​Outil famille : L

Vous rêvez d'un outil magique qui apprenne à chacun à mieux se réguler, à ne pas empiéter sur le territoire des autres, à ne pas impacter l'ambiance par ses propres tensions internes?

9 NOV. 2021 · Lecture : min.
​Outil famille : L

Les incidents de la vie de tous les jours sont usants. La répétition transforme les comportements gênants (bruits, disputes, insultes, fuites ou attaques de toutes sortes) en zone de danger alors que l'usure vous éloigne peu à peu de votre zone de viabilité. Vos besoins vitaux ne sont plus assurés : vous êtes en colère, et malgré vous, vous vous retrouvez à entrer vous aussi dans les comportements agressifs que vous réprouvez.

Vous aimeriez avoir un outil magique pour que chacun apprenne à mieux se réguler, à ne pas empiéter sur le territoire des autres, à ne pas impacter l'ambiance par ses propres tensions internes, à réfréner ses pulsions, ou à les apaiser dans le dialogue, pour éviter de les transformer en crise familiale.

Comment faire ?

L'outil que je vous présente a été inventé par l'école de la Neuville pour réguler la vie commune de plusieurs personnes différemment affectées par des traumatismes d'enfance.

L'enjeu est de ne pas traiter immédiatement les crises, mais de les identifier, de les lister et de les traiter, ultérieurement, une fois les émotions apaisées,

  1. Le cahier des râlages. C'est un cahier de collecte des infractions de chacun. Chaque infraction au bien vivre ensemble sera écrite dans un cahier. On ne tente pas de le réprimer dans l'instant. On annonce : tu cries, c'est pas normal, je vais l'écrire dans le cahier des râlages. Celui qui écrit, peut ajouter comment est ce que ça contrevient à son bien-être, ou l'empêche d'accéder aux ressources dont il a besoin (du silence, du respect, de l'espace, du temps, de de la coopération, le résultats des services que l'autre a déserté.)
  2. L'atelier des progrès. L'atelier se déroulera chaque semaine à date régulière. On déterminera un moment qui sera réservé toutes les semaines à cet atelier : Tous les samedi matin, ou tous les vendredi soir, dans un esprit de bilan hebdomadaire qui permet d'entrer équipé du pardon de ses proches et avec joie dans le week-end. Chaque membres du groupe ou de la famille se doit de participer à la réunion. Si un membre refuse, il est invité à rejoindre un lieu symbolique de sa régression, et de son refus de contribuer au progrès du groupe. (sa chambre, un berceau, une crêche symbolique qui protège l'infantile de chacun) Les rôles sont distribués. Ils tournent. On pourra réaliser des cartes décrivant les rôles et les distribuer ou effectuer un tirage au sort. Il n'y a pas de mérite particulier à faire valoir pour obtenir un rôle. Il n'y a pas de rôle plus important qu'un autre. Les moins « sages » pouvant aussi être les plus blessés ne seront pas exclus de ces responsabilités gratifiantes. Si les rôles sont mal tenus, la réunion est moins efficace, mais on ne remplace pas le responsable de ce rôle. Les autres rôles se complètent et peuvent assister, soutenir, guider, en fonction de leurs besoins pour se réaliser eux-mêmes.
  3. Les rôles.Le modérateur Raison d'être : emmener les participants vers un résultat, un progrès, une croissance individuelle et collective.Il annonce le début de l'atelier. Il invite chacun à agir selon son rôle. Il demande à chacun de s'exprimer sur le choix du sujet à traiter. D'après les résultats statistiques des choix des participants, il propose un sujet à traiter, il organise le vote. Il peut recommencer jusqu'à avoir une majorité.Il annonce le début de l'atelier sur la difficulté choisie. Il demande à chacun de proposer des solutions, pour eux, s'ils se trouvaient dans l'infraction qui est traitée. D'après les résultats statistiques (solutions les plus proposées, ou solution proposée par le contrevenant principal). Il propose une solution, il organise le vote. Il régule les interventions désordonnées, les bavardages. Il rappelle à la modération des propos, au respect mutuel, au ton mesuré. Il interrompt immédiatement les cris, les moqueries et les grincements de dents. Il prononce la fin de la réunion.Le LecteurRaison d'être : exposer fidèlement les faits sans humilier les auteurs, sans faire rire, en conservant tous les participants disponibles pour travailler ensemble à la séance.Il lit le cahier des râlages. Il ne cite pas les dates, les noms des contrevenants ou des victimes, seuls les faits sont décritsLe gardien du tempsRaison d'être : permettre à chacun de se préparer , de résumer à l'essentiel, d'éviter les débordements sentimentaux, aller aux faits.Il mesure le temps utilisé par chacun pour proposer une solution et le limite (2 à 3 minutes)Le rapporteurRaison d'être : officialiser et célébrer le travail accompli.En fin de séance, il énonce le sujet traité et la solution proposée. Il réalise une affiche qui sera affichée dans un lieu de passage ou un lieu de vie commune. Il félicite les participants.Le consolateurRaison d'être : prendre soin de chacun dans un moment où le travail sur soi peut bousculer.Des émotions vives peuvent surgir (colère, tristesse…). Le consolateur est chargé de manifester de l'empathie dans ces moments là en offrant un mouchoir, un verre d'eau, en invitant à respirer largement, ou si besoin à sortir de la pièce un moment pour s'aérer les esprits. Il accompagne celui qui sort pour lui tenir la main.Le participant: Raison d'être: Enrichir le groupe de sa capacité d'écoute, d'attention, de sa mémoire de ses propres expériences, de sa réflexion pour contribuer à la recherche de solutions utilisables par tous, quelles que soient les forces ou les faiblesses de chacun.Le participant applique les règles du groupe, en particulier la première: on ne se moque pas. Il ne commente pas la lecture du cahier des râlages, il ne se moque pas. Il écoute les autres participants, réagit de façon positive à leurs proposition, apporte une critique constructive, il ne se moque pas. Il se sent gratifié par les remerciements et les félicitations. Il remercie les autres de leur participation par un respect constant.S'il sent ses émotions l'envahir, il peut réfléchir au moyen de les exprimer brièvement, et demander à les exprimer, en respectant le temps de parole individuel. Il peut quitter un temps le groupe pour se calmer si des sentiments désordonnés l'assaillent.

Et si ça ne marche pas ?

La régulation de ces ateliers n'est pas immédiate. On observe que les enfants (et quelquefois les parents) arrivent avec leurs comportements habituels (harcèlement à la nuisance auditive, chantage affectif, menace, fuite, attaques …)Je préconise d'être subtil, entre identification des besoins, et rappel d'une part de l'amour inconditionnel qu'on a pour eux et des règles, qui elles ne sont pas conditionnelles: "Tu fais du bruit pour nous déranger, tu veux qu'on remarque ta présence, on te voit, on t'aime infiniment même quand tu te comportes mal, mais on serait tous mieux si tu te comportais bien, on t'aime et on t'attends.""Tu cries, tu es en colère, on voit ta colère, quels sont tes besoins ? Nous sommes à ton écoute : tu veux être modérateur à la place de ta sœur. Mais cette semaine, le tirage au sort a désigné ta sœur, ce sera toi peut être la prochaine fois, tu peux observer pour apprendre à jouer ce rôle, et t'appliquer pour bien tenir ton propre rôle…."S'ils sont étanches à vos arguments, ils continueront à vouloir troubler l'atelier mais vous resterez impassible : votre paix ne sera pas troublée. Si vous vous sentez oppressé(e), si la colère guette, prenez soin de vous, soyez à l'écoute de vos besoins, et dites le : «Je sens que j'ai besoin de ressources nouvelles pour supporter cette ambiance».

Témoignez, explicitez, montrez l'exemple : « je ne m'en vais pas, je ne fuis pas, je n'attaque pas, je dis mon malaise et je respire profondément pour me ressourcer et me calmer. »Respirez, recentrez vous. Vous observerez que plusieurs vous suivront et se ressourceront avec vous. Si cela n'est pas suffisant, demandez au gardien du temps, une suspension de séance pour vous absenter et vous réunifier… Mais en aucun cas ne jouez du chantage affectif ! ("Si tu continues comme ça, je m'en vais, tu ne viendras plus, on ne fera plus les ateliers etc")

Et si vous étiez accompagné ?

Quand j'identifie le besoin d'un tel outil dans une famille, je propose un plateau de jeu et ses cartes à jouer, pour matérialiser les rôles, gérer l'organisation de l'atelier et la gestion du temps. Le plateau a été conçu avec l'aide d'une famille pleine d'enfants très HPI, et un peu TDAH ... Il est malin et ça aide beaucoup!

J'anime en principe la première séance, quelquefois la deuxième, et je propose aux parents une supervision des séances suivantes pour les rassurer et identifier avec eux les progrès observables.

En effet, quelquefois les progrès d'un enfant très perturbateur, laissent de la place au dérèglement d'un autre enfant, ce qui laisse croire que les choses empirent…. Mais l'observation des signaux faibles montre systématiquement des progrès dans la confiance en soi et dans le développement de plusieurs habiletés cognitives et relationnelles.

En fin, tout au long de mon accompagnement, j'explique le fonctionnement cognitif de l'enfant, les étapes du développement de l'enfant, les aberrations observables dans les profils TDAH, HPI, HE etc et je propose des stratégies pour aider les enfants ( et adultes) à réguler leurs comportements et à mieux gérer leur pensée.

Cerise sur le gâteau, en récompense des progrès accomplis, j'offre à ceux que cela intéresse des ateliers d'Art Thérapie. vivre en famille ou en groupe. On y observe un comportement très concentré des enfants habituellement les plus perturbateurs…. Et cela accélère l'apprentissage de l'autorégulation, de l'autonomie, et du respect des autres.

Est-ce parce que c'est de l'art, de la thérapie ou parce que c'est cadeau ? Je vous dirais quand j'aurai un peu plus de retour d'expérience sur cette dernière partie de ce dispositif.

(D'ortoli (Fabienne), Amram (Michel). — L'école avec Françoise Dolto, Le rôle du désir dans l'éducation - Persée (persee.fr)

Histoire (ecoledelaneuville.fr)

https://artfamilial.com/ateliers/les-ateliers-dart-therapie/

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Écrit par

Sandrine de Monsabert

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