Les besoins de l'enfant de 6 à 11 ans

Votre enfant a grandi. Il a passé par diverses phases de développement, toutes plus importantes les unes que les autres. Il entre désormais dans la période de latence.

17 MAI 2022 · Lecture : min.
Les besoins de l'enfant de 6 à 11 ans

Ou l'apprentissage de la sociabilisation

Votre enfant a grandi. Il a passé par diverses phases de développement, toutes plus importantes les unes que les autres. Il entre désormais dans ce qu'on appelle dans le jardon psychologique : la phase de latence.

Latence ? Vraiment ? Nous allons l'accompagner pour mieux comprendre cette phase qui est la plus longue, avec celle de l'adolescence, de 6 à 11 ans.

La phase de latence

Pendant les premières années de sa vie, l'enfant a petit à petit dû apprendre à faire face à une réalité très agréable par moment et plus difficile à d'autres. Il a dû apprendre à différer ses plaisirs, à attendre le retour de maman ou de papa, aller puiser en lui de la force pour tenir sa journée avant de retrouver le doux foyer où il se sent en sécurité.

Il a appris à gérer petit à petit aussi ses émotions tout au long de ses journées. Mon Dieu quel travail ! Et l'on a vu à quel point cela a pu être, et l'est encore, difficile.

Dès l'âge de 6 ans, l'enfant entre dans une phase où les émotions et les frustrations sont sensés être mieux gérées, les pulsions du corps (siège des émotions) laissant désormais la place au cognitif : la possibilité d'entrer dans l'apprentissage scolaire. Libéré par toutes ces pulsions, il est désormais suffisamment en paix pour se concentrer, rester en place, à un pupitre, pendant des longues minutes, sans gigoter, enregistrer les dires de l'instit sans être perturbé par l'entourage…. Cela reste bien sûr un idéal.

En effet, la période des 6-11 ans est celle que nous voyons le plus en cabinet. C'est oublier que cette même période est celle de la sociabilisation, non pas celle de bébé auprès d'autres enfants, mais celle de l'enfant dans sa vie sociale. Il s'agit dès lors ici de trouver sa place dans le monde (des enfants). Dans son foyer, il est le centre du monde. Il s'est créé une image idéalisée de lui pour traverser sa petite enfance avec tous les renoncements et acquisitions qu'elle comporte. Il est Spiderman, Batman et parfois Hulk. A l'école primaire, il va rencontrer ou retrouver d'autres Spiderman, Batman et beaucoup de Hulk et il va devoir apprendre à en ternir compte. Non, là, il n'est pas le centre du monde. Il va devoir apprendre à faire avec les autres. Désormais, sa vie sociale est à l'extérieur de la famille. Les prémisses de la maternelle deviennent la priorité en primaire. L'empathie, la compassion, tenir compte des désirs des autres et non plus uniquement des siens. La pudeur aussi. Car là aussi, il y a du changement. Il parle peut-être moins, conserve des secrets, ment parfois ou n'a plus envie de partager autant avec vous. Il préfère parfois, souvent, partager avec son/sa meilleur(e) ami(e). Il ne veut plus que vous l'accompagniez jusqu'à la grille, ne veut plus non plus vous tenir la main. Il ne faudrait pas qu'il soit vu dans une posture de petit enfant par d'autres. Il s'agit de trouver sa place sociale à l'école et cela se passe dans les cours de récréation ou d'autres que lui décident du jeu et parfois, oh que c'est bien, c'est lui qui peut décider.

Votre enfant a quitté la petite enfance, il devient grand. Ce n'est peut-être pas facile pour certain(e)s d'entre vous de le voir grandir, avec cette ambivalence de sentiment, car vous êtes fier(e)s de lui et de ses nouvelles capacités cognitives. Heureusement, lorsque vous seul(e ) avec lui, le soir par exemple, les demandes d'affection sont toujours présentes.

C'est le moment aussi où finalement on découvre s'il a des facilités, des difficultés aux apprentissages scolaires, s'il a des bons comportements avec les autres élèves et avec l'instit. C'est parfois le moment où effectivement on apprend qu'il peut être différent (dys, TDA(H), haut potentiel…), qu'il aura peut-être besoin d'aménagement.

Oui qu'il est difficile d'être enfant, d'être parent. Je vous disais que c'est l'âge où il y a le plus de consultations chez les psys pour enfants. Vers les 8 ans environ, nous voyons parfois une phase dépressive. L'enfant constate que cela devient compliqué, l'école, les autres enfants, des chagrins d'amitié, son ami(e) d'enfance joue avec des autres et plus avec lui… Et il croit, à tort, que c'était mieux avant. A 8 mois de vie, le bébé constate qu'il ne fait plus un avec la mère, grâce aux présences et absences de la mère. Il peut alors se vivre comme un être unique ce qui génère aussi une phase dépressive courte. Être unique, sorti de la mère, c'est avoir une vie, exister en tant que tel mais c'est aussi se sentir fragile, vulnérable. Le bébé fait le deuil de sa vie intra-utérine pour avancer vers sa propre existence. Et bien, l'enfant, vers les 8 ans environ, c'est pareil. Sa vie se fait de plus en plus hors du foyer (vie intra-utérine), ce qui lui confère un début d'identité en dehors de ses parents. Il existe en dehors d'eux. Mais aussi, cela génère un sentiment de fragilité et de vulnérabilité. L'accompagner dans ce deuil, c'est lui permettre de gagner en liberté et en force pour la suite.

L'accompagnement

Comment l'accompagner ? Comment l'aider à sortir de la petite enfance, à devenir lui-même, à gérer ses peurs, ses doutes, sa nouvelle posture sociale ? A avancer vers l'adolescence, sa future identité ?

En lui faisant confiance. Tout se joue avant 6 ans ? Non pas tout mais vous avez su, je n'ai aucun doute, lui donner des bases d'amour, de sécurité et de confiance en soi. Le regarder avec ce regard confiant, l'écouter dans ses péripéties quotidiennes sans les minimiser, lui raconter même vos souvenirs d'enfance avec les difficultés et solutions que vous aviez trouvées, voir avec lui quelles solutions il pourrait mettre en place, ne pas trop agir/interférer dans sa vie sociale qui se déroule, je le répète, désormais en dehors de vous, savoir ne pas être envahissant avec nos questions perpétuelles (ah qu'il est difficile de ne pas savoir), savoir aussi « écouter » son langage non verbal, ses postures, ses attitudes qui démontrent s'il se sent bien ou non. Et surtout, croire en ses capacités de faire face, qu'il saura traverser des possibles difficultés et l'aider lorsqu'il nous le demande ou que cela devient trop perturbant. Il doit pouvoir croire en l'adulte que vous êtes, que les adultes sont là pour aider les enfants tout en les laissant vivre leur vie d'enfant. C'est rester en périphérie de lui et le regarder vivre ses expériences avec amour et confiance et vigilance.

Lorsqu'il est pris au sérieux, en considération, lorsque ses émotions sont entendues, lorsqu'il voit que nous gardons confiance, nous, alors qu'il est pris, lui, dans un tourbillon émotionnel, il peut poser ses émotions et se consacrer à son apprentissage scolaire, devenir un élève, un apprenant spécifique toutefois car n'oublions pas que nous ne pouvons être bon en tout et que nous avons tous le droit à l'erreur.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Catherine Lefeuvre (Meyer)

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Bibliographie

  • Le manuel de la parentalité, Dinkmeyer (Jouvence 2002)

  • Psychopathologie de la vie quotidienne, Freud (Payot 2004)

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