. Cette capacité est en lien avec sa structure psychique, son histoire et sa progression dans la thérapie. Bien accompagner, c'est donc savoir poser une parole chirurgicale, c'est-à-direau bon endroit et au bon moment, quand il est capable de l'intégrer à plusieurs niveaux, afin qu'elle produise un effet thérapeutique, à défaut de quoi elle sera au mieux sans effet et, au pire, maltraitante.

4) SE FAIRE PRENDRE DANS LE TRANSFERT3*. Si le thérapeute en est dupe et n'identifie pas l'affect ou le désir du consultant comme étant la manifestation d'un transfert, le processus peut les entrainer, lui et son consultant, dans une relation où l'un et l'autre ne sont plus Sujets parce qu'au prise avec leurs propres projections inconscientes.

Par exemple, le sentiment (positif ou négatif) d'un consultant vis-à-vis de son thérapeute, exprimée pendant ou hors consultation, est souvent la réactivation d'un affect ou d'une situation difficile refoulée du passé avec une figure d'attachement précoce (personne du système familial). La théorie de Freud est que, grâce à cette réactivation, le psychothérapeute peut se saisir de la difficulté refoulée pour aider son consultant à la traverser définitivement. Si le thérapeute passe à côté de cela et prends pour « réel » l'affect du consultant, il va renforcer sa difficulté et bloquer la « liquidation » du transfert.

En réalité, on observe souvent que le transfert agit davantage comme une résistance qui s'oppose justement à la remémoration du matériel refoulé (protégeant ainsi le symptôme et ses bénéfices), plutôt que comme une solution.

Il est donc nécessaire pour le thérapeute de savoir identifier ce processus lorsqu'il se produit, pour s'en servir de façon symbolique en expliquant à son consultant le SENS de son symptôme, ce qui lui permettra de le « remercier ».

5) LE CONTRE-TRANSFERT. Comprendre les stratégies2 et schèmes logiques de son consultant implique, pour le psychothérapeute ou le praticien de la relation d'aide, d'avoir identifié et compris ses propres stratégies dysfonctionnelles, à défaut de quoi il risque de réactiver et de projeter dans la relation avec son consultant (notamment au moment du transfert) ses propres problématiques personnelles, qui vont interférer. De là découle la nécessité pour le thérapeute d'entreprendre une psychothérapie individuelle et de solliciter une supervision régulière auprès de paires confirmés. C'est aussi, si l'on y réfléchi, un moyen confortable de se lancer puisque la supervision d'un pair apporte au praticien à la fois protection et exigence.

1*Sujet : en psychanalyse, le sujet désigne « lapersonne libre de son histoire et de sa parole, et capable de se soutenir de son désir ». Ce à quoi on ajoutera, en EmetAnalyse, « tout en tenant compte de l'autre ».

2*stratégies : En PNL, ensemble de ce qui entretient la jouissance du symptôme : comportements, croyances, états internes (émotions), loyautés inconscientes…

3*Transfert : processus selon lequel le consultant projette sur le thérapeute un affect ou un désir inconscient envers une figure d'attachement de son enfance (souvent un parent).

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Écrit par

Caroline Gormand

Praticienne en psychothérapie et Hypnose - Sophrologue Sa vocation est de vous accompagner dans les changements que vous souhaitez pour vous même, dans le cadre d’une écoute bienveillante, afin de vous aider comprendre vos difficultés et blocages, et faire émerger les ressources, savoir-faire et savoir-être que vous pouvez mobiliser.

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