Narcissisme sain et pathologique, quelles différences ?

Narcissisme : on parle peu de sa version saine et de son importance pour le développement et l'équilibre de soi.

29 SEPT. 2020 · Lecture : min.
Narcissisme sain et pathologique, quelles différences ?

La question du narcissisme, aujourd'hui, est visible partout. Beaucoup en parlent, beaucoup écrivent sur sa gravité et beaucoup tentent de mettre en garde contre la «toxicité» à laquelle la fréquentation d'un narcissique peut conduire.

Peu, cependant, écrivent sur son importance et sur sa déterminance pour le développement et l'équilibre de soi. Nous sommes tous passés par une phase narcissique dans laquelle nous nous sommes investis uniquement en nous-mêmes, dans «notre propre corps comme objet d'amour», sans considérer les besoins des autres autour de nous. Dans cette phase, placée à la naissance de nous tous, nous avons fermement cru que nous étions omnipotents, capables de faire apparaître «par magie» ce dont nous avons besoin ou ce dont nous manquons.

Du narcissisme sain...

Dans la vie de chacun de nous, donc, se sentir omnipotent, en ce tout premier moment de la vie, était fondamental pour développer par la suite un certain degré d'autonomie, d'autosuffisance, d'estime de soi, d'indépendance vis-à-vis de l'environnement et des autres, pour sa sécurité et le plaisir d'être avec soi-même.

Le narcissisme, en essayant de donner un exemple, peut être une gratification, bien que psychologique, nécessaire lorsque la réalité nous place devant des difficultés et des frustrations continues. À l'adolescence, prenez l'exemple, les parts d'investissement narcissique en soi sont innombrables et préservées de la frustration, des difficultés scolaires, de ces choses qui paraissent inutiles, parfois incompréhensibles, et donc humiliantes. Tirer le meilleur parti de son narcissisme - développer le mépris des autres, se vanter et être admiré par ses pairs pour leur capacité à défier l'environnement et l'autorité - leur permet, dans un mauvais moment, de conserver une certaine estime de lui-même, tant que ce moment et cette situation ne durent pas longtemps, lui permettant, autant qu'il en a besoin, de retrouver l'énergie pour affronter les difficultés extérieures avec un esprit plus fort.

Cette forme de narcissisme - que l'on pourrait dire saine ou - a une fonction de réintégration, c'est-à-dire qu'elle est physiologiquement utile pour notre activité psychique et notre vie. Parfois, en effet, pour se retrouver, il faut retourner dans son monde intérieur, pour retrouver en soi l'énergie qui nous a en quelque sorte été volée et partir à l'aventure de la vie.

La vie alors, comme le rappelle Antonio Alberto Semi, s'apparente à un pendule qui oscille continuellement entre deux pôles : vers le monde et les représentations extérieures et vers le monde intérieur, c'est-à-dire vers soi et, en particulier, vers l'égo.

C'est cette oscillation - maintenant vers un pôle, maintenant vers l'autre - qui permet une vie psychique équilibrée, épanouissante et riche.

Pour déterminer les causes d'une pathologie narcissique, il faut donc s'intéresser à la vitesse du balancement du pendule. En fait, si celle-ci est dirigée uniquement vers le pôle du monde intérieur, la personne, en n'investissant pas suffisamment dans le monde extérieur, souffrira de graves problèmes dans la relation aux autres, sapant irrémédiablement le développement de la capacité d'aimer.

...au narcissisme pathologique

Les autres ne deviendraient alors que des «objets utilitaires», nécessaires pour maintenir une estime de soi qui sinon, ne trouvant rien à quoi s'accrocher, plongerait dans un océan d'envie puisque, comme le dit Anna Segal, en référence à son professeur Melanie Klein ; et de honte qui, contrairement à la culpabilité dans laquelle on peut avoir le sentiment de ne pas être à la hauteur d'un standard, entraîne la peur d'être irréparablement défectueux, c'est pourquoi cette émotion s'accompagne de l'urgence de disparaître, ne pas être vu dans une sorte de croyance toute-puissante et magique que ceux qui ne regardent pas ne peuvent pas être vus.

Le besoin des autres, comme le dit bien Nancy Mcwilliams, est là dans cette forme de narcissisme, et il est aussi profond : c'est l'amour pour eux qui est superficiel. Il n'y a pas de souci, de compréhension, d'empathie pour l'autre, il n'y a que la recherche et le besoin irrésistible de se sentir apprécié, capable, efficace.

Avec ces gens - à les entendre parler - il est clair qu'en amont de leur souffrance, il n'y a pas de conflit mais une sorte de déficit : ils ont manqué de quelque chose dans leur vie intérieure.

Quelle est la cause de ce déficit ?

Il est possible que ces personnes aient été d'une importance capitale pour les parents non pas pour ce qu'elles étaient vraiment mais pour la fonction qu'elles remplissaient. L'enfant apprend ainsi à être apprécié pour répondre rapidement aux besoins des parents en se convaincant, tout aussi clairement, que si ses vrais sentiments étaient découverts, et en particulier ceux hostiles et égoïstes, il serait rejeté ou humilié.

André Green, plus dramatiquement, fait remonter la pathologie narcissique au soi-disant «complexe de la mère morte». Bien sûr, il ne s'agit pas d'un vrai deuil mais d'une condition dans laquelle la mère (ou qui qu'elle est) à un moment donné détourne brusquement son propre investissement émotionnel vers l'enfant, c'est pourquoi l'enfant grandit, précisément, avec un «trou» dans son intrigue psychique.

Photos : Shutterstock

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