Comment traiter une dépression résistante ?

Forme clinique de dépression mal connue, elle pourrait concerner entre 15 et 30% des personnes souffrant de dépression. Cependant de récentes avancées scientifiques pourrait les aider.

17 JUIL. 2018 · Lecture : min.
Comment traiter une dépression résistante ?

On estime entre 2 et 3 millions le nombre de français touchés par la dépression et selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) elle compte parmi les dix pathologies majeures du XXIème siècle. 

On peut parler de dépression lorsqu’une personne réunit au moins cinq des douze symptômes mentionnés ci-dessous pendant une période d’au minimum deux semaines :

  • Douleur morale (tristesse inhabituelle),
  • Perte de plaisir,
  • Perte d’élan vital (se lever, aller travailler, se faire à manger),
  • Fatigue récurrente,
  • Une baisse d’appétit,
  • Des troubles du sommeil,
  • Des difficultés d’attention et de concentration,
  • Une irritabilité exacerbée,
  • Des idées noires,
  • Une diminution importante de l’estime de soi,
  • Un ralentissement psychomoteur,
  • Présence de douleurs physiques qui semblent inexplicables.

Si, pour la plupart des personnes concernées, une prise en charge thérapeutique éventuellement complétée par un traitement médicamenteux soulage la souffrance, un certain nombre de patients souffrent de dépression résistante.

La dépression résistante est une forme particulière de dépression qui se caractérise par la persistance de l’épisode dépressif malgré le traitement mis en place ou qui n’évolue pas suffisamment favorablement malgré ce traitement. 

Des travaux de recherche dirigés par Eleni Tzavara (Directeur de Recherche Inserm, Neuroscience Paris et IBPS), en collaboration avec une équipe menée par Raoul Belzeaux (Institut de Neurosciences de la Timone, Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille) et avec une équipe franco-canadienne dirigée par Bruno Giros (Directeur de Recherche CNRS et Chaire de Recherche du Canada à l'Institut Universitaire en Santé Mentale Douglas) apportent de l'espoir aux français concernés par la dépression, en sachant qu'une personne sur deux n'est pas ou mal prise en charge.

La perte de sens comme explication possible de la dépression

Les travaux des auteurs existentialistes comme Viktor Frankl ou encore Irvin Yalom donnent une approche phénoménologique de la dépression. 

En effet, il existe un rapport intéressant entre la perte de sens et la dépression. Si un sujet n’a plus envie de se lever le matin pour aller travailler, ou s’il n’est plus en adéquation entre ce qu’il dit, ce qu’il fait, sa volonté de sens se voit « attaquer » par la vie, par l’absence de choix significatif, de ses valeurs. Ce qui peut former des frustrations existentielles pouvant amener à une crise de l’existence ainsi qu’au vide existentiel. Une psychothérapie existentielle pourra alors apporter à la personne à prendre conscience qu’il peut redevenir « acteur » de sa vie en prenant conscience de l’importance de ce qu’il est, qu’un choix n’est pas simplement un regret, des conséquences. Mais qu’il peut aussi apporter beaucoup plus de liberté. 

Une protéine responsable de la dépression ?

Leurs recherches scientifiques ont démontré le lien entre une protéine, Elk-1, et la dépression résistante. Cette protéine convertit les signaux transmis à nos cellules permettant leur fonctionnement. La dépression est souvent due à des facteurs biologiques et psychologiques, mais les chercheurs ont découvert que les personnes déprimées avaient un mauvais équilibre de cette protéine Elk-1, altérant les communications biologiques. Cette découverte a été faite sur les humains, mais aussi sur des modèles animaux.

On considérait jusqu'à présent que la dépression était due à un déséquilibre entre sérotonine ou dopamine (les fameuses "hormones du bonheur") et cortisol (hormone du stress). Or, cette découverte scientifique prouve que le déséquilibre pourrait se faire au niveau du traitement de l'information par les cellules.

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Une réelle avancée pour les patients qui ne voient pas leur état s'améliorer, même sous anti-dépresseurs : et en effet, les anti-dépresseurs augmentent le taux de certains neurotransmetteurs (comme la sérotonine), mais n'agissent pas au niveau cellulaire. Si la cellule ne s'adapte pas à l'information et ne la transforme pas, les anti-dépresseurs peuvent n'avoir qu'un effet faible.

Un espoir pour une meilleure prise en charge

La découverte donne l'espoir de la création d'un médicament qui permettrait de rééquilibrer la protéine Elk-1, probablement combiné à des anti-dépresseurs classiques, afin de guérir des dépressions résistantes.

En attendant la création de ce traitement, il suffirait d'une prise de sang pour étudier la variation de Elk-1 chez des patients dépressifs dans des environnements variés (en cas de troubles de l'humeur, de stress...), afin de mieux comprendre le lien entre cette protéine et l'apparition de la dépression résistante. Les scientifiques pensent également que toutes les personnes souffrant de dépression ne connaissent pas une altération de Elk-1, mais ont fait des découvertes montrant que les personnes développant des dépressions résistantes et ayant une carence en Elk-1 étaient plus sujettes aux stress sociaux, aux traumatismes de l'enfance ou à l'environnement.

En attendant qu'un traitement médicamenteux voie le jour, ces connaissances permettraient de dépister de façon précoce la dépression, et ainsi de proposer un suivi totalement personnalisé à chaque patient.

Photos : Shutterstock

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Commentaires 2
  • Zaz

    Très intéressant, où on en est de cette découverte, le médicament est -il sur le marché ? Merci

  • Tsar

    "les personnes développant des dépressions résistantes et ayant une carence en Elk-1 étaient plus sujettes aux stress sociaux" Vous n'avez rien compris: c'est la sur-expression d'ELK1 qui favorise les symptômes dépressifs.... Merci de mieux faire votre travail à l'avenir.

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