La colère est-elle juste et comment la contrôler ?
La colère est-elle juste ? Dans cet article, nous discuterons de la colère, une émotion que chacun d’entre nous connaît, mais qui n'est pas considérée comme étant « positive ».
Je vous parlerai :
- de la nature la colère et de la manière dont elle se manifeste
- de la raison pour laquelle elle est interdite et de la justification de son interdiction
- du contrôle de la colère dans une relation
- de ce que la colère témoigne en réalité
Quelle est la nature de la colère et comment se manifeste-t-elle ?
La colère est une réaction émotionnelle qui se produit lorsqu'une personne perçoit un événement, une situation, des actions ou les paroles d'une autre personne comme étant une attaque, une menace. Elle s'accompagne d'une forte irritation, d'un mécontentement qui est la manifestation d'une protestation contre ce qui s'est passé. La colère est l'une des émotions fondamentales que peut ressentir un être humain et, en même temps, l'une des plus puissantes.
Une personne en colère est toujours crispée, son rythme cardiaque s'accélère, tout son corps est en effervescence, semblable à un fil tendu prêt à se rompre à tout moment. Une personne en colère déborde d'énergie et elle est prête à se défendre ou à attaquer. D'où vient ce courroux ? Les médecins savent qu'une personne énervée et agitée libère de nombreuses hormones, dont l'adrénaline (dite « hormone de la peur ou de la guerre »), le cortisol (l'hormone du stress), la sérotonine (une hormone qui aide à ignorer la douleur), la dopamine (l'hormone de la récompense) et la testostérone (l'hormone de la force et du courage).
Lorsqu'elle est en colère, une personne peut perdre le contrôle d'elle-même, dire ou faire quelque chose qu'elle regrettera plus tard.
Vous pouvez souvent entendre des expressions telles que « être fou de colère », « être rouge de colère », « piquer une colère », « entrer dans une colère noire », « ne plus contrôler ses nerfs ».
Elles soulignent toutes que la colère est une énergie explosive. Si la colère ne concerne pas une personne, mais tout un groupe, elle s'exprime par des manifestations sociales, des rassemblements, des confrontations armées et même des révolutions. Cela montre que la colère permet de mobiliser l'énergie nécessaire pour changer les conditions de vie qui ne conviennent pas à un groupe social en particulier.
D'un point de vue physiologique, il est extrêmement facile de reconnaître la colère, car ses symptômes sont prononcés et évidents : le rétrécissement des pupilles, le rougissement du visage, la tension des muscles faciaux, le froncement des sourcils.
Cependant, au niveau psychologique, le tableau devient plus complexe : une personne peut appeler sa colère « irritation » ou « énervement » L'on peut également ressentir la colère dans le cadre de sentiments « complexes » tels que la jalousie par exemple et, par conséquent, ne pas la reconnaître.
Cela se produit parce que, contrairement à l'irritabilité ou au fait de se sentir blessé, la colère est stigmatisée : elle appartient à la liste des péchés capitaux et, par conséquent, transforme une personne en quelqu'un d'immoral.
Interdiction de la colère et justification de son interdiction
Il existe de nombreuses idées préconçues sur la colère. Au-delà la notion de péché déjà mentionné, il y a cette certitude que la colère est un signe de faiblesse, de faute.
Depuis l'Antiquité, une expression populaire est connue : « Jupiter, tu es en colère. Cela veut dire que tu te trompes ! ». Pendant de nombreux siècles, une personne forte et confiante a été considérée comme celle qui contrôle ses passions et ne perd jamais son calme.
Il existe également des stéréotypes de genre sur la colère. On pense que les hommes sont plus susceptibles d'être en colère et que les femmes sont plus susceptibles d'être tristes ; nous pouvons donc plus facilement percevoir un homme en colère plutôt qu'une femme en colère. Historiquement, cela est dû à l'idée que l'on se fait des hommes puisqu'ils ont été considérés, des siècles durant, comme étant les membres actifs de la société. L'image d'un homme a toujours été associée au soleil, à la croissance, à l'expansion, à la force et à la guerre. Par conséquent, la rage était considérée comme une caractéristique utile et digne du monde masculin.
Dans ces représentations, la femme incarnait le pôle opposé, où se situent le mystère, la nuit, la douceur, la discrétion, la capacité de perception profonde et de compréhension. Et, confinée à ce rôle, il n'y a pas ni place ni excuse pour la colère.
Dans de nombreuses religions, la « noble indignation » est reconnue comme étant bénéfique depuis des siècles, en particulier lorsqu'elle est dirigée contre les ennemis de la foi. Cependant, en même temps, la colère n'est pas considérée comme étant vertueuse puisqu'elle est qualifiée de péché mortel. La trace en est encore vivace dans le monde moderne. Elle s'exprime dans le fait que les personnes en colère ne se permettent pas de la montrer et la remplacent par d'autres sentiments. La colère réprimée peut ainsi se manifester par un sentiment de honte.
De nos jours, dans le domaine professionnel, la colère ouvertement exprimée peut nuire à l'image du salarié. La colère est interprétée comme une faiblesse ou une incapacité à se contrôler. Elle peut donner une mauvaise impression de la personne, même si celle-ci a des raisons objectives d'être en colère. Cependant, ici et là, il existe des stéréotypes qui s'apparentent un peu au genre : la colère du patron (une personne en position de force) est plus acceptable que la colère d'un salarié (une personne en situation de dépendance).
La colère inexprimée, qui a été réprimée pendant des années, peut provoquer un certain nombre de maladies psychosomatiques chez une personne. La raison en est que les hormones libérées lors de la colère maintiennent le corps humain en « alerte », ce qui finit par l'épuiser.
Le fait de ne pas exprimer sa colère au travail conduit souvent à l'asthénie et à l'épuisement professionnel des employés. C'est pourquoi les personnes exerçant ces professions auxquelles on impose une retenue vis-à-vis des clients (médecins, enseignants, vendeurs, employés de service) sont les plus susceptibles de se sentir harassées.
Pour éviter d'être piégé dans de fausses croyances à propos de la colère, vous devez apprendre à reconnaître votre propre colère. Comprenez qu'il est important de l'exprimer et d'être capable de le faire de manière à ne faire souffrir ni autrui ni soi-même, verbalement ou physiquement parlant.
La colère dans les relations interpersonnelles
Pourquoi une personne ordinaire et en parfaite santé peut-elle réagir à n'importe quelle situation avec de la rage, alors qu'une autre réagit calmement à cette même situation ? La raison en est que la colère et la rage sont une réponse à des sentiments profondément ancrés en nous. La personne qui réagit avec rage se sent attaquée dans son estime de soi, dans sa dignité. La colère survient lorsqu'elle est accidentellement ou intentionnellement offensée, que son insignifiance ou son incompétence sont affirmées, qu'elle est dévalorisée.
La réaction est d'autant plus violente lorsque des paroles ou des actions dégradent les croyances et les valeurs propres à une personne. Si ses valeurs sont évidentes et réellement importantes pour elle, alors la personne considère les propos et les actions de l'autre comme une attaque de sa personnalité dans son intégralité.
Elle se sent attaquée de la même manière quand elle considère qu'une personne qui attaque son projet est un obstacle à la réalisation de celui-ci. Souvent, la colère se produit sans aucune analyse, par simple réflexe.
Quand on parle de colère, il est important de comprendre que chacune de nos émotions a le droit d'exister. Il n'y a pas de sentiments moins justifiés que d'autres. La colère est considérée comme une émotion négative mais, ce qui compte, c'est qu'elle s'exprime de manière correcte et constructive. L'incapacité à gérer la colère entraîne des conflits, du ressentiment et des relations endommagées qui peuvent se terminer tragiquement.
Comment contrôler la colère ?
Dans les relations interpersonnelles qui comptent pour nous, il est très important de pouvoir exprimer des sentiments, y compris négatifs. Grâce à cela, nous pouvons être compris par les autres et, à notre tour, comprendre l'autre. Et, pour que les émotions que nous vivons ne détruisent pas la relation, il convient de respecter plusieurs règles de communication.
- La première règle consiste à se calmer si nous sommes submergés par la colère. Il n'est pas toujours possible d'arrêter une tempête de sentiments, mais l'habitude de « se calmer et de compter jusqu'à quarante » peut aider à la fois dans le choix des mots et dans la compréhension de l'irrationalité totale d'éventuelles actions violentes.
La colère est une émotion rapide, qui dans les temps anciens était appelée « l'élément feu ». Elle s'embrase rapidement mais ne dure pas.
Les pratiques qui augmentent notre capacité à comprendre notre propre état aident souvent à arrêter la montée de la colère. Aujourd'hui, vous pouvez trouver de nombreuses façons de gérer la colère : exercices de respiration, yoga, méditation, sports, marche, conversation. La solitude est aussi un bon moyen de vous aider à rassembler vos pensées.
- La deuxième règle concerne la responsabilité de chaque personne vis-à-vis de ses propres sentiments. Les personnes en colère croient presque toujours que la situation qui les a blessées est dû à la faute d'autrui, que la situation, par principe, a un coupable et que le sentiment même de colère est également causé par l'autre. Cependant, nos émotions sont contenues en nous-mêmes et, par conséquent, une personne est toujours, dans une certaine mesure, la cause des sentiments qu'elle éprouve.
- La troisième règle rappelle que toute colère est causée par la situation ou le comportement d'une autre personne, mais non pas par elle-même ni par sa personnalité. On ne vise pas la personne mais son acte.
Il est bon de s'en souvenir, afin que cela ne vise pas l'autre en tant que personne et se transforme en offense. En exprimant votre colère, vous devez parler de l'acte d'autrui, et non pas viser sa personnalité. Ainsi doit-on dire : « Je suis outré par vos mensonges » et non « Je suis outré que vous soyez un menteur ! »
- La quatrième règle concerne notre conviction que nous avons forcément raison. Dans la colère, il est important de se rappeler que la vérité d'une personne est rarement la vérité d'une autre. Par conséquent, l'habitude de séparer vos points de vue de ceux de l'interlocuteur est utile dans la communication. L'idée que vous seul avez raison et que l'autre a nécessairement tort est une source d'agacement. Ce phénomène naturel arrive car la colère est une émotion forte et nous cherchons donc à justifier notre position avec toutes sortes d'arguments. Cela nous rend sourd à d'autres points de vue qui peuvent nous montrer la réalité sous un autre angle, d'autant plus que, lors d'un conflit, la vérité se situe bien souvent entre deux opinions divergentes.
- La cinquième et dernière règle parle du danger d'idéaliser le monde. Beaucoup d'entre nous ont des idées irréelles et fantastiques sur l'amitié parfaite, l'amour idéal, la fidélité de la justice à elle-même et son essence irréprochable. Et nous supposons, pas toujours consciemment, que le monde qui nous entoure doit correspondre à nos idées pour que nous soyons heureux. Mais, en réalité, tout le monde ne partage pas nos idées sur ce que doit être le monde idéal. Par conséquent, en cas de désaccord avec une autre personne, vous devriez discuter avec elle de ce que signifie pour chacun de vous des sujets de disputes tels que l'amitié, la justice ou l'amour. Cela vous permettra de mieux comprendre quel est le sens du conflit qui vous sépare. Cela ne résoudra peut-être pas le problème relationnel mais cela vous éclairera quant à la raison de votre colère.
Ce que la colère montre vraiment
Les gens se mettent le plus souvent en colère contre les membres de leur famille, leurs amis et leurs amoureux. La colère concerne beaucoup moins souvent des personnes qui nous sont indifférentes. Cela suggère que la colère est une émotion qui montre l'importance de la personne à qui elle s'adresse ; elle signale notre implication dans une relation. La colère est un témoignage de l'intensité et de la profondeur du lien entre les personnes. Plus on a confiance envers la personne, plus on sera sincère et serein. C'est aussi pour cette raison que nous nous mettons plus facilement en colère avec les personnes que l'on aime. Cela signifie que l'on a besoin d'être rassuré et nous ne serons pas rejetés par l'autre si nous lui faisons part de nos vraies émotions et lui montrons les facettes plus sombres de notre personnalité.
Par conséquent, afin de maintenir une relation, vous devez apprendre à gérer votre colère et, si possible, ne pas lui accorder le droit de vous contrôler.
La colère nous éclaire parfois bien mieux qu'une analyse purement rationnelle en ce qui concerne nos véritables valeurs. De plus, celle-ci est une importante source d'énergie pour l'être humain. La colère dirigée avec précision et de façon correcte n'offense pas, mais permet de mettre en avant les problèmes sociaux, de dénoncer l'indifférence et de défendre ses droits. Elle rappelle que chaque personne est digne de respect, de liberté, de confiance et d'amour.
La capacité d'interpréter correctement la colère est l'une des découvertes de la psychologie moderne. Les personnes en colère veulent transmettre quelque chose d'important aux autres, peut-être même pour nous protéger de ce qui peut s'apparenter à un danger. Apprenons à exprimer cette « chose importante » d'une manière qui soit facile à entendre et à donner à la colère le droit de se manifester dans notre vie dans toute sa justesse.
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