Et si la peur était mon meilleur allié ?

Avez-vous remarqué que c'est souvent dans les périodes de plus grands troubles de notre vie que nous puisons les plus belles forces au fond de nous.

7 NOV. 2022 · Lecture : min.
Avoir peur

Divorce, perte d'être cher, perte d'emploi, dépression, c'est souvent quand la peur nous assaille, que nous nous sentons perdus, abattus, désespérés que finalement il se passe en nous des déclics, des compréhensions, souvent source de grande satisfaction intérieure. C'est comme si finalement il nous fallait tomber très bas pour « toucher le fond » et nous donner l'impulsion qui nous permettra de remonter à la surface.

Mais que se passe t-il réellement et pourquoi avons-nous cette sensation de tomber ?

Lorsque nous traversons une période difficile, nous nous trouvons confronter à nos propres limites physiques, et nous focalisons sur elles, à savoir : nous sommes des êtres mortels, tout a une fin, tout peut s'arrêter à tout moment, je suis seule et il y a les autres, je peux être oublié, rejeté pendant que les autres continuent à vivre. On se sent alors « séparé » en nous et « séparé » des autres et la peur nous habite, prenant petit à petit toute la place. C'est comme si ce qu'il y a de plus vivant en nous était voilé, étouffé.

Il y a alors deux façons de réagir :

  • Soit cette peur est tellement insupportable que nous allons la combler avec tout ce qui passe : la nourriture, le sommeil, la non-action, le travail, la présence des autres, les achats compulsifs, l'alcool, les drogues etc…Mais alors nous fuyons inlassablement ce qui crie en nous. Notre état s'empire parceque moins nous écoutons ce qu'il y a en nous plus nous nous sentons « séparés ». Nous pouvons continuer comme ça jusqu'à "toucher le fond".
  • Soit nous acceptons de regarder cette peur nous habiter et nous apprenons à composer avec elle.

Ok si cette émotion est là en moi, qui prend toute la place, c'est certainement parcequ'elle a quelque chose d'important à me dire. Si je commençais par m'offrir du temps pour l'écouter ? Que me dit-elle ? quel est son message ? C'est comment de rester au contact de sa présence ? Est-ce que je peux aller observer de l'intérieur l'état de mon cœur, de mon système digestif, de ma respiration affectée par cette peur ? Est-ce que j'accepte de regarder combien c'est douloureux et horrible de vivre cela? Est-ce que je peux accepter de « rester au fond » ?

Ok j'accepte que tout cela se passe en moi en ce moment précis. Je suis spectateur de mon état intérieur mais je ne suis pas cette peur. Elle est en moi mais elle n'est pas moi.

Maintenant que je suis en face de cette peur, que je peux la regarder sans fuir :

Qu'est-ce que j'ai envie de lui dire ? est ce que je souhaite lui donner un nom ? une forme ? une couleur ?

J'accepte que cette peur fasse partie de moi en ce moment et j'accepte de marcher avec elle main dans la main, car si elle est là c'est qu'elle m'alerte, qu'elle me protège d'une certaine façon. Elle me rappelle probablement une partie de ma vie qui a été traumatisante pour moi et que j'ai oublié. Elle, elle a tout enregistré et elle fait remonter ces mémoires enfouies en moi. Donc elle me veut du bien. Je peux même lui faire confiance.

Je peux aussi lui dire que je ne souhaite pas qu'elle prenne toute la place car j'ai besoin d'être sereine et confiante pour avancer.

Peut être alors que dans ce dialogue viendront des idées, des solutions, des ressources pour se sentir mieux. Peut-être que de nouvelles portes et pensées se présenteront.

Peut-être aussi que, même si j'ai peur, je peux quand même faire des actions et mobiliser de l'énergie pour me sentir mieux en sachant que la peur est à mes côtés, qu'elle m'accompagne, qu'elle me soutient...comme une alliée.

En agissant ainsi, je m'aperçois que la peur est juste un voile, un rideau qui me « sépare » de ma réalité profonde et qu'il suffit de le traverser pour s'en alléger. De l'autre côté du voile se trouvent de nouvelles possibilités que je n'avais même pas considérées avant, tellement j'étais aveuglée par cette peur.

Et alors, je ne me sens plus seule, je me sens profondément reliée, inspirée et soutenue par le monde qui m'entoure. Je suis à nouveau alignée et en harmonie avec moi même et avec le monde.

"L'homme s'inquiète moins des problèmes réels que de ses anxiétés imaginées à propos des problèmes réels." -Épictète-

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Hélène Chambris

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Bibliographie

  • "Méditer jour aprés jour", Christophe André, 2011

  • "La peur d'avoir peur", Guide de traitement du trouble panique et de l’agoraphobie,  André Marchand, 1993

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Commentaires 1
  • Christelle

    Merci Hélène, bel article très utile et très éclairant !

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