Je ne suis pas une psychanalyste enfoncée dans un fauteuil qui se tait

Sylvie Vulliermet est psychanalyste et sexothérapeute et reçoit ses patients dans son cabinet de Lyon. Elle propose son aide aux couples qui traversent des moments difficiles dans leurs relations et reçoit également ses patients en individuel.

8 NOV. 2013 · Lecture : min.
Je ne suis pas une psychanalyste enfoncée dans un fauteuil qui se tait
Sylvie Vulliermet est psychanalyste, membre de la Fédération Freudienne de Psychanalyse. Elle revient sur son parcours et sur les expériences qui l'ont poussées à orienter sa carrière vers la psychanalyse.

Pourriez-vous nous raconter ce qui vous a conduit à choisir la psychanalyse ?

Ma carrière professionnelle a débuté en tant que conseiller d'éducation, puis je me suis dirigée vers l'enseignement dans le domaine sanitaire et sociale. J'ai côtoyé des jeunes en rupture scolaire, je dis bien rupture et non pas échec. L'échec est un verdict qui sonne comme une incapacité. La rupture est un moment ou les choses n'avancent plus pour un temps, si le jeune reprends confiance en lui, il reprendra à son rythme-là où il s'est arrêté.

Les adolescents ont souvent besoin d'une écoute bienveillante pour faire face à cette crise qui les tiraille de partout. Je ne pouvais que leur proposer mon écoute et, sans outils, il m'était impossible de les accompagner dans leurs difficultés. Mon questionnement sur mon incapacité m'a conduite vers de nombreuses formations en lien avec l'adolescence et le développement psychoaffectif de l'enfant. Les réponses qui m'ont été apportées me renvoyaient à d'autres questions, plus profondes encore. Après avoir lu Dolto Winnicott et bien d'autres, je me suis aperçue que tous partaient des idées avancées par Freud.

Vous avez alors entrepris des études à l'IFP...

J'ai alors suivi un cursus de cinq années de formation à l'Institut Freudien de Psychanalyse fondée par Eric Ruffiat. Je me suis allongée sur le divan et j'y ai revisité mon histoire personnelle, j'en suis sortie grandie et plus libre. Être psychanalyste c'est être en permanence en formation, c'est suivre l'évolution de la société dans laquelle nous vivons. Pour cela, je participe à de nombreux séminaires et conférences, proposés par la FFDP, mais aussi aux séminaires de JD Nasio, à Paris. Bien entendu la "supervision" fait partie intégrante de la profession.

Je suis membre de la FFDP, gage de sérieux et de respect de l'éthique qui incombe à mon métier. Je reçois les patients à Lyon, au sein de l'Institut de Psychanalyse de Lyon où nous partageons un cabinet, ce qui nous permet d'avoir des échanges et de rester en lien avec les élèves.

Comment décririez-vous votre exercice ?

Je ne suis pas une psychanalyste enfoncée dans un fauteuil qui se tait. Le patient arrive avec sa problématique, qui est la sienne, et, en ce sens, elle est unique. Il y a une écoute bienveillante, la parole permet la libre association, les mots expriment un ressenti, le patient n'est pas seul dans cette aventure, il est soutenue par le psychanalyste qui, au bon moment, va faire l'interprétation de ce qui vient dêtre dit. Contrairement aux idées reçues, l'analyse ne dure pas pendant 10 ans, sans pour autant faire des thérapies brèves. Tout dépend du rythme des séances et de l'engagement du patient.

Le patient est libre d'interrompre son analyse lorsqu'il se sent mieux, parfois il reprend rendez-vous quelques mois plus tard, car un nouvel élément de sa vie quotidienne le perturbe. La liberté de chacun est respectée. Ma spécialisation est la sexothérapie analytique. J'ai suivi deux années de formation qui ont abouti au diplôme privé de sexothérapeute certifié par l'IPN.

Pourriez-vous nous donner plus de détails concernant les patients en psychanalyse ?

Dans le domaine de la psychanalyse, je reçois des personnes de tout âge qui traversent une période douloureuse, souvent due a des ruptures, que ce soit d'ordre relationnel, avec la famille, ou professionnel. Certains chocs sont insurmontables, deuil, séparation, maladie clinique grave. L'individu perd pied et de nombreux symptômes se mettent en place.

Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons pour consulter un psychanalyste, c'est une démarche qui appartient à l'individu qui a besoin, tout simplement, de faire le point avec lui-même, de se découvrir, d'être écouté.

Notre société actuelle est tournée vers l'individualisme et, malgré les moyens de communications modernes, les réseaux sociaux qui offrent la possibilité d'avoir une quantité incroyable "d'amis", l'individu est seul, il n'est pas entendu. L'analyse est un temps d'échange, d'écoute sans jugement, où l'individu exprime ses ressentis, sans être court-circuité par une multitude d'avis qui ne lui appartiennent pas.

Parlez-nous de votre travail en sexothérapie.

Le sexothérapeute est un psychanalyste qui utilise la théorie analytique appliquée aux troubles et conflits dans le relationnel sexuel chez l'individu ou dans le couple. L'analytique classique permet de comprendre le développement sexuel. Formée à l'écoute, j'accueille, sans jugement, les problématiques sexuelles de la femme, de l'homme et du couple.

Les trois aspects fondamentaux de la psychopathologie, la structure de l'individu, le rapport social et le rapport environnemental, sont sans cesse en jeu durant les séances de sexothérapie.

L'adolescent d'aujourd’hui a le choix de son orientation sexuelle (évolution de la société). C'est une période de recherche d'identité et je me suis rendue compte que leur questionnement tourne autour de trois axes, qui sont : l'homosexualité, la bisexualité ou l’hétérosexualité. La sexothérapie permet le questionnement, la mise en évidence des fantasmes et vise à ce que le jeune prenne conscience de ses choix et soit en accord avec son désir et son plaisir.

Les troubles d'ordre sexuel

Que ce soit des troubles féminins (vaginisme, dyspareunie, anorgasmie, manque de désir sexuel) ou masculins (dysfonctionnements érectiles, absence de désir), le sexothérapeute se doit, dans un premier temps, d'évacuer les causes biologiques et physiologiques. La sexothérapie ne se substitue pas à la médecine.

Dans le cas où le trouble est d’ordre médical, reconnu, la thérapie permet à l'individu en difficulté sexuelle de verbaliser ses craintes, ses douleurs et son ressentis, de manière à mieux vivre avec ce trouble.

Lorsque le trouble est d'ordre psychique, l'individu exprime sa difficulté et, par l'association libre, il remonte à l'origine du trouble, le conscientise et s'en libère.

Les thérapies de couple

Le couple est une formation de deux individus ayant chacun sa propre histoire de vie, où chacun évolue à sa manière. Parfois, cette évolution ne correspond pas à celle du conjoint, alors se créent des conflits, la communication se fait mal, souvent les disputes, qui partent d'un petit rien, deviennent de véritables "scènes de ménage", la sexualité perd en rythme et en qualité, le couple ou l'un des deux partenaires se sentent frustrés et, pourtant, l'amour est bien présent. La thérapie de couple se fait entre trois personnes, l'individu doit adapter son langage face au psy, le partenaire écoute sans interrompre le discours, chacun a son temps de parole, chacun a son temps d'écoute.

Le couple parents

Être parent est une responsabilité évidente, certains couples perdent leur identité de couple au profit de leur statut de parents. La relation sexuelle passe au dernier plan et entraine des frustrations. Ils restent un homme et une femme avec leurs désirs et besoins, mais l'entité "parent" prend toute leur énergie. La sexothérapie permet à ces couples de se retrouver en tant qu'homme et en tant que femme.

Je reçois des couples recomposés qui ne parviennent pas à se construire en tant que couple. Souvent, cette difficulté est due aux liens précédents, ex-conjoint(e), enfants d'un autre "nid". L'entente familiale élargie est souvent difficile et entraîne des conflits au sein du couple.

Une maladie grave (cancers symboliques et affectifs) de l'une des personnes du couple peut modifier la relation sexuelle. Le désir et le plaisir sont momentanément abandonnés.

Les cancers symboliques et affectifs sont les cancers du sein, de l'ovaire et de l'utérus pour la femme et les cancers du pénis, du testicule et de la prostate pour l'homme. Ces organes conditionnent toute une vie de femme ou d'homme désirable ou désiré(e) et peuvent remettre en jeu toute approche de séduction et de désir, nécessaire au rapprochement amoureux.

Le sexothérapeute est formé à l'écoute et, après avoir fait un tableau avec le couple sur les souffrances physiques et psychiques, l'image de soi et le regard de l'autre, il accompagne le couple vers une nouvelle harmonie sexuelle, avec l'acceptation positive d'un nouveau corps.

Ce travail peut également se faire en thérapie individuelle, car la personne qui est touchée par ce type de cancer a besoin de se retrouver avant de penser à la sexualité.

Pour conclure, chaque couple est unique, car chaque individu qui le compose est unique. Il n'y a pas un modèle de couple, ce qui fonctionne pour les uns n'est pas envisageable pour les autres. La sexothérapie analytique du couple permet au couple d'évoluer et de se comprendre, pour profiter pleinement de la relation unique qui les unis.

Photo : Sylvie Vulliermet

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