Penser dans une langue étrangère nous est bénéfique
Il semblerait que penser dans une langue étrangère nous aiderait à agir de manière plus rationnelle et surtout plus efficace, car nous mettrions ainsi de côté nos émotions.
De récents travaux scientifiques ont permis de mettre à jour une information pour le moins surprenante : nous pensons et décidons d'une manière différente lorsque les informations ne sont pas dans notre langue maternelle. Il ne s'agit pas d'une compréhension moindre, car nous pouvons très bien interpréter le problème ou l'idée concrète. Agir dans cette seconde langue se ferait de manière plus réfléchie, moins émotionnelle, et surtout plus orientée vers un résultat utile.
Parler et travailler dans sa langue maternelle a des bénéfices évidents : les mots viennent naturellement, les erreurs grammaticales, syntaxiques ou de vocabulaire sont moindres et, évidemment, c'est bien plus simple.
Et qu'en est-il pour penser et parler dans une autre langue ? Que se passe-t-il alors et comment cela influe-t-il notre personnalité et les décisions que nous prenons ?
Penser dans une autre langue : plus intéressant qu'on ne l'imagine
Communiquer dans une autre langue a ses bénéfices et ses avantages à long terme. Parler une langue étrangère implique bien évidemment des erreurs grammaticales et syntaxiques qu'un natif ne ferait pas. Pourtant, ce n'est pas inutile et stérile, surtout lorsque l'on ne pratique pas régulièrement cette deuxième langue et qu'on a tendance à l'oublier.
Il est très intéressant de voir que de récents travaux ont montré que l'on était plus logique lorsqu'on parlait une langue étrangère, particulièrement au moment de résoudre un problème. Les décisions que nous prenons pourraient donc influer selon le langage que l'on utilise.
La langue et la prise de décision
L'Université Pompeu Fabra de Barcelone a étudié les décisions prises par un groupe d'abord en espagnol, leur langue natale, puis par la suite dans une langue étrangère, l'anglais. Les chercheurs ont remarqué que le facteur émotionnel était plus présent dans les décisions lorsque les participants utilisaient l'espagnol.
"Nous avons recruté un groupe de participants dont l'espagnol était la langue maternelle et qui avaient un niveau raisonnable, mais non élevé, d'anglais, et ne l'utilisaient pas régulièrement", explique Albert Costa, l'auteur de l'étude. "Nous leur avons ensuite demandé de réaliser une série de décisions dans leur espagnol natif et en anglais : lorsque les participants utilisaient leur langue maternelle, leurs choix avaient tendance à être plus affectés par l'émotionnel. Nous avons remarqué que les participants tendaient à être plus rationnels et "froids" dans la résolution de problèmes lorsqu'ils utilisaient le second langage".
Les participants faisaient donc preuve de plus de rationalité lorsqu'ils utilisaient l'anglais, mais aussi de plus de logique et moins d'émotions. Des différences notables ont aussi été vues dans leur attitude pendant le processus de décision, notamment une tendance à évaluer différemment le risque et la certitude.
Prendre des décisions avec ses émotions
Une étude précédemment réalisée par l'Université de Chicago avait mis en avant le fait que la prise de décision était moins biaisée lorsqu'elle était faite dans une langue étrangère plutôt qu'en langue maternelle. Selon les auteurs de l'étude, "ces effets surviennent car une langue étrangère offre une plus grande distance cognitive et émotionnelle par rapport à une langue native".
Bien que l'aisance et le confort d'une langue étrangère soient d'une importance capitale au moment de parler, il peut être intéressant de connaître la langue qui serait la plus efficace dans certaines situations, par exemple en passant les problèmes auxquels nous faisons face dans une autre langue pour éliminer l'émotion qui nous bloque.
Photos : Shutterstock
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