Masque et acte manqué

En cette période où le port du masque s'allège, petit clin d'oeil à cet objet qui a participé à bien des actes manqués lors de séances de psychanalyse.

22 MARS 2022 · Lecture : min.
Masque et acte manqué

Porter le masque aujourd'hui est pour certains un acte de solidarité envers les personnes fragiles et pour d'autres un outil de résistance à la règle voire de désobéissance pour poser un principe de liberté qui pose débat.

Nous nous rejoignons tous sur le fait qu on aimerait vraiment s'en séparer. Mais qu'en est-il de ce masque dans le cabinet du psychanalyste ?

Bien-sûr on y viendra avec le fameux masque dans le principe de réalité lié aux consignes sanitaires liées au Covid, et le divan se plie à la règle, sans toutefois devenir paranoïaque. Cela n' empêche pas de se questionner sur soi et le masque nous y invite d'ailleurs.

Le masque vous met en colère ? Tant mieux !

Posons donc la colère sur le divan (ou le fauteuil, peu importe, parlons en justement).

Porter le masque dans un cabinet de psychanalyse prête à l'ambivalence car justement tout le travail du psychanalyste est d'amener le patient à sortir, s' extirper de ce faux self, de l'adaptation, de donc tomber son masque autant pendant son discours que dans la vie quotidienne. Être un sujet libre d être soi et de ses choix, et faire avec le principe de castration.

Être libre mais dans un cadre. Le psychanalyste est donc face a une injonction paradoxale en rappelant aux patients de bien porter le masque en séance et de ne pas l'enlever alors que la clinique vise le contraire. Pas tout à fait en désaccord non plus, la psychanalyse n'apprend pas à être tout puissant mais bel et bien de faire entre castration et créativité.

C'est par ce qui nous dérange et par ce dérangement sur soi que nous avançons aussi, en psychanalyse.

Il se joue ainsi un étrange jeu autour du masque dans les cabinets et nous le savons le langage est aussi non verbal. Ce corps nous parle beaucoup avec l objet masque! Il y a ceux qui le portent facilement , ceux qui l'oublient, ceux qui ne viendront pas aussi et qui peut être prendront l'option de la ligne comme espace de liberté crée, ceux qui en parlent avec de la colère de se sentir enfermé, étouffé et objectivé et ceux qui le tordent dans tous les sens comme s'il voulait se l'arracher du visage comme si cette double peau les dérangeait. D'autres qui ne le voient plus.

Il y a aussi ceux qui, "par hasard" au moment d ouvrir la porte du cabinet, viennent juste de casser leur masque en le mettant. Bel acte manqué non ?

C'était le cas de cette patiente, qui dans la vie, ne supportait plus le masque du simulacre. Devant la porte, son masque avait craqué. C'était donc une bonne chose et nous en avons parlé.

Et de cette autre qui réalise devant ma porte qu elle "est partie sans", lâchant prise pour la première fois sur tant d'interdits surmoiques.

Bravo ! Devant la porte du cabinet oui, les masques tombent comme les actes manqués se multiplient depuis toujours. Masqué(e) et démasqué(e) à la fois.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Corinne Vera Alexandre

Psychanalyste, Hypno analyste, Psychothérapeute et Sexothérapeute, elle exerce dans le Vaucluse à Bollène et Avignon ainsi qu'en ligne. Elle utilise les thérapies brêves en association de la psychanalyse dans une pratique intégrative en EMDR et en Hypnose.Sa pratique est aussi psychocorporelle avec l'hypnose et de la médiation corporelle.

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Bibliographie

  • Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, Broché, 2017

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