Mieux comprendre l'auto-compassion

Pouvons-nous nous soutenir au quotidien avec bienveillance plutôt qu'avec exigence et critique ? C'est l'ambition de l'auto-compassion...

19 MAI 2022 · Lecture : min.
Mieux comprendre l'auto-compassion

Mieux comprendre l'auto-compassion

Kristin Neff, professeure agrégée de développement humain et de culture à l'Université du Texas à Austin et pionnière dans le domaine de la recherche sur la compassion personnelle, a mené des recherches sur l'auto-compassion et a découvert que les personnes compatissantes envers elles-mêmes sont beaucoup moins susceptibles d'être déprimées, anxieuses et stressées, et sont beaucoup plus susceptibles d'être heureuses, résilientes , et optimistes. En synthèse, elles ont une meilleure santé mentale et sont plus aptes à traverser les situations émotionnellement difficiles.

Le pouvoir de l'auto-compassion est réel et se manifeste dans notre corps. Lorsque nous apaisons notre propre douleur, nous puisons dans le système de soins des mammifères. Et l'un des principaux modes de fonctionnement du système de soins consiste à déclencher la libération d'ocytocine. Les recherches indiquent que des niveaux accrus d'ocytocine augmentent fortement les sentiments de confiance, de calme, de sécurité, de générosité et de connexion, et facilitent la capacité à ressentir de la chaleur et de la compassion pour nous-mêmes et les autres.

Nous observons que l'ocytocine est libérée dans diverses situations ? Par exemple lorsqu'une mère allaite son enfant, lorsque les parents interagissent avec leurs jeunes enfants ou lorsque quelqu'un donne ou reçoit une caresse douce et tendre. Parce que les pensées et les émotions ont le même effet sur notre corps, Kristin Neff indique que l'auto-compassion peut être un puissant déclencheur de la libération d'ocytocine et qu'ainsi l'auto-compassion en pleine conscience va stimuler le développement de cette ressource mieux-être.

À contrario, l'autocritique, les jugements ou les exigences, vont avoir un effet très différent sur notre corps. L'amygdale est la partie la plus ancienne du cerveau et est conçue pour détecter rapidement les menaces dans l'environnement. Lorsque nous vivons une situation menaçante, la réaction de combat ou de fuite est déclenchée et l'amygdale envoie des signaux qui augmentent la pression artérielle, l'adrénaline et le cortisol, afin de mobiliser l'énergie nécessaire pour affronter ou éviter une menace. Bien que ce système ait été conçu par l'évolution de l'humanité pour faire face aux attaques physiques, il est tout aussi facilement activé par notamment le stress ou la peur.

« Le cerveau ne fait aucune différence entre le réel et l'imaginaire, entre un danger réel et un stress issu d'une pensée, d'une perception anxiogène. »

Des recherches récentes indiquent que générer de l'auto-compassion diminue nos niveaux de cortisol. Dans une étude menée par Helen Rockliff et ses collègues, ceux-ci ont demandé aux participants d'imaginer recevoir de la compassion et la ressentir dans leur corps. À chaque minute, on leur disait des choses comme « Permettez-vous de sentir que vous êtes le bénéficiaire d'une grande compassion ; permettez-vous de ressentir la bienveillance qui est là pour vous. Il a été constaté que les participants ayant reçu ces instructions avaient des niveaux de cortisol plus faibles après l'imagerie que ceux du groupe témoin. Les participants ont également démontré une variabilité accrue de la fréquence cardiaque par la suite.

Plus les gens se sentent en sécurité, plus ils peuvent être ouverts et flexibles en réponse à leur environnement, et cela se reflète dans la variation de leur fréquence cardiaque en réponse aux stimuli. On pourrait donc dire qu'en se donnant de la compassion, le cœur des participants s'est en fait ouvert et est devenu moins défensif.

Lorsque nous apaisons nos sentiments douloureux avec le baume guérisseur de l'auto-compassion, non seulement nous modifions notre expérience mentale et émotionnelle, mais nous modifions également la chimie de notre corps.

À partir des nombreuses recherches menées par Kristin Neff, l'auto-compassion est une ressource qui c'est rajoutée à la pratique de méditation de Pleine Conscience. De nouveaux protocoles sont donc enseignés afin de faciliter la pratique de la méditation et le retour au bien-être. Il s'appuie sur des méditations avec des visualisations spécifiques apportant un apaisement quasi instantané. Et modifie notre rapport à nous-même et aux autres, sur le long terme.

En synthèse : la pleine conscience fondée sur la compassion, facilite grandement la résilience, notre force et notre capacité à mieux prendre soin de nous-même et des autres.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Patricia Léger

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Bibliographie

  • Kristin Neff « S'aimer » et « Comment se réconcilier avec soi-même »

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