Nos émotions : des messagers utiles !

Quel est le rôle de nos émotions ? Pourquoi avons-nous souvent du mal à les exprimer, comment mieux les "gérer" et en faire un atout ?

20 JUIN 2019 · Lecture : min.
Nos émotions : des messagers utiles !

« Emotions » : de l'expression latine « Exmovere » (mettre en mouvement).

Nos émotions sont des énergies mouvantes, qui comportent un point de départ, un développement (plus ou moins long et important selon la gestion que l'on en fait) et une fin. Elles viennent s'inscrire dans nos expressions et nos comportements, et sont donc visibles de l'extérieur.

Elles prennent naissance à l'intérieur du cerveau, dans le système limbique (et plus particulièrement dans les amygdales), à partir des informations sensorielles (captées par nos 5 sens) ou encore à partir des pensées que nous fabriquons. Elles vont alors impacter directement notre système nerveux autonome (rôle de l'hypothalamus) et les fonctions des organes afférents : le rythme cardiaque, la tension artérielle, la respiration, la digestion, la régulation de la glycémie et la régulation hormonale. C'est pour cela que nous les ressentons d'abord dans le corps.

Lorsque les émotions pénibles (colère, tristesse) sont trop fréquentes ou trop fortes et dépassent nos capacités d'adaptation, elles créent un stress qui, s'il devient chronique, peut aboutir à un épuisement physiologique et psychique. Voir à ce sujet mon article sur le stress.

Émotions et normes sociales : les refoulement des émotions

L'expression des émotions a longtemps été taxée de manifestation « hystérique». Dans le cadre social, elle est restée circonscrite à des cadres très particuliers comme les stades de sport, les salles de concerts et les fêtes populaires (carnavals, etc), qui jouent un rôle d'exutoires à cet égard. Et il est communément admis que pour ne pas encombrer, voir « polluer » nos interactions avec les autres, point trop n'en faut !

On peut se demander pourquoi nous souhaitons tant contrôler ou « gérer » nos émotions, comme si celles-ci posaient « à priori » problème dans l'interaction avec autrui et qu'il faille à tout prix contenir ce cheval fou, si ce n'est le « supprimer » tout à fait.

Dans l'intimité de la famille, les émotions ne sont pas non plus toujours les bienvenues. Par crainte de gêner ou pour protéger un ou plusieurs de ses membres elles seront quelquefois tues, ou bien prendrons un déguisement ; c'est ce qu'on appelle le « racket émotionnel », qui consiste à remplacer une émotion par les signes apparents d'une autre émotion plus « acceptable ».

Mais que pourrait-il donc se passer (de grave) si nous laissions libre cours à nos émotions ?

Si les émotions dérangent autant c'est sans doute parce qu'elles viennent révéler à notre insu une part intime de nous-même, une « vérité crue » que nous ne sommes pas toujours prêts à monter ni à entendre. Les émotions ne mentent jamais. Elles viennent donc révéler ce que notre « personnage social » s'efforce de cacher, ou encore ce que nous taisons par peur du jugement d'autrui et par crainte du conflit.

Malheureusement, étouffer ou nier ses émotions est souvent plus dommageable que bénéfique, et leur refoulement va être à l'origine de deux formes de violences, l'une tournée contre soi-même, et l'autre contre autrui, puisque ce qui ne peut être accueilli et exprimé trouve le moyen de se faire entendre de toute façon, en s'exprimant autrement, souvent sous une forme symbolique.

Le processus sera celui de la « collection de timbres » : des frustrations répétées qui s'accumulent et finissent tôt ou tard par faire souffrance.

Tournée contre soi, la collection de timbre débouchera sur des somatisations. On voir alors apparaître des pathologies psychosomatiques comme l'eczéma ou l'asthme, notamment chez le nourrisson, comme en témoigne une littérature très fournie en psychanalyse, dont les travaux cliniques de Françoise Dolto et de ses successeurs.

Par exemple, un enfant pourra développer un eczéma quand un de ses parents est atteint d'une maladie incurable, et qu'il ne trouve pas d'espace pour exprimer son émotion (angoisse) et la mettre en mots. Elle se met alors en maux.

Qui ne s'exprime déborde !

Tournée contre autrui, l'émotion refoulée va produire un violent débordement émotionnel à retardement, un effet cocotte-minute, toujours disproportionné par rapport à la situation (la goutte d'eau qui fait déborder le vase), qui nous entraîne dans les rapports de force que nous souhaitions précisément éviter lorsque nous avons refoulé l'émotion, en commençant notre collection de timbres…

Si on n'exprime RIEN, ou trop tard, on finit par exprimer TOUT et n'importe quoi, et de manière violente.

C'est donc davantage le débordement émotionnel qui pose problème dans la norme sociale, plutôt que l'expression saine et juste d'une demande importante pour nous, et dont la présence de l'émotion nous averti.

Éducation et gestion des émotions

Ainsi, l'on voit que pour mieux « gérer » les émotions, il convient de les dédramatiser dès le plus jeune âge en éduquant le petit d'Homme à leur fonction et aux messages qu'elles transportent, ainsi qu'en lui apprenant à les exprimer à bon escient. Cela lui permettre également de développer la compétence sociale d'empathie (comment je suis capable de décrypter et d'accueillir l'émotion de l'autre). Il est d'autant plus important d'éduquer l'enfant à comprendre ses émotions que son cerveau n'est pas encore assez mature pour les analyser de façon autonome (cf. le livre du Dr Catherine Gueguen « Pour une enfance heureuse »).

1) Connaitre le rôle des 4 émotions de base.

  • La colère : vient dire d'un désaccord, d'un conflit de valeur, de désir ou d'objectif. Son utilité est de nous permettre de ne pas subir, de rester les Sujets-acteurs de notre vie.
  • La Peur : nous avertis et nous protège d'un danger, réel ou imaginaire. Elle nous parle d'un besoin de sécurité et de protection.
  • La tristesse : vient signifier une perte, donc un deuil. Quelque chose prend fin et nous avons besoin de prendre du temps pour intégrer la perte.
  • La joie : vient nous relier à notre pulsion de Vie, et donc à autrui, par le partage.

2) Reconnaître et accueillir les émotions, un art de l'attention.

A partir de là, vous comprenez que vos émotions vous renseignent sur ce dont vous avez besoin dans une situation précise. Vous pouvez apprendre à accueillir avec bienveillance le langage du corps, prendre conscience de vos besoins et vos désirs à l'instant « T », tout en faisant taire votre « juge intérieur ». Ce qui émerge n'est ni bien, ni mal en soi… C'EST, un point c'est tout !

Il en est de même pour les émotions difficiles : il va s'agir d'identifier ce qui chez vous les déclenche, de faire le lien avec votre histoire de vie, vos croyances et votre système de valeurs singulier, et d'utiliser l'émotion pour vous recentrer sur ce qui est juste pour vous, plutôt que de subir et « réagir » sous son emprise.

3) Constituer sa propre boîte à outils.

En attendant de savoir comment faire autrement pour ne pas accumuler les contrariétés, que ce soit sur votre lieu de travail ou à la maison, il existe des exercices de sophrologie et de respiration courts et faciles qui vous aiderons à décharger de vos tensions, sans vous en prendre à votre entourage. Votre « bombe à retardement » n'explosera plus !

Basés sur une respiration synchronisée associés à des mouvements dans les zones tendues du corps, accompagnés ou non de visualisations, ils permettent un relâchement rapide et un soulagement immédiat. L'apprentissage de la cohérence cardiaque, outil très simple et véritablement efficace pour gérer les manifestations physiologiques du stress, pourra également vous être très utile.

Votre psychothérapeute, s'il est formé à ces techniques, vous guidera dans l'apprentissage de ces outils et vous aidera à trouver ceux qui, pour vous, sont les plus efficaces.

4) Entendre le message, poser des limites : la bienveillance envers soi-même.

Après avoir apaisé vos tensions, vous aurez davantage de lucidité et de recul sur les situations et serez à même d'exprimer clairement et calmement vos demandes ou vos refus aux personnes avec lesquelles vous êtes en relation.

L'apprentissage, à l'aide de votre thérapeute, de la communication bienveillante et d'une grammaire relationnelle, vous aidera à le faire sans fabriquer de culpabilité inutile.

5) Dompter vos pensées par un effort « d'attention positive ».

Si vous maintenez le regard au raz du sol, vous ne voyez plus le bleu du ciel, ni le vol des oiseaux. Vous devenez ce que vous pensez », comme on aime le rappeler en PNL. Et vous finissez par provoquer ce sur quoi vous focalisez en permanence, comme autant de prophéties auto-réalisantes.

Une fois les émotions difficiles accueillies, leur message décrypté et l'action juste posée, il ne sert à rien de ruminer en boucle…

Vous pouvez faire le choix de focaliser plutôt sur les choses simples et agréables du quotidien, qui sont directement à votre portée et qui vous font du bien : l'odeur du thé ou du café le matin (si elle vous est agréable), un coucher de soleil, le ciel étoilé, les lumières de la ville, un parfum que vous aimez, un sourire que vous observez, de bons souvenirs, un événement du futur proche qui vous est agréable, la beauté qui vous entoure… tout prétexte est bon à prendre pour remplir votre réservoir d'énergie !

En focalisant volontairement et régulièrement sur ce qui est agréable dans votre quotidien, vous créez une somatisation positive et une reprogrammation de vos schémas de pensée.

Ces exercices de visualisations positives et de pleine conscience favoriseront en vous un état de confiance et de sérénité.

6) Transformer les émotions difficiles en moteur (énergie positive)

Une fois que vous aurez avancé sur le sens de vos émotions et leur origine, sur votre capacité à exprimer clairement vos besoins et vos désirs dans la relation à l'autre, vous pourrez alors choisir de transformer l'énergie de vos émotions en moteur pour vos projets. Par exemple, la colère peut être dirigée vers un objectif à atteindre plutôt que contre quelqu'un. La peur peut vous aider à vous donner les bonnes protections pour avancer au lieu de vous inhiber. La tristesse, quant à elle, va vous inviter à prendre une pause et du recul à un moment où vous avez besoin de faire le point pour mieux rebondir plus tard. Enfin la joie va vous permettre de ne pas vous isoler, de partager vos bons moments avec vos proches et de renforcer votre Foi en la Vie.

Les préceptes ci-dessus ne constituent évidemment pas une liste exhaustive de ce que vous pouvez inventer et mettre en place, avec l'aide de votre psychothérapeute ou de votre coach, pour vous sentir de plus en plus à l'aise avec vos émotions et en faire des atouts maîtres qui vous maintiendront dans le sens de la Vie.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Caroline Gormand

Praticienne en psychothérapie et Hypnose - Sophrologue Sa vocation est de vous accompagner dans les changements que vous souhaitez pour vous même, dans le cadre d’une écoute bienveillante, afin de vous aider comprendre vos difficultés et blocages, et faire émerger les ressources, savoir-faire et savoir-être que vous pouvez mobiliser.

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Commentaires 1
  • Bruno DAL PALU

    J'ai bien aimé la formule que je reformule ainsi : tout ce qui ne s'exprime pas déborde.

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