Bien choisir son "psy" : les pros alternatifs

Entre tous les “psy” que vous pourriez consulter, il est souvent difficile de s’y retrouver. Alors voici de quoi faire le meilleur choix pour vous. Cette deuxième partie se concentre sur les "psy" alternatifs.

20 NOV. 2023 · Dernière modification: 24 NOV. 2023 · Lecture : min.
Bien choisir son "psy" : les pros alternatifs

Entre tous les "psy" que vous pourriez consulter, il est souvent difficile de s'y retrouver. Quelle est la différence entre un psychologue et un psychiatre ou entre un psychothérapeute et un psychopracticien ? Qu'est-ce qu'un psychanalyste ? Pourquoi certains psychologue sont docteur et pas d'autres ? Un coach peut-il être utile ? Faut-il se méfier de certains "psy" ? Les réponses à toutes les questions que vous vous posez (et à celles que ne vous posez pas encore) sont ici !

Deux grandes catégories

Psychologue, psychothérapeute, psychiatre, … sont des titres. On peut les classer en deux catégories : les titres protégés et les titres non-protégés. Les premiers sont réglementés par l'État et les Agences de Santé. Autrement dit, il existe des lois qui déterminent qui peut porter ces titres et qui ne le peut pas. Chaque titre a alors ses propres critères à remplir pour pouvoir être utilisé. Pour les deuxièmes, il n'y a pas de cadre légal. En théorie, n'importe qui peut revendiquer un titre non-protégé. Dans les faits, il peut exister certaines formes de régulation. Dans cette deuxième partie, je vous présente les titres non-protégés. Vous trouverez une explication des titres protégés dans la partie 1.

Les titres non-protégés

Ces autres titres ne sont pas régulés, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas encadrés par la loi. Ainsi, n'importe qui peut les utiliser et exercer. Néanmoins, la réalité n'est pas si simple : il existe quelques subtilités.

Psychanalyste

La psychanalyse a eu un succès retentissant depuis à sa création par Sigmund Freud, au point de supplanter la psychologie dans l'imaginaire collectif. Elle reste très pratiquée et enseignée, notamment en France, malgré les critiques qu'elle reçoit par la communauté scientifique. Le titre de "psychanalyste" n'est pas protégé en France, de même que dans beaucoup d'autres pays (Canada, Belgique, etc.). Autrement dit, n'importe qui peut se l'attribuer. Néanmoins, une bonne partie des psychanalystes s'inscrit à une société de psychanalyse (la Société Française de Psychanalyse, par exemple) pour gagner en crédibilité et en reconnaissance.

  • Formation. La majorité des psychanalystes ont fait des études de psychologie ou de médecine. De fait, beaucoup de psychanalystes sont aussi psychologues, psychiatres ou psychothérapeutes. Le titre de "psychanalyste" réfère alors plutôt à l'approche qu'ils et elles utilisent. De plus, et presque toujours, les psychanalystes sont eux-mêmes et elles-mêmes suivi.e.s en analyse pendant une longue période.
  • Champ d'exercice. Malgré sa proximité avec la psychologie, la psychanalyse est essentiellement orientée vers le domaine clinique, mais pas exclusivement (par exemple, quelques travaux psychanalytiques portent sur l'étude de phénomènes sociaux).
  • Remboursement. Comme beaucoup de psychanalystes sont aussi psychiatres, psychologues ou psychothérapeutes, leurs consultations peuvent être remboursées dans les mêmes conditions. Ce n'est pas le cas pour les psychanalystes qui ne possèdent pas au moins l'un de ces autres titres.
  • Déontologie. Les "psychiatres-psychanalystes" et les "psychologues-psychanalystes" sont soumis à la même déontologie que les autres psychiatres et les autres psychologues. Or, les codes de déontologie imposent généralement de fonder sa pratique sur la science. La scientificité de la psychanalyse étant régulièrement attaquée, on peut y voir une contradiction. Ce point est bien sûr débattu dans le monde médical et le monde psychologique.

Psychopracticien.ne, psychotechnicien.ne, psychoconseiller.ère, psychospécialiste

Depuis la régulation du titre de psychothérapeute, de nouvelles dénominations sont apparues. La plus fréquente aujourd'hui est certainement celle de "psychopracticienne". Elles permettent aux personnes ne pouvant pas prétendre à un titre protégé d'exercer. Derrière ces titres, se cachent des personnes aux profils très divers. Certaines ont échoué dans leurs études de médecine ou de psychologie, mais ont décidé pratiquer la psychothérapie même sans les diplômes associés. Beaucoup d'autres sont en reconversion professionnelle et, du fait de leur âge déjà avancé, n'ont pas voulu se lancer dans des études universitaires longues (5 ans minimum pour rappel). D'autres encore utilisent des formes alternatives de psychothérapies qui ne sont pas enseignées à l'université, souvent car elles ne sont pas reconnues par la communauté scientifique. Ce ne sont là que les cas les plus fréquents et d'autres situations plus particulières existent.

  • Formation. Devant la variété des personnes utilisant ces titres, il est difficile d'établir un "parcours-type". Certaines n'ont suivi aucune formation, quand d'autres ont de nombreuses heures à leur actif. Mais, il n'est pas rare que ces formations soient dispensées par des personnes ou des organisations privées, non-reconnues par l'État et parfois peu scrupuleuses.
  • Champ d'exercice. La quasi-totalité des personnes utilisant ces titres exercent dans le domaine de la santé, mais essentiellement dans les champ des médecines alternatives.
  • Remboursement. Qui dit "non-reconnu" dit "non-remboursé".
  • Déontologie. A part certaines personnes dans des situations très particulières, la majorité de celles utilisant ces titres ne sont pas reconnues légitimes pour pratiquer la psychothérapie. De fait, exercer malgré cela est assez révélateur de leur sens de la "déontologie".

Coach et coach certifié.e

Le nombre de coachs de vie et de coachs professionnels a explosé ces dernières années, notamment dans le monde de l'entreprise. Là encore, ces adeptes du développement personnel ont des profils très variés, même s'ils et elles sont fréquemment des personnes en reconversion professionnelle. Ces coachs ne doivent pas être confondus avec les "coachs sportifs" formés en sciences du sport.

  • Formation. Il n'existe pas de formation en coaching reconnue publiquement. Pourtant, de nombreux organismes privés en proposent. Même si leurs prix sont souvent élevés (parfois plus de 10 000 euros), leurs durées se limitent à une vingtaine de jours, rarement plus [1] (à comparer aux 5 à 10 ans d'étude pour les psychologues et les psychiatres). Elles se fondent principalement sur de la pseudopsychologie et des modèles issus du monde managérial. Quoi qu'il en soit, elles n'octroient aucun diplôme d'état, mais permettent souvent d'obtenir des certifications. Ces dernières n'étant pas plus régulées que l'utilisation du titre de "coach", n'importe qui peut certifier n'importe qui.
  • Champ d'exercice. Le coaching n'est pas orienté directement vers la santé. Il s'agit plutôt d'une pratique paramédicale, proche du domaine du bien-être.
  • Remboursement. Les séances de coaching ne sont pas remboursées.
  • Déontologie. Le coaching ne possède pas de déontologie unifiée. Mais certaines associations de coaching tentent d'uniformiser les pratiques et d'établir des chartes ou des codes. Malgré ces bonnes volontés, les faits restent inquiétants. En effet, comme le coaching repose majoritairement sur des approches pseudoscientifiques, il a reçu de vives critiques par le monde médical, le monde scientifique et le monde philosophique. En France, les coachs sont régulièrement épinglés par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) : en 2018, le président de la mission déclarait que 10 à 20% des signalements reçus concernaient le coaching [2]. Dans la même veine, en 2021 et en 2022, la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) relevait 80% d'anomalies chez les professionnels et les établissements de formation contrôlés.

Qui choisir pour se faire accompagner ?

Qui choisir pour se faire accompagner ?

On peut difficilement contredire que le fait que la très grande majorités des "psy" (avec un titre régulé ou non) ont une réelle volonté d'aider. Ainsi, les pures "arnaques" sont rares. Néanmoins, une bonne volonté ne suffit pas pour traiter de sujets aussi complexes que le psychisme humain.

Évaluer la compétence des "psy"

On aurait tort de penser que les "psy" possédant un titre protégé sont toujours "bons" et les autres toujours "mauvais". La réalité n'est pas si tranchée. On trouve par exemple des personnes diplômées assez incompétentes et, à l'inverse, des psychopracticiennes faisant un excellent travail. Malheureusement, savoir qui est compétent et qui ne l'est pas est une tâche ardue. Les informations sur le parcours d'un thérapeute ne sont pas toujours claires. Et, de toute façon, être capable d'évaluer son profil nécessite une certaine expertise en psychologie, ce que la plupart des patients et patientes n'ont pas. A mon avis, il est préférable de raisonner en termes de "risque" plutôt que de "compétence" : quel est le risque que ce ou cette psy me fasse plus de mal que de bien ?

Parler de "mal" ici n'est pas anodin. Un accompagnement de mauvaise qualité peut aggraver la pathologie (parfois jusqu'à un point irréversible), créer des traumatismes, voire entrainer la mort (par augmentation du risque de suicide ou par l'utilisation de "thérapies" dangereuses). Il va de soi que la probabilité de tomber sur des personnes nuisibles est plus faible lorsqu'elles possèdent un titre protégé (psychiatre, psychologue, psychothérapeute, etc.). En allant voir ces personnes, vous avez la certitude qu'elles ont suivi une formation suffisante (minimum 5 ans) et que leur compétence a été validée (puisqu'elles sont diplômées d'état). Cela ne fait pas tout, mais est déjà très rassurant. Pour celles n'ayant pas un titre protégé (psychanalyste, psychopracticien-ne, coach, etc.), le risque de tomber sur un individu incompétent, voire dangereux, est plus élevé. Il vous faudra évaluer son expertise au cas par cas.

Prendre en compte vos convictions et vos croyances

Comme que l'explique plus haut, certains "psy" (généralement sans titre protégé) ont des approches qui ne sont pas fondées scientifiquement. Leurs pratiques relèvent alors plutôt des médecines alternatives, de convictions populaires ou de la magie. D'ailleurs, ces thérapeutes ne revendiquent que rarement rattacher leur travail à la science. On entre donc dans le domaine de la croyance. Or, vous êtes libre de croire ou de ne pas croire en l'efficacité de ces accompagnements. Ici, c'est votre foi et vos convictions personnelles qui guideront votre décision, plutôt qu'une validation scientifique.

Considérer le prix

On aimerait que la question de l'argent ne compte pas quand il s'agit de notre santé. Malheureusement, il faut bien bien avouer que suivre une psychothérapie (ou une autre forme d'accompagnement) peut constituer un budget élevé. Comme présenté plus haut, les consultations des psychiatres (car ils et elles sont médecins), des psychologues et des psychothérapeutes (sous certaines conditions) sont remboursées. Pour les autres, le prix peut monter assez vite.

Le coût d'un accompagnement dépend aussi de sa durée. Ainsi, les psychanalyses classiques peuvent s'allonger sur plusieurs années, à raison d'au moins une séance par semaine. La durée des thérapies cognitives et comportementales est souvent plus courte (quelques mois). La psychologie a également développé des thérapies dite "brèves" (une dizaine de séances) ces dernières décennies. Bien sûr, tous les types de thérapie ne sont pas adaptés à toutes les situations.

Que faire en cas de problème ?

Si vous considérez avoir été victime d'une arnaque ou d'une pratique dangereuse, vous pouvez signaler votre situation au gouvernement, avec le service Signal Conso : https://signal.conso.gouv.fr

Il existe deux grands types de "psy" : celles et ceux dont le titre est protégé (psychiatre, psychologue, psychothérapeute, etc.) et celles et ceux qui ce n'est pas le cas (psychanalyste, psychopracticien, coach, etc.). Ces titres peuvent être cumulés : un psychiatre peut aussi être psychanalyste par exemple.

Généralement, il est préférable de choisir une personne utilisant au moins un titre protégé. Leur compétence est validée par un ou plusieurs diplômes et vous aurez la garantie qu'elles ont suivi une formation suffisante (entre 5 ans et 10 ans la plupart du temps). Vous diminueriez ainsi fortement le risque d'être mal accompagné.e. Leurs consultations sont aussi mieux remboursées par la sécurité sociale et les mutuelles.

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Écrit par

Benjamin Pastorelli

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Bibliographie

  • Salman, S. (2021). Au bon soin du capitalisme. Presses de Sciences Po.
  • Propos du président de la Miviludes Serge Blisko, recueillis par Marjolaine Kock et rapportés dans son enquête du 17 novembre 2018, intitulée Les dérives du coaching, pour Radio France*.*
  • DGCCRF (9 mars 2023). Secteur du « coaching bien-être » : l'enquête de la DGCCRF relève 80% d'anomalies chez les professionnels contrôlés. Communiqué de presse.
  • Lilienfeld, S. O., Lynn, S. J., & Lohr, J. M. (2015). Science and pseudoscience in clinical psychology (2nd ed.). The Guilford Press.

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