Pour le bon équilibre de l'enfant : ni trop, ni trop peu

Aujourd'hui tout le monde parle de l'adolescence comme un fait acquis. Certes, un moment difficile à passer pour tous mais restons vigilants.

19 MAI 2022 · Lecture : min.
Pour le bon équilibre de l'enfant : ni trop, ni trop peu

Ni trop, ni trop peu : Donald WINICOTT

Le pédiatre Winnicott nous explique des notions importantes du développement psychologique du bébé avec la personnalité d'emprunt, le "faux self".

Winnicott est l'un des grands noms de la psychologie de l'enfant, et ses apports notamment sur le lien unissant la mère et son enfant ont été majeurs.

C'est à 23 ans qu'il découvre les théories de Freud et qu'il découvre la psychanalyse: il entame sa propre analyse et devient dès 24 ans l'élève de Melanie Klein ( autre psychanalyste très importante qui s'est beaucoup interessée à l'enfant).

Devenu pédiatre et psychanalyste, il se lance à la découverte d'un continent encore relativement méconnu à l'époque : la psychologie de l'enfant.

Son apport sur la mère suffisamment bonne a été déterminant dans la théorie et la pratique de la psychologie de l'enfant.

Le "faux self"ou ce que l'on peut comparer à un habit de déguisement psychique selon Winnicott apparait lorsque l'enfant ne jouit pas d'un environnement suffisamment sécurisé. Cet environnement carencé ou défaillant se caractérise par différents éléments clés :

  • carences affectives
  • manque de reconnaissance de l'enfant en tant que tel
  • à contrario, surprotection
  • surprotection, parents étouffants

Notons encore une fois l'équilibre de la théorie de Winnicott : il s'agit de se situer dans un juste milieu, ni trop, ni trop peu. Si l'enfant ne compte pas dans son unicité, ou si au contraire l'enfant est "mangé" par un trop grand désir et trop d'attention de la part de ses parents, le résultat est le même selon Winnicott, l'enfant est carencé affectivement !

Comme une plante qui peut mourir si on ne lui donne jamais d'eau, ou si on lui donne au contraire trop d'eau, le juste équilibre correspond aux besoins de l'enfant et non aux besoins des parents.

Les conséquences sociales du faux self chez l'enfant : conduites sociales inappropriées

Le "faux self" correspond chez l'enfant à une sorte d'identité d'emprunt ou de substitution, un masque que l'enfant met pour satisfaire son désir d'exister à tout prix, d'avoir du prix aux yeux de son entourage, pour combler son manque d'assurance. L'enfant, en réaction à un environnement carencé (trop ou trop peu), peut ainsi développer cette personnalité d'emprunt qui ne correspond pas à son identité réelle.

« Cet habit de lumières » peut provoquer chez l'enfant des conduites sociales correspondant au masque, à la personnalité d'emprunt qu'il a adoptée pour survivre aux carences : renfermement sur soi, timidité excessive, réduction de la communication à l'extrême, ou au contraire exubérance, comportement frondeur, refus de toute autorité...

En compensant les carences de son premier environnement familial, l'enfant généralise la solution qu'il a essayée à l'ensemble de son univers et adopte des conduites sociales inappropriées.

Pour reprendre les termes du psychiatre. Rappelons en conclusion en quoi consiste une "good enough mother" :

  • Une mère "pas assez bonne" laisse l'enfant dans la souffrance et dans l'angoisse, ce qui ne donne pas suffisamment de possibilités pour que l'enfant se sente exister, en le plongeant dans le néant.
  • Au contraire, une mère "trop bonne" répond à l'enfant par anticipation en ne lui laissant pas ressentir le manque, qui est pourtant essentiel pour le développement de l'enfant, pour qu'il se sente exister comme différent de sa mère.
  • L'enfant ayant une mère "trop bonne" selon cette théorie reste dans l'illusion de la toute puissance, de l'omnipotence.

Nous comprenons bien que les deux extrêmes, néant ou toute puissance, sont des illusions qui laisseront des conséquences sérieuses sur le développement futur de l'enfant et sur son âge adulte.

L'enfant peut développer sa personnalité vraie en bénéficiant de suffisamment de repères et de limites pour se développer, et de suffisamment de souplesse pour être soi et non uniquement le fruit du désir ou du rejet des parents.

Il est important et pas du tout source de préoccupation de voir son enfant avec une tétine, un doudou préféré, ou tout autre chiffon que l'on peut juger un peu sale. C'est ce que l'on nomme les objets transitionnels, ceux qui « remplace » l'absence de maman, ou simplement son éloignement.

Comme dans la vie du quotidien, « quand il y a du trop, c'est en trop ».

  • Essayons de faire notre possible comme parents : ni trop près, ni trop loin.
  • Toute une nouvelle expérience pour chaque parent avec un nouvel arrivé dans la famille, car chaque enfant est différent.

Donc pleins de créativité vous sera à chaque fois nécessaire

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Brigitte Djian

Conseiller conjugal et familial et spécialiste de la thérapie de couple dans les moments de doute et de crise, médiateur familial et psychopraticien. Les échanges et l'écoute attentive permettent souvent de s'échapper du trou noir dans lequel on se sent. Je vous aide à affronter vos problèmes dans un espace ouvert et confidentiel.

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Bibliographie

  • Donald Winnicott, Agressivité, culpabilité et réparation, Payot.

  • Donald WINNICOT Jeu et réalité 2002 Gallimard

  • Reine Marie HALBOUT Cahiers Jungiens de Psychanalyse N°131, Septermbre 202O

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