Développement personnel, relation d’aide, psychothérapie, mode ou nécessité ?

Le développement sans précédent de la relation d'aide dans notre société, que ce soit sous la forme d'innombrables stages de développement personnel, d'ouvrages sur le sujet (qui désormais se vendent davantage que les romans!) ou de psychothérapie (dont il existerait dans notre pays plus de 400 formes) est un fait social qui curieusement ne semble pas encore, sauf erreur de ma part, avoir attiré les chercheurs.

Ce mouvement, nouveau dans l'histoire de l'humanité, prend sa source aux Etats-Unis puis en Europe à la fin des années 1960 avec la remise en cause du modèle de l'american way of life que les graffitis de mai 1968 traduiront par « métro-boulot-dodo » dans l'hexagone. Resté relativement confidentiel jusqu'à la fin du XXe siècle il prend véritablement son essor à partir des années 2000,lesquelles marquent l'expansion de la mondialisation des échanges économiques, entamée une décennie auparavant.

Pour les salariés la mondialisation amène une douloureuse remise en cause de l'organisation du travail, telle qu'elle s'était développée au cours des trente glorieuses, marquée par une relative stabilité et sécurité de de l'emploi. Désormais chacun sait que, quelle que soient ses qualifications, son expérience, ses compétences, il peut perdre sa place du jour au lendemain, l'entreprise pouvant choisir de fermer un site de production pourtant non déficitaire mais insuffisamment rentable aux yeux des actionnaires ou bien de délocaliser dans un autre pays offrant un cout de la main d'œuvre et des prestations intellectuelles inférieur. A cette première cause d'insécurité s'ajoute celle liée à la notion de performance, y compris économique, qui domine désormais la politique de l'entreprise.

En résultent licenciements (le personnel étant considéré comme une variable d'ajustement),augmentation des rythmes de travail (d'où l'explosion des troubles musculo-squelettques (TMS), introduction des normes de qualité qui par un étrange paradoxe rendent impossible de faire du bon travail, réorganisations successives et bien d'autres éléments qui, ensemble ou séparément, mettent les salariés, (y compris ceux du secteur public depuis l'introduction des dogmes managériaux en vigueur dans le privé) sous pression, générant de multiples tensions tant dans le corps que dans la psyché que l'on résume sous le terme générique de stress.

Sa forme ultime, le burn-out, littéralement brulé de l'intérieur, témoigne à quel point le salarié peut se consumer, se vider de ses forces vives et se retrouver dans un état d'épuisement tel qu'il n'est pas rare de mettre une à plusieurs années pour s'en remettre. Ce stress, le salarié le ramène hélas, souvent à la maison, ce qui finit par altérer la relation du couple. Aussi et ce n'est pas un hasard si le premier motif de consultation dans mon cabinet est le couple en difficulté. Un autre motif courant, d'ailleurs souvent lié au premier, étant celui du manque de confiance en soi, source de multiples difficultés dans les relations tant privées que de travail.

Ainsi face à un monde du travail déshumanisé et déshumanisant, ne faisant plus sens, le recours à des stages de développement personnel ou à un parcours thérapeutique permet de développer la confiance en soi, de se repositionner, de prendre du recul face aux situations stressantes et d'envisager un éventail de réponses plus adéquates avec pour résultat de pouvoir se repositionner face au travail mais aussi face à sa vie privée et d'affronter plus sereinement en étant mieux outillé les inévitables difficultés du quotidien.

Loin d'être une mode passagère, une manière comme une autre d'occuper son temps, le recours à une relation d'aide, à un psy, devient, en cas de besoin ou de manière préventive, une nécessité, le plus souvent temporaire, pour se ressourcer, comprendre et accepter ses émotions, découvrir et pratiquer des méthodes de gestion du stress, faire face aux questions existentielles et trouver le soutien et l'écoute dont chacun peut avoir besoin à un moment de sa vie.

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