Les couples malheureux et qui font tout pour le rester

Le couple , les dangers d'une communication erronée, ce qui se traduit par des tensions permanentes et des conflits qui devient un mode d'expression normalisé. Comment peut-on y remédier ?

10 MAI 2021 · Lecture : min.
Les couples malheureux et qui font tout pour le rester

Il s'agit ici de mettre en évidence, tout ce que font les couples malheureux pour l'être et le rester. Je m'appuie ici sur l'excellent travail d'Yvon Dallaire(*), psychologue québécois, qui a mis en évidence les traits qui sont communs à ceux qui s'acharnent à se faire souffrir mutuellement.

Les ingrédients de bases sont les suivants et ils peuvent être mis à contribution avec beaucoup d'application et de ténacité, par chacun des protagonistes mais sur des modes différents :

1 - La critique ironique et la banalisation

À peine l’un tente-t-il de s’exprimer sur un sujet personnel ou commence-il à mettre en cause l’autre que des sarcasmes, de l’ironie ou une récupération par la banalisation : « mais nous sommes comme les autres, les autres aussi ont des problèmes pour se comprendre, ils font avec sans se casser la tête à vouloir chercher la petite bête… » Ce qui entraîne une contre offensive, dans laquelle l’autre retourne l’accusation et tente de mettre l’autre sur le même plan.

Exprimer son ressenti face à un comportement, n’a pas le même effet que de faire un reproche, une critique sur la personne, en pratiquant la relation klaxon à base de tu : « tu ne fais jamais ce que tu dis, tu ne me respecte pas en arrivant en retard sans me prévenir, tu ne changeras jamais, c’est toujours les autres qui passent en premier pour toi, tu ne penses qu’à ton petit confort, tu es vraiment un parfait égoïste… »

2 - Le mépris

Quand l’un des partenaires ne peut plus, non seulement admirer sa compagne ou son compagnon, mais qu’il l’accable de sarcasmes, de disqualifications explicites : « mais regardes donc comment tu t’habille, comment tu es grosse, comment tu es incapable de remplacer une simple étagère dans la cuisine, comment tu oublie tout, comment tu ne te respecte pas avec ton patron… » ou encore de jugements de valeur implicites par des mimiques, des ricanements, moues dédaigneuses.

Le mépris vise à humilier, à rabaisser l’autre, de préférence devant les autres. Mais le mépris engendre le mépris, car celui qui est ainsi méprisé se demande à un moment donné : « si l’autre n’est pas encore plus bête que lui, de continuer à vivre avec, de poursuivre une relation qui lui paraît si nulle, si débile… »

3 - L’attitude défensive

Devant les reproches, les attaques, les critiques ou les mises en cause de l’autre, celui qui se défend, se justifie, qui veut faire la preuve que c’est l’autre qui a tort, ne sait pas qu’il entretient ainsi le conflit. En voulant montrer que son partenaire se trompe, en voulant marquer des points, il relance les accusations qui deviendront de plus en extrêmes.

4 - La dérobade

L’un des partenaires, souvent l’homme, s’enferme dans le silence. Il fuit dans l’action, quitte la cuisine ou l’appartement, quand l’autre tente de le mettre en cause, de lui dire : « je voudrais que nous parlions » ce qui signifie le plus souvent : « j’ai des choses à te dire qui ne vont pas te faire plaisir ! ». Parfois il l’énonce clairement : « parle toujours, ça entre par une oreille, ça ressort par l’autre » ou encore : « de toute façon je sais ce que tu vas encore me dire, tu n’es jamais contente, tu ne sais pas changer de disque, tu sais bien que ça ne sert à rien de parler, on va s’énerver inutilement… ».

Ce qui blesse encore plus celui qui voudrait non seulement parler mais être entendu, qui voudrait aussi que l’autre dise ce qu’il ressent, éprouve, pense sur tel ou tel problème.

La mise en œuvre de ces quatre comportements, maintient un état d’insatisfaction mutuelle, de tensions qui ne s’évacuent pas, de conflits endémiques qui vont collaborer au mal être, au malaise de chacun. C’est la façon dont un couple se dispute et non la fréquence des disputes, c’est la façon dont les scénarios se répètent, s’imbriquent l’un dans l’autre qui permet de prédire une évolution douloureuse et souffrante.

Comment sortir de ce schéma ?

  • Prendre conscience du mode de communication destructeur ;
  • Envisager une thérapie de couple et individuelle  ;
  • Apprendre à se parler de manière sans jugement (CNV) communication non violente :
    • 1- DIRE avec ses mots (expliquer le sens des mots)
    • 2- ETRE ENTENDU , c'est-à-dire prendre en compte ce qui est dit
    • 3- VALORISER l'autre (dire merci) reconnaitre ses efforts
    • 4- BESOIN D'être reconnu pour ce que l'on est et tel que l'on est et pas dans une projection
    • (pour cela chacun doit savoir qui il est)
    • 5- INTIMITE personnel et commune
    • 6- BESOIN DE CREER construire des projets simples, chacun son tour
    • 7- BESOIN DE REVER que demain sera meilleur

Vivre en couple, qu'est-ce que cela doit être ?

C'est aussi apprendre à négocier sans cesse… avec soi-même. C'est apprendre à vivre des sentiments multiples et parfois antagonistes.

« Je peux aussi t'aimer et te détester ou me blesser sans cesse à la relation que tu me proposes et que, cependant, j'accepte ».

« Je peux me sentir aimé et éprouver le sentiment que mon amour à moi, n'est pas reçu… par toi ».

« Je peux découvrir avec regret que ce n'est pas avec toi que je pourrai combler mon besoin d'échange et de partage

Vivre en couple ou comment vivre à deux en étant différents ?

Au-delà de la rencontre amoureuse, qui est toujours limitée dans le temps, encore faut-il apprendre à vivre la relation dans une continuité (temps et espace) dans la durée, si les deux partenaires envisagent de créer un couple.

Toute rencontre amoureuse, outre la part d'imprévisible et de mystère qui s'y attache, est fondée sur l'attirance (à sens unique ou réciproque), sur l'existence de sentiments (à sens unique ou partagés) sur des projections réciproques qui auront par la suite à se confronter avec la personne réelle.

Une relation de couple, conjugale ou non, va s'articuler, autour de 4 composantes personnelles :

  • Être délié pour pouvoir s’allier ;
  • Être suffisamment autonome affectivement et matériellement pour pouvoir s’engager ;
  • Être capable de proposer un projet de vie en commun inscrit dans un avenir à construire à deux ;
  • À cela s’ajoute une capacité (présente ou à développer) de se proposer mutuellement des communications et des échanges de qualité qui seront à mettre en œuvre au quotidien, pour alimenter, vivifier une relation de respect mutuel.

Ainsi chacun des partenaires d’un couple aura à dépasser et à démystifier les images écrans qui ont présidé à la rencontre et à se dégager, trouver la bonne distance avec les relations significatives passées (familiales, autres amours, engagements antérieurs…)

Chacun des partenaires aura à apprendre à vivre à l’intérieur d’une relation proche constituée par une double intimité :

  • intimité commune et partagée,
  • et intimité personnelle et réservée.

Ils auront à se donner les moyens de vivre des confrontations au quotidien (et non des affrontements), à se soutenir (et non à se nier, se disqualifier ou se dévaloriser), à s’amplifier et non à se concurrencer ou à se combattre comme il arrive parfois.

Toute relation de couple se traduira en un plus de vivance et de bien être si chacun des partenaires est conscient d’un devoir de clarification et d’évolution autour de différents enjeux, dont je résume l’essentiel.

Développer une capacité d’autonomie affective

Pour s’allier avec l’autre, il vaut mieux avoir déjà fait alliance avec soi-même. La connaissance de soi entraîne une responsabilisation plus grande envers ses propres sentiments et ressentis intimes. « Je suis responsable de ce que j’éprouve, je n’ai pas à rendre l’autre responsable de ce qui m’habite et me traverse. »

Apprendre à se respecter et à respecter l’autre dans ses différences, cela veut dire “ne plus se laisser définir par l’autre”. Ce n’est ni le compromis, ni la soumission, ni les concessions qui maintiennent deux êtres ensemble, mais l’affirmation et la reconnaissance des différences est aussi apprendre à négocier sans cesse… avec soi-même.

  • C’est apprendre à vivre des sentiments multiples et parfois antagonistes :

« Je peux aussi t’aimer et te détester ou me blesser sans cesse à la relation que tu me proposes et que, cependant, j’accepte ».

« Je peux me sentir aimé et éprouver le sentiment que mon amour à moi, n’est pas reçu… par toi ».

« Je peux découvrir avec regret que ce n’est pas avec toi que je pourrai combler mon besoin d’échange et de partage

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Catherine Maquére

Psychothérapeute et psychanalyste, conseils en ressources humaines, elle est vers une orientation humaniste. Son travail est une passion : découvrir, accompagner les autres vers le bien-être et la découverte de soi, donner des outils, être accompagnant, donner et recevoir. Phytothérapeute, je maitrise la sophrologie, somatothérapie et TCC.

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Bibliographie

  • Quand la girafe danse avec le chacal, de Serena RUST
  • Jamais seul ensemble, de Jacques Salomé

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