Comprendre la dépression : asthénie, anhédonie et aboulie

Quand vous dites à quelqu’un que vous êtes en dépression, sa première réaction est de vous dire : “ne sois pas triste !" ou quelque chose comme ça...

21 JUIN 2019 · Dernière modification: 4 SEPT. 2019 · Lecture : min.
Comprendre la dépression : asthénie, anhédonie et aboulie

Quand vous dites à quelqu’un que vous êtes en dépression, sa première réaction est de vous dire : “ne sois pas triste !" ou quelque chose comme ça... Même vos proches, ceux qui vous connaissent le mieux, agissent ainsi. Seuls ceux qui l’ont vécu et (certains) professionnels ainsi que ceux qui ont vécu aux côtés de ceux qui souffrent le comprennent. Parce que la dépression, en particulier la Grande Dépression, est un trouble mental (sévère). En ce sens, on ne peut pas la réduire à un sentiment, comme la tristesse.

Bien sûr, le fait que la dépression ne soit pas synonyme de tristesse ne signifie pas qu’il n’y a pas de tristesse dans la dépression. Au contraire, cette émotion est l’une des manières la plus basique de s’exprimer. Mais cette pathologie va bien plus loin que d’être triste. Et il ne s’agit pas seulement d’une question quantitative, de savoir si elle est plus intense ou si elle dure plus longtemps. Au contraire, c’est une expérience beaucoup plus complexe. La tristesse est, ou peut être, un symptôme, mais ce n’est pas le seul et ça ne la définit pas. La dépression a plusieurs façons de se manifester.

Symptômes de la dépression

Les autres symptômes les plus courants sont les suivants :

  • troubles du sommeil et/ou de l’appétit ;
  • irritabilité ;
  • pensées négatives ;
  • idéalisation ou comportement auto-lithique conscient ou inconscient (se faire du mal à soi-même ne se réduit pas aux tentatives de suicide).

Il serait très difficile de résumer toutes ces expériences en un seul article. Je ne me concentrerai donc que sur trois de ses symptômes, qui sont souvent ceux qui génèrent le plus d’incompréhension. Je parle de l’asthénie, de l’anhédonie et de l’aboulie.

Asthénie, Anhédonie et Aboulie : que signifient ces mots rares ?

L'Asthénie signifie littéralement sans force. Cela, ne doit pas être cependant confondu avec de la faiblesse physique. C’est un sentiment généralisé de fatigue, d’épuisement, comme si vous aviez fait un effort énorme et prolongé dans le temps. Ce qui ne correspond pas du tout à vos actes réels. L’épuisement vient de l’intérieur. Il grandit même quand vous en faites moins. C’est ainsi que l’on entend souvent dire : de quoi es-tu fatigué ? Vas-y, ne sois pas paresseux/se !

C’est peut-être le point le plus difficile à faire comprendre à ceux qui n’ont pas vécu un épisode de dépression : l’asthénie est réelle, vous n’êtes pas un simulateur, vous n’êtes pas paresseux, mou ou un autre défaut de personnalité. Vou n'avez pas souhaité vous retrouver comme ça, ça ne dépend pas de votre volonté. Les gens comprennent facilement que le stress fatigue autant que l’activité physique, mais ils ne voient pas que la dépression peut avoir le même effet.

Vous souhaitez agir, être celui que vous avez toujours été, mais vous n'avez pas la force de prendre soin de vous-même. C’est désolant. Et vous ne savez pas comment changer cette situation. Aussi étrange que cela puisse paraître, se reposer n’est pas une façon de se remettre de l’asthénie. Comme une batterie déchargée, vous devez agir, faire quelque chose pour vous sentir mieux.

Cependant, lorsque vous vous mettez à l’action, vous ne devez pas seulement combler le manque d’énergie. Vous devez également faire face à un manque de satisfaction. Et c’est un autre mur très difficile à escalader. Quand vous traversez un épisode de dépression, apprécier, et même ressentir sont des choses que vous n'arrivez pas à obtenir. Ce symptôme est appelé l’Anhédonie, et il se réfère à l’incapacité de ressentir du plaisir. Ce qui auparavant vous satisfaisait ne fonctionne plus. Les stimuli agréables ne sont plus stimulants.

La recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir sont censés être les deux moteurs fondamentaux de notre existence, nos deux sources de motivation. Quand on traverse une dépression, les deux sources s’abîment. Vous ne pouvez pas échapper au déplaisir, parce qu’il vient de l’intérieur. Et vous ne ressentez plus de plaisir, tout comme vous n'appréciez plus rien.

Compte tenu de cette carence de motivation, l’aboulie est également considérée comme un symptôme de dépression (majeure). Un mot qui signifie “sans volonté”. Et il n’est pas si difficile de comprendre pourquoi cela arrive : si vous n’avez pas d’énergie et si vous n’êtes pas satisfait de ce que vous faites, vous n’êtes pas motivé pour agir. Ainsi, vous perdez la capacité à ressentir du plaisir et vous ressentez un intense déplaisir intérieur dont vous ne pouvez pas vous échapper… Pourquoi vous ne faites rien ? Il est très difficile de trouver une réponse satisfaisante à ce dilemme, parce que vous n’enregistrez pas les stimuli présents et, en même temps, la dysphorie vous monte à la tête, peu importe ce que vous faites. De cette manière, sans motivation,  vous vous laissez aller, jusqu'à atteindre le fond.

L’Asthénie, l’Anhédonie et l’Aboulie sont le trident qui déchire votre existence. Quand la dépression vous attrape dans ses filets, vous vous dispersez dans le Néant. La dépression (majeure) est un déficit de vie, un vide d’être. Quand vous tombez dedans, vous êtes en manque d’énergie vitale, de plaisir et d’action. On se sent comme une bougie à laquelle sa cire s’épuise, on se consume dans l’obscurité.

Bien sûr, il est possible de se sortir de la dépression, comme de la dépression majeure. C’est pourquoi on parle d’épisodes et non d’un type de personnalité. Vous n’êtes pas un dépressif, vous traversez une dépression. Bien sûr, quand vous êtes au milieu de la tempête, il semble que la dépression ne se finira jamais. Mais d’ici, par ma propre expérience, je voudrais souligner que, même si personne n’est à l’abri d’éventuelles rechutes, ces épisodes sont traversés.

Photos : Shutterstock

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Commentaires 17
  • Bullou

    Bonjour, tout ceci correspond exactement à moi, 77 ans. Je suis handicapée, ostéoporose et arthrose, BPCO dernier stade, fracture de l'épaule, du genou droit, et douleurs terribles au bas du dos, je ne peux plus me déplacer qu'en fauteuil roulant poussé par mon mari (82 ans) pour aller voir médecins et spécialistes à Albi, 30 kms de chez nous. Hospitalisation de 3 mois aux urgences réa , service cardiologie hôpital d' Albi. J'ai été à 1 doigt de la mort pendant 5 jours, quand mon cœur s'est remis à battre. Puis hôpital de Graulhet pour rééducation à la marche qui n'a pas fonctionné. Depuis rien ne va plus, je reste couchée sous masque à oxygène, j'ai des aérosols, lunettes nasales branchées sur le compresseur, plus le droit de faire deux pas dehors même avec le déambulateur, et surtout je ne ressens plus rien… je ne supporte plus mes deux fils et mes petits-enfants, je perds la mémoire immédiate mais pas la mémoire ancienne que je voudrais oublier, j'aimais jardiner, cuisiner, mais je ne peux et n'ai plus envie de rien faire, je ne veux voir personne. J'adorais lire et écrire, c'est terminé. Je donne tous mes livres. plus de concentration et de mémoire. JE N'AI PLUS ENVIE DE VIVRE, c'est une NON-VIE, et je gâche les dernières années de mon mari qui a 82 ans et aimerait bien voir ses enfants et ses amis de temps en temps. Il est très sociable, mais c'est mon "aidant" et il passe son temps à s'occuper de moi. Il sacrifie ses dernières années. Je n'en peux plus. Grâce à ma BPCO qui s'aggrave, j'ai écrit mes directives anticipées, mais seront-elles vraiment appliquées si je meurs par étouffement ? Je préfère prendre les devants, j'ai tout un stock de médicaments à la maison qui m'aideraient à en finir. En hospitalisation à domicile, j'ai médecin et infirmiers qui viennent me voir chaque semaine pour remplir le pilulier, prendre les constantes etc. Pour eux tous, tant que la physique va à peu près bien, ça va. Mais personne ne me demande si le moral va bien. J'ai aussi un problème à la tête du côté gauche, mais je ne sais plus quoi. Voilà en gros, mais j'ai dû oublier des tas de choses. L'essentiel est que je ne veux plus vivre. Merci de m'avoir lue.

  • flavio94

    Ce qui est dommage c'est qu'il n'y a aucun témoignage de sortie. Personne témoigne en disant qu'il s'en ai sorti et donne des conseils. Avec tout le respect

  • Jfbocquet

    Bonjour, Je vis cette situation actuelle depuis 2019 Suite à un épuisement professionnel reconnu car pour mon cas je voyais et je vivait que pour mon travail, jusqu'au jours que mon corps a dit stop je pouvais plus avancer, actuellement très difficile à comprendre, plus d'énergie que des pensées négatives, mais je veux y'arriver L'aboulie, l'anesthésie, dépression,... A 52 ans après 32 ans de travail accomplie, c'est difficile de rien faire et manquer d'énergie et de volonté, j'ai décidé de m'en sortir, donc cette article m'aide à rebondir et à essayer de trouver une solution et pour m'a part fini la restauration. Bon courage à vous. Et trouvé un moyen, donc ont m'a conseillé De faire partie d'une association pour laquelle je pourrai Avancer et voir du monde et me rendre utile,

  • CHLOÉ !!

    Ces épisodes ne sont simplement traversés, ils reviennent encore et encore et n'en finissent pas.

  • Jean patrick

    Je crois que je vis ça. Depuis plus de 3 ans. Ne pouvant voir un psy, je cherche des moyens constants d’en sortir , et bien souvent la solution qui me paraît évidente c’est de mettre fin à tout ça en me retirant la vie. Après pour d’autres facteurs familiaux, quand je regarde ma mère et son attachement à moi je n’ose pas franchir ce cap car je la tuerai aussi si je meurt. Mais la situation devient de plus en plus pesante et j’en peu vraiment plus... merci pour cet article qui nous donne d’en savoir plus et qui nous transmet l’espoir de guérison. Pour vous citer, je ne suis pas dépressif , je traverse une phase de dépression. Ceci sera ma formule quand je serai au plus bas

  • Sissi75

    Bonjour, l article est très intéressant, mais comment traiter ces troubles , les anti dépresseur n'ont aucun effet sur moi. On me parle plus tôt de dissociation ou dépersonnalisation, pourtant les symptômes decrit ressemble plus à mon état . Je cherche des solutions depuis plus de deux ans et mon état ne s'améliore pas .

  • Zaz

    Vous avez raison de préciser certains professionnels, mon médecin traitant qui me suis depuis au moins 30ans, mettait asthénie de 2015 à 2018, il n’a jamais mis le mot dépression sur le diagnostic. J’étais tellement fatiguée que j’ai changé de médecin plus près de chez moi. Au bout de 3 ans la dépression était bien installée, mais je ne savais pas ce que c’était. Mon nouveau médecin a fini par m’annoncer que je faisais une dépression. Et aujourd’hui les médecins experts et médecins du comité médical disent que je suis en maladie ordinaire justifié malgré l’attestation de mon psychiatre. La dépression, maladie ordinaire comme un rhume, de qui se moque t-on?

  • Sissi75

    Je suis exactement dans cette état depuis presque 2 ans , suite à une maladie chronique, je n'arrive pas à m'en sortir malgré mes efforts qui m'épuise chaque jour les traitements n'ont pas fonctionné je ne sais plus comment m'en sortir.

  • Coco

    Je suis en pleine dépression depuis presque 1 année vraiment comme vous avez écrit, comment guérir si vous avez des conseils merci

  • Solitude...

    Je voudrais sortir de cette tempête


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