TCC pour le traitement des phobies et des troubles anxieux

Aujourd’hui 33% des personnes souffrent de phobies et de troubles anxieux en France. Cela peut rendre la vie quotidienne difficile au point de basculer dans la dépression et la solitude.

14 NOV. 2023 · Lecture : min.
TCC pour le traitement des phobies et des troubles anxieux

La TCC, Thérapie Cognitive et Comportementale, est une psychothérapie qui repose sur l'application de méthodes scientifiques pour traiter des troubles mentaux, dont les phobies. Elle se base sur les modèles des théories du conditionnement, de l'apprentissage, des sciences cognitives et de l'émotion.

Les sciences cognitives étudient les processus de pensées qui sont à l'origine du comportement qui influent sur les perceptions. Les émotions, quant à elles, sont caractérisées par un état affectif variable en fonction de l'humeur et des sentiments. La TCC est issue de deux courants différents qui ont fini par s'unir dans les années 1970. Une première composante comportementale issue des travaux scientifiques de I. Pavlov, JB. Watson et B.F Skinner, porte sur le conditionnement et les études du comportement animal et humain. Plus tard, des techniques d'exposition seront mises au point par Stamfl, J. Wolpe, T. Marks. La deuxième composante, essentiellement initiée par AT Beck, porte sur la partie cognitive.

La phobie est une forme de trouble anxieux. Il s'agit d'une peur démesurée et irrationnelle d'une situation ou d'un objet particulier. Elle peut devenir très invalidante, au point de devoir adopter des stratégies d'évitement qui vont impacter la vie quotidienne de la personne.

Comment s'articule un protocole de TCC ?

Les TCC sont classées dans les Thérapies dites « brèves » puisqu'elles durent entre 4 et 6 mois. Une première partie est réalisée en individuel ou en groupe, d'une durée de 6 à 8 séances environ, durant lesquelles le thérapeute sensibilise le patient sur plusieurs items.

Tout d'abord un premier travail de psychoéducation est effectué. Il porte sur les règles hygiéno-diététiques, puis le psychologue présente les différents modèles cognitifs liés aux phobies et aux troubles anxieux. Le but est de permettre au patient de comprendre quels sont ses processus cognitifs dans une situation phobique, pourquoi il ressent des émotions aussi intenses que la peur panique, pourquoi il a des symptômes aussi handicapants.

Prenons l'exemple de l'amaxophobie, c'est-à-dire la peur de conduire dans un ou plusieurs contextes. Une personne qui a peur de conduire, par exemple sur l'autoroute, va ressentir de la peur panique à l'approche de celle-ci. Elle va présenter des symptômes physiques telles que sudation, palpitations cardiaques, nausées, des sensations tellement fortes que la situation lui donne l'impression qu'elle va mourir, ou perdre le contrôle. Cela a pour conséquences pour bon nombre de personnes d'éviter de prendre l'autoroute, voir même d'éviter de conduire.

Tous ces mécanismes sont ainsi expliqués, ainsi que leurs origines, grâce à des modèles cognitifs étudiés par Beck, Emery ou Barlow. La compréhension est ici un élément majeur dans la thérapie. Le thérapeute travaille ensuite avec le patient sur ses pensées, celles qui surgissent automatiquement quand la personne se trouve en situation phobique. Par exemple, dans le cas de l'amaxophobie, le sujet se dit « je vais provoquer un accident », « je vais foncer dans le mur », « je vais mourir », etc…

Le thérapeute travaille alors avec le patient sur la remédiation cognitive, afin de modifier ses pensées automatiques, irrationnelles et erronées, en les remplaçant progressivement, en pratiquant différents jeux et exercices, par des pensées logiques et objectives. Le thérapeute va également durant ces séances, équiper le patient de différents « outils », qui lui permettront de mieux gérer ses émotions en situation phobique et de vivre progressivement la situation plus sereinement. La deuxième grande partie du protocole, réalisée en individuel, consiste en l'exposition en situation phobique à l'aide de la réalité virtuelle : la TERV : Thérapie par Exposition à la Réalité Virtuelle.

Comment s'articule un protocole de TCC ?

Il s'agit d'un outil révolutionnaire et ludique en plein essor, notamment dans le monde de la santé biologique et mentale. Il est écologique, il permet de gagner du temps, et surtout il permet au patient de s'exposer progressivement, accompagné par son thérapeute. L'aspect « progressif » est un principe fondamental et indispensable pour une bonne réussite de la thérapie. Le patient peut ainsi se confronter sans aucun risque, aux côtés de son thérapeute, en pratiquant les exercices appris. Ainsi le cerveau est en immersion totale en toute sécurité. Le patient va pouvoir reprendre confiance progressivement et surmonter sa phobie.

La réalité virtuelle permet de récréer n'importe quelle situation et de paramétrer précisément le contexte voulu. Par exemple, pour l'aviophobie, c'est-à-dire la peur de prendre l'avion, il est possible de paramétrer des situations dans l'aérogare, ou dans l'avion, de choisir le nombre de personnes, leur humeur (souriant, agressif, etc..), un décollage, un atterrissage, des turbulences, etc… Pour l'amaxophobie, c'est-à-dire la peur de conduire, il est possible de paramétrer le nombre de voitures, la météo, le moment de la journée (jour/nuit). Le patient conduit dans des situations totalement réelles puisqu'il possède un volant et des pédales.

Quels résultats ?

Auparavant les critiques sur les TCC portaient sur l'assiduité et la possibilité d 'être exposé à un environnement. En effet, la confrontation progressive à l'élément phobique est un élément indispensable à la réussite de la thérapie. Or, avant que la Réalité Virtuelle n'existe, il était fastidieux, couteux et chronophage d'accompagner un patient dans l'avion, en voiture ou en haut d'un building.

Aujourd'hui la Réalité Virtuelle permet de surmonter les inconvénients, donc ne sont plus d'actualité. L'efficacité thérapeutique des TCC a été démontrée par des résultats d'études cliniques publiées : AT Beck (1991), Sweet (1991), Chambless (1993), Bunmi (2010), Cujipens (2016). Le NICE (National Institute of Health and Clinical Excellence) considère la TCC comme le traitement standard des troubles mentaux dès 2007. Aux USA, le NIMH (National Institut for Mental Health) utilise la TCC depuis 2010 pour le traitement des phobies et des troubles anxieux.

Si vous êtes concerné par un problème de phobie, de TOC ou de troubles anxieux généralisés, ne laissez pas ce handicap vous incommoder ou vous envahir. N'hésitez pas à me contacter pour en discuter et je vous expliquerai comment il vous est aujourd'hui possible de retrouver une vie « normale » et « sereine » grâce aux TCC.

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Écrit par

Angélique Fregossy

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Bibliographie

  • Malbos, E; Oppenheimer, R (2020). Psychothérapie et Réalité Virtuelle. Odile Jacob.

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