Et si la dépression était nécessaire ?

Et si la dépression était nécessaire, et qu'elle n'était que l'expression d'un inconfort psychique qui réclame un changement ?

24 JUIL. 2019 · Lecture : min.
Et si la dépression était nécessaire ?

La dépression a souvent mauvaise réputation. Elle est vécue comme honteuse, douloureuse et durable. Le mot dépression renvoie un vécu négatif, à quelque chose d'inextricable. Pourtant la dépression, a un rôle important dans le vécu de chacun. Elle correspond, à des étapes, des moments symboliques importants, devant lesquels le sujet doit s'octroyer une pause. Comme si l'individu était à un croisement, et se demandait quelle direction prendre, car la vie n'est pas un chemin tout droit. Traverser son existence sans aucune dépression paraît plutôt illusoire. Ou alors, peut-être que cela démontre une part de déni ou une impossibilité de faire le point sur ses difficultés. Avancer coûte que coûte sans se poser de questions. Mais cette façon de faire, n'amène-t-elle pas d'autres ennuis, telle que la somatisation ou pire encore, la maladie ? À force de prendre sur soi, de combattre seul, le risque est de s'épuiser.

Une dépression pour apprendre à s'écouter

Bien sûr, il est préférable de ne pas laisser la dépression s'installer dans le temps, car la fatigue psychique qu'elle peut entraîner, l'enfermement sur soi et le repli narcissique, empêchent de profiter de ce moment de recentrage, pour avancer et faire l'esquisse d'un projet différent. La dépression est le signal, que quelque chose dans sa vie ne correspond pas à l'individu, à sa nature et à ses désirs. L'idéal serait donc de profiter de ce moment de dépression, pour apprendre à écouter ce que nous cherchons peut-être à ignorer de nos insatisfactions. C'est le moment, de mettre le nez dans sa réalité, de changer de priorités, d'objectifs, et de réaliser si possible certains de ses rêves, ou de voir comment les atteindre ou les rendre réalisables. Redéfinir son confort de vie, est tout à fait possible et il n'est jamais trop tard.

Notre société est peut-être plus sujette à créer des dépressions. Cela peut être lié à l'injonction au bonheur, au fait de se comparer continuellement via les réseaux sociaux sur lesquels nous montrons le plus souvent le meilleur de nous-mêmes, les plus jolis souvenirs ou encore les plus belles photos. Tout pousse à s'accrocher à la réussite, à la beauté à la jeunesse, à la minceur, à la perfection, et la liste est longue ! L'autre renvoi une image tellement extraordinaire que cela peut provoquer un sentiment d'échec chez celui qui n'a qu'une vie…normale. L'être humain n'étant pas parfait, cet ensemble ne peut que créer des modèles utopiques inatteignables, qui mettent en échec notre humanité et notre originalité, en tant qu'êtres différents les uns des autres.

Une dépression qui arrive au bon moment

Nombreux sont ceux précipités dans la spirale des pilules qui bâillonnent les désirs et la plainte. Les antidépresseurs de toutes sortes, agissent au niveau des neurotransmetteurs, dont on attend qu'ils créent un équilibre originel et artificiel, afin de se retrouver dans un état proche de celui qui préexistait à la dépression. Mais encore une fois, la dépression ne vient pas à n'importe quel moment, et mérite que nous lui prêtions attention. Bien sûr, parfois la douleur semble insurmontable, et la prise de médicaments est nécessaire afin de sortir la tête de l'eau, et retrouver un minimum d'énergie. Mais cela ne suffit pas : garder la tête hors de l'eau ne fait pas avancer, il faut pouvoir nager. Prendre un médicament qui fait taire l'expression de l'insatisfaction peut avoir comme effet indésirable de retenir l'individu dans un surplace tout aussi insupportable que la dépression elle-même. Comme le dit si bien le psychanalyste Pierre Fédida :

« (…)les états de dépression se banalisent et se généralisent, au moment où la psychiatrie n'a plus guère de temps à consacrer à l'observation et à l'écoute des malades ».

Bien heureusement certains psychiatres n'ont pas perdu cette envie d'accompagner les patients qui souffrent, et proposent une vraie écoute. Mais notre époque pressée et impatiente fait tout de même que la dépression n'a pas toujours l'attention qu'elle mérite. Par ailleurs, il n'y a pas une seule dépression. Elle est multiple et se cache sous différents aspects. On imagine souvent le dépressif comme un être éteint, sans vie et sans envie, qui n'a plus la force ni le désir d'agir. Pourtant, l'hyperactivité peut aussi masquer une dépression, et la peur de s'arrêter comme la peur de l'effondrement.

Et si vous preniez la dépression comme une demande nécessaire de changement ? Au lieu de faire taire rapidement la douleur morale, pourquoi ne pas être à son écoute et décrypter ce qu'elle vous réclame ? À l'image des rêves qui peuvent vous en dire beaucoup sur vous-même, la douleur morale a un rôle et vous signale que vous dépassez vos limites ou que vous prenez un chemin qui ne vous convient pas. De plus, en étant attentif à vos signaux d'inconforts, vous vous préservez de la possibilité que la dépression puisse s'installer dans le temps.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Linda Widad

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Commentaires 5
  • Marietango

    Et si ça dure depois 60 ans sans aucune amélioration bien qu’on ait tout tenté ? Est-ce vraiment nécessaire une souffrance de toute une vie?

  • Caroline

    et votre article permet de voir cette maladie sous un autre angle

  • Caroline

    Moi j'ai l'impression de rentrer de cette maladie, les attaques de panique sont de plus en plus fréquentes et nombreuses ; la peur s'installe. J'ai peur d'être envahie. Je vois encore la dépression comme une maladie de faible et avec beaucoup de préjugés pour autant mes amis me disent que je suis dedans, mais je ne veux pas l'accepter car j'ai tellement peur

  • Mirabelle

    Un mal nécessaire qui m'a permis de changer ma vie, le sens en particulier. Ça a été une bonne chose finalement même si ça a été très dur à cette période de ma vie.

  • N@d

    Ce qui m'est arrivée. Je ne regrette rien... mes problèmes d'enfance si t remontés en surface. G dû travailler sur moi. Ça fait 30 ans. Je travaille toujours sur moi

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