Influence de la reconnaissance du père dans la stabilité affective de sa fille ?
Bonjour,
J'ai 30 ans, et depuis que j'ai quitté le domicile familial je n'ai pas cessé de bouger, en France et à l'étranger. Je n'ai jamais travaillé plus de plus de 3 mois consécutifs, jamais vécu avec quelqu'un, jamais eu de relation très stable, jamais vécu longtemps au même endroit... Je me sens toujours à l'aise au début d'un travail, ou dans une nouvelle ville, mais j'ai vite l'impression que je vais décevoir les gens (collègues, employeur, rencontres...). Ça m'angoisse, alors hop, je change de décor... J'ai l'impression de jeter des paillettes (j'ai un super CV, j'ai fait plein de choses, j'ai beaucoup voyagé...), de mettre toute mon énergie à garder cette belle image, et derrière cette belle vitrine, c'est le vide et les angoisses... que je ne veux surtout pas qu'on voit... alors je tiens un moment en me mettant beaucoup de pression pour plaire, et puis peu de temps après, épuisée par ma performance, je mets les voiles. Cette situation commence à me peser, à force de fuir tout le temps je n'arrive rien à construire...
Je me demande si cette peur qu'on me voit telle que je suis (alors que mon côté sombre n'est pas non plus si terrible, je suis juste parfois tête en l'air, déprimée, associable, irritable...) ne vient pas du regard de mon père. Je ne me suis jamais sentie valorisée par lui, et ça m'avait déjà posé quelques soucis à l'adolescence (je multipliais les partenaires, j'avais besoin de séduire).
Pour résumer tant que possible notre relation, je n'ai jamais connu mon père biologique, j'ai grandi jusqu'à mes 5 ans avec ma mère et ma grand-mère. Puis nous sommes allées habiter chez ce nouveau papa (qui m'a reconnue). Relation difficile dès le départ, moi qui apparemment le rejetais, et lui qui s'est petit à petit enfermé dans un rôle d'autorité qui fermait le dialogue et qui a cristallisé notre relation. Nous avons donc toujours eu des relations conflictuelles, et nous avons peu partagé de moments de complicité. Il a toujours été très peu tactile et je ne me souviens que d'un seul câlin maladroit à la mort de mon grand-père. Pas de mots tendres non plus (pas qu'avec moi, c'est son caractère en général). Nous n'avons plus rien fait tous les deux dès l'âge de 9-10 ans (même pas se retrouver seuls dans une voiture par exemple). Il a en revanche toujours été très proche de mon demi-frère, qui lui ressemble beaucoup. Ils sont partis de nombreuses fois en vacances tous les deux, faisaient tout un tas de choses ensemble. J'ai été très jalouse de ce frère dès sa naissance, puisque je devais encore une fois partager ma mère. Aujourd'hui, je suis encore très jalouse de ce frère, qui a un parcours extrêmement brillant à tous points de vue et qui fait bien sûr la fierté de mon père. Nous ne sommes pas très proches, je le trouve distant, pudique et centré sur lui-même, copie conforme de mon père. Il ne m'a jamais beaucoup valorisée lui non plus. Il ne m'a pas dévalorisée pour autant, disons qu'il ne me comprend pas bien je crois. On ne parle pas beaucoup.
Nous n'avons jamais parlé de notre relation avec mon père. Il communique peu, tout a toujours été dans le non-dit. L'unique fois où j'ai osé insinuer qu'il faisait une différence entre mon frère et moi, mon père est entré dans une colère noire.
J'ai en revanche toujours été très fusionnelle avec ma mère, et elle jouait souvent le rôle "d'intermédiaire" lors des conflits avec mon père.
Bref, je me suis toujours sentie très dévalorisée par mon père, qui me considère encore aujourd'hui comme une adolescente loin des réalités, naïve et faignante. Il ne comprend pas du tout mon mode de vie "nomade" qu'il assimile à de la fainéantise et la fuite face aux réalités. Je ne me souviens pas qu'il m'ait jamais dit le moindre compliment, ni ait eu le moindre geste tendre envers moi. Depuis plusieurs années j'essaie toujours d'aller vers lui, je nous cherche des points communs, m'intéresse à ses hobby, fais toujours attention à la manière dont je lui parle pour ne pas le froisser... Mais lui, même si je pense qu'il est content de ce rapprochement, n'hésite pas une seconde à me rabaisser dès que je pose une question à côté de la plaque, à me faire sentir que je suis complètement naïve, déconnectée voire idiote.
J'imagine bien que tout ça demanderait une psychothérapie plus approfondie, mais j'aurais aimé avoir quelques premières pistes... Je ne trouve pas de livre ni article qui pourrait m'aider à mieux comprendre et mettre en mots ce qui coince, ce qui fait que j'ai tout le temps cette peur de décevoir, qui m'empêche de construire ma vie quelque part.
Merci beaucoup
Emilie