La peur d'être heureux ou chérophobie

La peur d'être heureux peut désormais être diagnostiquée et se nomme chérophobie. Découvrez ce trouble courant du XXIe siècle.

20 SEPT. 2018 · Dernière modification: 31 OCT. 2019 · Lecture : min.
La peur d'être heureux ou chérophobie

On dit que la tristesse peut être addictive, mais est-il possible d'avoir peur d'être heureux ? Certains psychologues et scientifiques ont catalogué ce trouble comme chérophobie, une nouvelle et étrange phobie qui nous empêche d'accéder au bonheur.

La chérophobie peut se définir comme la peur inexplicable qu'ont certaines personnes à atteindre un état positif. Ce concept de "peur d'être heureux" peut être difficile à comprendre pour certains, mais il semble que les patients fuient toutes les pensées positives qui pourraient les faire se sentir mieux. Ceci pourrait avoir plusieurs explications.

Nous sommes chaque jour soumis à de multiples situations de stress dans le cercle familial, professionnel ou autre, réduisant petit à petit tout notre espace de bien-être. Les chérophobiques ne craignent par la sensation de félicité en tant que telle, mais ont plutôt peur de ressentir du bonheur puis de tout perdre. Il s'agit d'une préoccupation extrême de ce qu'il pourrait arriver de pire, en pensant que le bonheur n'est que l'antichambre de quelque chose de négatif. Comme si le fait d’un bonheur impliquait forcément un prix à payer. Ces personnes n’ont pas conscience des ressources qu’elles possèdent pour parvenir à trouver des solutions s’elles devaient faire face à l’adversité. En conservant des émotions négatives, elles se préparent à toutes éventualités de façon à ne pas tomber de haut. Inconsciemment le risque est une déstabilisation psychique qui pourrait toucher à l’estime de soi. Pour conserver cette harmonie, elles choisissent de garder le contrôle en vivant des émotions plutôt négatives qui les préparent à faire face aux aléas de la vie.

Comme le signalent certains experts, une vision plus réaliste de la vie n'implique pas forcément plus de pessimisme. Parfois, nous devons reconnaître que nous allons mieux que ce que nous pensons et partager ce bonheur avec les autres pour créer un climat agréable. Ainsi, on peut apprendre à perdre cette peur d'être heureux.

Stephanie Yeboah, blogueuse atteinte de chérophobie, précise dans une interview accordée à Metro :

"La peur d'être heureux ne signifie pas nécessairement qu'on est constamment triste. Dans mon cas, la chérophobie est née d'évènements traumatiques. Des choses comme célébrer un succès, dépasser une tâche difficile ou avoir un nouveau client me mettent mal à l'aise".

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Quels sont les symptômes de la chérophobie ?

En règle générale, les personnes introverties ou perfectionnistes ont plus de risques de souffrir de cette étrange phobie. Dans le cas des personnes introverties, elles préfèrent se centrer sur des activités individuelles et peuvent se sentir intimidées en groupe, alors que les perfectionnistes tendent à concevoir le bonheur comme un trait propres aux personnes paresseuses ou non productives.

Certains chercheurs mettent en relation la peur d'être heureux à des troubles mentaux. Dans ce sens, les patients qui souffrent de dépression peuvent vivre ce type de rejet des émotions positives. Le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM) ne reconnaît pas la chérophobie comme un trouble en tant que tel, mais certains experts en santé mettent en avant les symptômes principaux de la peur d'être heureux :

  • Anxiété à l'idée d'une réunion sociale joyeuse, comme un concert ou une fête
  • Rejet des opportunités pouvant conduire à des changements positifs
  • Aversion pour participer à des activités que la plupart des personnes considère comme "divertissantes".

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Existe-t-il un traitement ?

Si vous présentez ces symptômes et que vous souhaitez que cela change, vous devez savoir qu'il existe une série de traitements suggérés pour dépasser ce trouble. Ces traitements n'incluent pas de médications ou de processus spécifiques, mais sont efficaces à moyen et long terme.

  • Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC)

Les TCC enseignent au patient à reconnaître les pensées négatives qui l'amènent à des conclusions peu utiles. Dans le cas de la chérophobie, ces pensées peuvent être de type "je sens que je ne mérite pas d'être heureux(se)", "quand quelqu'un se sent bien il baisse la garde" ou "si je suis heureux il se passera forcément quelque chose qui ruinera tout". La TCC a pour objectif ultime l'élimination de ces cycles de pensées.

  • La relaxation

Les exercices de relaxation peuvent aider le patient ou la patiente à comprendre que la sensation de bien-être n'est pas forcément suivie d'un évènement négatif. Des exercices tels que la respiration profonde, l'hypnothérapie ou tenir un journal peuvent aider la personne à dépasser sa phobie.

  • L'exposition à des évènements heureux

De la même façon que la relaxation, l'exposition continue à des évènements que la majorité des gens considère comme "divertissants" ou "heureux" peut aider le patient à comprendre qu'il n'y a pas toujours un revers de la médaille aux émotions positives.

Photos : Unsplash

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Commentaires 8
  • Clément

    Bonjour, Je vous remercie pour vos articles. Mais faites attention cependant à l'orthographe s'il vous plaît car il y a fréquemment des fautes ("s'elles" par exemple ici).

  • Amine psy

    Ce type de phobie vraiment elle m’a rappeler. de ce qu’elle déjà souligné par V.Hugo dans ses écrits lorsqu’il dise que " la mélancolie c’est le bonheur d’être triste . "

  • Orangerai

    Je pense sérieusement souffrir de cela . J'ai été un enfant battu et martyrisé et abandonné ecci dont forcément expliquer cela . Quand on apprend à un enfant que rien ne va dans la vie comment compter sur son émancipation plus tard dans sa vie ? Les adultes sont des fabriquant de monstres, que je ne suis pas mais un être mal dans sa peau alors que je pense avoir toutes les qualités pour aspirer à une vie simple et quelques instants de bonheur comme tout le monde .

  • chirel25

    Merci pour cet article. Il est fort enrichissant!❤

  • Lise lessard

    Bonjour en premier je suis surprise que ce problème es reconnu !Un jour j ai remarqué que si ça allait bien et je m’arrangeais pour que ça ne fonctionne pas je faisais en sorte de défaire ce bonheur!Jen ai parlé à un hypnologue et il m’a dit tu te punis j ai suivi une thérapie avec lui et ça m’a aidé mais. Le combat est toujours là si j oublié de faire mes exercices je retombe et j oubli même de penser à mes exercises j ai 65 ans et ça gâché ma vie!Je crois que mes parents ont fait en sortent de me créer ce problème!Si je pourrais en parler avec des gens qui me comprennent,serais bien!Mais déjà savoir que c est reconnu me fais du bienMerci

  • Frédérique Le Ridant

    Il est extrêmement regrettable que la psychothérapie analytique et la psychanalyse soient systematiquement écartées des possibilités thérapeutiques proposees. Heureusement que les personnes en souffrance ne s'inspirent que très rarement des divers articles publiés sur ce site. Ce parti pris est surprenant de la part d'auteurs qui se veulent objectifs. La peur d'être heureux ou de ressentir du plaisir, est en lien direct avec l'enfance vécue, le roman familial, les liens tissés et leur solidité (ou non), c'est une peur dont il faut aller chercher les indices, les signes nichés au creux de l'inconscient et les faire émerger afin de permettre leur élaboration et ainsi leur donner du sens. Leur autoriser une re-connaissance. On est toujours plus fort lorsqu'on connaît son adversaire. Nous sommes dans ce cadre évidemment très loin du "tout tout de suite" et de la solution miracle... la guérison clé en main... L'apaisement minute... Et forcément la rechute à brève échéance. On ne peut pas faire l'impasse sur notre inconscient : il nous rattrapera toujours au détour d'une angoisse ou de son évitement. Frédérique Le Ridant Psychanalyste

  • youcef 122

    Merci pour avoir choisi un tel sujet important

  • Mirabelle

    Merci pour cet article, et pour les conseils données.

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