Anxiété et besoin de contrôle : comment y faire face pour vivre en étant plus apaisé ?

L'anxiété peut se définir comme un état d'inquiétude, généré par la crainte d'un danger, que ce dernier soit réel ou imaginaire. Le point commun avec le stress est qu'il s'agit d'une transaction entre l'individu et son environnement; la personne ayant une perception défavorable de ses ressources pour faire face aux contraintes qui lui sont assignées. L'angoisse va encore plus loin en ce qu'elle peut paralyser la vie quotidienne de la personne qui en souffre, l'empêchant de poursuivre ses activités, comme prendre les transports en commun ou travailler.

Anxiéte et besoin de contrôle : comment se manifestent-ils ?

En tant que thérapeute de couple, et thérapeute familiale, j'identifier plus particulièrement deux types de relation dans lesquelles l'anxiété et le besoin de contrôle peuvent s'exprimer.

L'anxiété et le besoin de contrôle dans la relation de couple.

" Dans une relation équilibrée, je peux demander, je peux refuser, je donne, je reçois ". Cette maxime illustre bien les différentes registres inhérents à une vie relationnelle épanouie, qui se traduit par :

• La possibilité d'exprimer ses désirs ou ses besoins;
• La possibilité de refuser une demande de son partenaire;
• La possibilité de donner et la possibilité de recevoir.

Parfois, pour des raisons complexes, appartenant aux partenaires, à leur histoire de vie et à la relation, la confiance ne sera pas au rdv. La conseillère conjugale et familiale que je suis observe et rencontre des personnes qui peuvent être submergées par leurs peurs, avec des comportements associés inadaptés. Ma formation m'a appris que si les violences conjugales reposent sur des mécanismes complexes, un dénominateur commun existe chez l'auteur des violences : la peur et le besoin de contrôler l'autre.

Un partenaire souffrant d'une estime de soi déficitaire pourra mal vivre les réussites professionnelles de son ou sa partenaire; en y voyant une menace pour leur relation. Idem pour la vie affective. Une personne qui se sera construite selon un modèle d'attachement insuffisamment sécurisant, pourra se sentir menacée par les amitiés de son partenaire de vie. Dès lors, des tentatives de contrôle pourront se manifester chez celui qui a peur : contrôle de l'emploi du temps, contrôle des relations, immixtion dans le téléphone portable...

Un outil de sensibilisation et d'évaluation existe, disponible dans les centres de santé sexuelle, chez certains professionnels de santé et associations. Il s'agit du violentomètre, qui permet d'évaluer, sur une échelle de mesure, si la relation de couple est basée sur le consentement, et s'il elle comporte des violences conjugales ou pas. Cet outil d'auto-évaluation visuel comporte des questions rapides à se poser permettant de repérer la présence ou menace de violences (sexistes et sexuelles). Il s'agit de de mesurer si la relation de couple est saine ou non. Cela ayant un impact certain sur la santé psychique des deux partenaires. 

L'anxiété et le besoin de contrôle dans la relation parents-enfants.

Aujourd'hui, bien que les parentalités soient devenues plurielles, beaucoup de parents sont inquiets en permanence pour leur progéniture : peur des agressions sexuelles, peur des agressions dans les transports en commun ou dans la rue, peur de la précarisation générationnelle, peur du réchauffement climatique, peur de la guerre, peur de la vie, peur de la mort...

Les causes de ces peurs sont multifactorielles, et reposent sur l'imbrication d'éléments sociétaux, personnels, familiaux, générationnels. Ces peurs, si elles ne sont pas identifiées, travaillées et contextualisées, vont produire des effets de contrôle dans la relation parents-enfants : besoin de contrôler les fréquentations, les apprentissages, les interactions, les déplacements ...

Or, tout est dans la mesure et l'adaptation réciproque. Si un jeune a besoin d'interdits parentaux pour se construire, ces interdictions doivent pouvoir se parler, se comprendre, et reposer sur des éléments objectifs. Un adolescent de 13 ou 14 ans n'aura pas les mêmes besoins d'accompagnement qu'un enfant de 6 ans.

Or, pour certains parents, leur enfant reste un "tout-petit" pour toujours...Par ailleurs, une donnée récente a particulièrement attiré mon attention. Il s'agit d'un article de la revue spécialisée "Santé mentale", expliquant que le suicide est devenu la première cause de mortalité maternelle, ici et maintenant, considérée de la conception jusqu'à un an après la fin de la grossesse :

Là encore les raisons sont multifactorielles et complexes. Pour autant, la conseillère conjugale et familiale que je suis, mets en lien cette donnée avec les injonctions de plus en plus fortes et paradoxales qui pèsent sur les parents. Qui dit injonctions paradoxales dit inconfort psychique voire risques psycho-sociaux. Ces injonctions pèsent particulièrement sur les jeunes mères, qui portent les enfants dans leur corps, et sont abreuvées de recommandations diverses et variées sur ce que devrait être la parentalité "positive" ou "bienveillante".

Est-ce à dire que les personnes qui ne se saisissent pas de ces injonctions seraient des parents négatifs ou malveillants ? Là encore il me semble que certains mots ne devraient pas être utilisés comme des normes. Aucune mère n'est parfaite. Aucun enfant non plus. Et tant mieux. En matière de parentalité, comme dans le champ de la conjugalité, les modèles sont devenus pluriels; et la souplesse de représentations offre davantage de ressources que la rigidité normative.

Comment faire, pour vivre mieux et plus sereinement ?

Un accompagnement avec un professionnel, en plusieurs étapes permettra de dénouer des noeuds. Il s'agira alors de :

• Nommer la situation vécue (quelle(s) sont les peur(s) ?);
• Comprendre les ressorts relationnels, psychiques et sociétaux qui la composent (les causes);
• Accepter ce qui a été, ne sera pas ou plus (les manifestations);
• Construire un nouvel équilibre de vie, en travaillant son histoire personnelle, sa vie relationnelle, son estime de soi et la confiance en soi.

Evaluer son confort émotionnel sur une échelle de 1 à 10 me parait aussi un outil simple de repérage. Et surtout, ne pas hésiter à demander de l'aide, ponctuellement ou de manière plus régulière. Les thérapeutes sont là pour accueillir les patients dans leur complexité humaine, et pour les épauler, avec professionnalisme et bienveillance.

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