Pourquoi il y avait moins de gros du temps de Papy et Mamie ?

Augmentation de la population en surpoids et en obésité dans le monde, hypothèses et analyse de lecture du phénomène.

25 SEPT. 2020 · Lecture : min.
Pourquoi il y avait moins de gros du temps de Papy et Mamie ?

J'ai l'impression en ayant traversé la galère du surpoids et des troubles du comportement alimentaire, que ce mal ne touchait pas ou très peu nos aînés. D'ailleurs les générations antérieures étaient bien embêtées avec ces nouvelles maladies « la boulimie », « l'hyperphagie », « l'anorexie ». Ils ne savaient pas comment l'aborder et beaucoup ont agit par la répression. Qu'est-ce qui a pu se passer au cours de notre histoire pour que le rapport à l'alimentation puisse changer à ce point et engendrer une modification significative de la physionomie des habitants de la terre ? On peut émettre plusieurs hypothèses, on ne se préoccupait pas des apports nutritionnels, on mangeait moins transformé et moins riche, on faisait plus de dépenses énergétiques, l'impact du lobbying surpuissant de l'industrie alimentaire, on pensait que c'était une fatalité quand on était gros?…

Depuis 1980, la proportion de la population obèse n'a cessé d'augmenter, on compte aujourd'hui près d'une personne sur dix dans le monde en obésité. L'obésité devient donc « une crise grandissante et troublante de santé publique au niveau mondial » (Article publié en 2017 dans le New England journal of medecin) qui engendrerait des risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète, de cancer et d'autres pathologies mettant la vie en danger. Donc on sait qu'être en surpoids est néfaste pour la santé, malgré tout, la proportion de notre population en surpoids continue de grimper dans le monde. Les pays émergents Chine, Inde, Egypte atteignent des taux inquiétants pour les mineurs. Les Etas Unis restent quand à eux, le pays développé le plus touché par l'obésité en particulier chez les enfants et les jeunes adultes. Que faisaient donc nos aïeux pour ne pas être impactés par des prises de poids massives dans les rangs de leur population ?

Un mode de vie qui évolue avec l'évolution de la société

Si l'on remonte plus d'un siècle auparavant, il m'apparaît que les sociétés pour un grand nombre étaient basées sur un modèle agricole. Mon père me racontait que lorsqu'il allait en vacance en Bretagne chez ses grands parents il mangeait gras et en quantité et revenait toujours plus gros de ses vacances. Les paysans avaient donc une alimentation très riche à base de gluten et de produits lactés non transformés. On parle de 4000 à 5000 calories par jour pour des paysans au moyen- âge. Les machines ont permis de réduire l'effort physique et donc l'apport calorique. Au début du XXème siècle la révolution industrielle est enclenchée dans de nombreux pays. Pour autant l'ère industrielle a besoin de bras pour confectionner et façonner. Les métiers exercés apportent encore une dépense énergétique suffisante pour conserver un IMC normo-pondéral. La bascule vers le mouvement post industriel s'effectue à partir de la fin des années soixante-dix. L'avènement de services va bouleverser le paysage socio-culturel des travailleurs. D'abord par l'accès à des travaux non manuels à toutes les classes de la population. Puis par le développement de postes assis et sédentaires. La balance entre dépenses énergétiques et calories ingérées ne s'équilibrait donc plus automatiquement. Une modification des habitudes alimentaires devait s'opérer, manifestement, elle n'a pas du intervenir dans tous les foyers. Plus tard, le développement des réseaux informatiques a étendu la sédentarité à la jeunesse. On se parle par Smartphone interposé plutôt que de se déplacer pour se voir, on regarde plus les écrans et donc on bouge moins.

Le développement de l'industrie agro-alimentaire

La boite de conserve date de 1802 ; inventée par le français Nicolas Appert. Mais c'est au cours du XIXème siècle que l'industrie alimentaire a connu une évolution remarquable. La première révolution intervient avec la maitrise de la congélation[1] arrivée en 1960 dans les ménages américains puis l'avènement du micro-onde dans les foyers à partir des années soixante-dix. Concrètement qu'est-ce que cela a changé dans les habitudes alimentaires de nos parents ?

Remontons un peu le fil de l'histoire en accéléré : 1968 les femmes manifestent leurs droits à prendre leur indépendance et leur liberté, l'élection de Valery Giscard d'Estaing en France en 1974 va asseoir les droits des femmes (création d'un ministère pour les femmes, loi Veil sur l'ivg, le divorce par consentement mutuel, l'interdiction de licencier une femme enceinte…)

Donc les femmes sortent de la maison, elles vont travailler et gagner leur indépendance. Mais forcément, elles ont moins de temps pour les tâches ménagères (quoique…). De ce fait, les françaises font moins la cuisine et l'industrie agro-alimentaire va s'engouffrer dans la brèche pour vendre des produits tous prêts et transformés. Ce qui semble au départ une libération salvatrice pour les femmes devient finalement la porte d'entrée à un lobbying puissant et organisé que les gouvernements successifs peinent à mettre au pas. A partir de la fin du XXème siècle les scandales alimentaires vont se succéder (la vache folle, la viande de cheval, les produits laitiers…). Le lobbying de l'industrie alimentaire influence dans la lutte contre les réglementations pout éviter les contraintes et protéger ses intérêts, s'invite dans le débat nutritionnel et peut même infléchir les discours scientifiques.

Cette alimentation transformée et mal ou peu contrôlée selon les pays a permis de mettre dans les assiettes un repas complet très peu onéreux et déjà préparé. Certes, mais aussi extrêmement salé, contenant beaucoup d'additifs parfois nocifs pour la santé et bien-sûr du sucre ! Il est loin le temps du goûter avec un bout de pain, une barre de chocolat et un fruit. Tous les enfants mangent aujourd'hui des paquets de gâteaux extrêmement gras et sucrés souvent accompagnés d'un soda. L'industrie agro-alimentaire a également permis l'avènement des fast-food, ces derniers permettent de manger rapidement le midi ; la tradition de la « gamelle » pour le travail préparée à la maison n'est plus automatisée. Les populations ont donc accès aujourd'hui à une nourriture peu onéreuse, sucrée, salée et grasse. Cet accès facilité à de la nourriture très riche en calories mais également l'éloignement des populations des aliments non transformés et de la préparation culinaire sont sans conteste un élément à prendre au sérieux dans le développement grandissant des problèmes de surpoids et d'obésité dans la population mondiale.

L'impact de la mode et de la communication

Je dois avouer que je me sentais très attirée par ce point là, mais quand on compare les icônes et égéries de nos grand-mères genre Audrey Hepburn, il y avait de quoi se mettre la pression niveau alimentaire pour parvenir à leur ressembler aussi. Et je ne parle pas de la taille de guêpe de Marylin ou de Brigitte qui me semble difficilement accessible après quelques grossesses… Bref l'ultra-minceur mise en avant par l'art et les médias ne date pas que des années quatre-vingt dix. Ce qui a peut être changé dans ces années là c'est la multiplicité des modes communication, l'accès aux images par différents supports, la publicité et le marketing féroce qui semblaient dire aux jeunes ; « c'est ça un beau corps et c'est la norme à atteindre». Si vous ajoutez à cela les recherches scientifiques sur la perte de poids peu avancées en mode régimes strictes, on arrive fatalement aux troubles du comportement alimentaires assez facilement. C'est un peu raccourci, je vous l'accorde, ce point mériterait à lui seul un article pour développer l'influence de la mode sur le surpoids des adolescents. Mais nous arrivons à la fin de l'article.

Depuis 1960, les français consacrent à l'alimentation une part de plus en plus réduite de leur budget : 35% en 1960 à 20% en 2014. Pour autant la consommation alimentaire par habitant augmente régulièrement. La composition du panier alimentaire s'est par ailleurs modifiée. La viande, les fruits et légumes, les pains et céréales et les boissons alcoolisées progressent moins vite que les autres produits alimentaires. Ils cèdent notamment du terrain aux produits transformés et aux plats préparés. La hausse du pouvoir d'achat des ménages, l'évolution contrastée des prix des différents produits et la baisse du temps consacré à la cuisine contribuent à la modification des pratiques alimentaires. (source INSEE, 2010). Vous avez d'autres pistes concernant les causes de la recrudescence de l'obésité et du surpoids sur la population mondiale ? N'hésitez pas à commenter.

[1] La congélation est découverte en 1834 par Jacob Perkins à Londres

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Écrit par

Stephanie JAVAULT

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