Existe-t-il des étapes dans un parcours thérapeutique ?

Ce deuxième article se plonge au cœur du parcours : quels en sont les déclencheurs et quelles sont les différentes approches qui peuvent intéresser les patients.

10 JUIN 2013 · Lecture : min.
Existe-t-il des étapes dans un parcours thérapeutique ?

Le parcours psychothérapeutique, de quoi parle-t-on ?

Il existe une contradiction grandissante entre une société exacerbant l'accès direct et immédiat à la satisfaction de nos envies tandis que les insatisfactions et le mal être vont croissant. Ainsi, les perturbations de la personnalité sont de plus en plus fréquentes.

C'est pourquoi, la dimension psychologique est aujourd'hui très souvent explorée dans le cadre d'un diagnostic de troubles de la santé, que ce soit dans le domaine privé comme professionnel.

Il en ressort, le plus souvent, la question suivante : comment, aujourd'hui, pourrais-je aller mieux ? Ce qui signifie plus largement : comme retrouver de la joie, le plaisir, dans une existence qui en a parfois perdu le sens. Les réponses apportées à ces questions sont principalement de deux ordres : les médicaments psychotropes et /ou la psychothérapie.

Que dire, alors, d'un parcours psychothérapeutique ? Cette notion de parcours suppose un mouvement, un cheminement, une progression. C'est une démarche qui n'est pas statique.

À ce sujet, François Roustang, dans son livre Savoir attendre – Pour que la vie Change, Éditions Odile Jacob, dit que : " … le changement en psychothérapie est une modification des rapports qu'un individu entretient avec lui-même, avec les autres et les choses de son environnement. Il s'agit donc d'une transformation du complexe relationnel dans lequel se trouve inséré un individu ".

Il est donc possible d'en identifier le commencement, mais plus délicat d'en déterminer la progression. En effet, celle-ci n'a souvent rien de linéaire, elle est faite d'à-coups, d'avancées, de régressions, de bonds en avant, tout autant que de retours en arrière et/ou de blocages. De même, peuvent apparaître des progrès dont on ne se rend pas compte sur le moment, mais qui sont pourtant très réels et parfois, au contraire, la constatation qu'une difficulté que l'on pensait " réglée " ressurgit (ce qui peut donner l'impression que l'on n'a pas avancé alors que ce n'est pas nécessairement le cas).

Il est subtil d'en déterminer la fin. Y a-t-il une fin ? Cela a-t-il du sens de se poser cette question ? Quand on parle avec une majorité de gens, surtout ceux qui n'ont jamais tenté l'aventure de travailler sur eux, une thérapie reste un mystère, une curiosité. La plupart ne sait pas ce que l'on y fait et, surtout, ce que l'on y trouve.

Repères clés

  • Le début de la thérapie est identifiable : prise de rdv, fréquence des rdv, cadre.
  • La progression est plus difficile à mesurer car le parcours n'est pas linéaire.
  • Le parcours suppose un mouvement, un cheminement, une progression dans la durée.
  • L'avancée de la thérapie n'est pas linéaire, elle est faite d'à-coups, d'avancées, de régressions, de bonds en avant, tout autant que de retours en arrière et/ou blocages.
  • La fin de la thérapie est marquée concrètement par l'arrêt des séances. Le travail sur soi continue au-delà.

L'entrée en thérapie ou le courage de se regarder au-delà de l'apparence

J'ai regardé en quoi et pourquoi la dynamique du parcours thérapeutique pouvait conduire à une plus grande liberté d'être soi-même, de s'accepter, de changer, d'évoluer, de se développer, de s'assumer, bref de mieux vivre sa vie.

  • Quel est le déclic qui conduit à rentrer en thérapie ?
  • Quelles sont les motivations ? Sont-elles identiques pour tous ?
  • Quels sont les apports d'un tel parcours ?
  • Comment aider quelqu'un qui ressent un mal-être à passer de ce constat au fait de consulter ?

medi.jpg

La vie est faite de nombreux évènements que chacun vit avec plus ou moins d'acuité, plus ou moins de conscience. Certains de ces évènements bousculent considérablement notre capacité d'adaptation et nous nous retrouvons souvent démunis face à eux.

À cela peuvent s'ajouter des traumas plus anciens, qui nous retiennent et nous maintiennent dans des fonctionnements inadaptés, dont nous sommes rarement conscients. Tout cela nous empêche de progresser avec fluidité et harmonie dans notre vie. Cela peut même nous créer des désordres plus ou moins graves au plan psychique et/ou physique.

Or, de manière générale, quand on va mal, on a tendance à penser que la solution viendra d'un changement des conditions extérieures (des autres, du contexte, du monde…) que l'on va essayer de provoquer ou non, selon que l'on est passif ou actif. Pourtant, la possibilité de traiter le problème ne peut venir que d'un changement intérieur. Par contre, on peut se faire aider d'un accompagnement extérieur pour prendre du recul, mettre en relief un certain nombre de nos problèmes, faire un travail d'introspection avec, au final, l'envie d'aller mieux.

Plus concrètement, quel(s) est/sont les déclencheur(s) du démarrage d'une thérapie ?

Le plus souvent, l'initiative est prise, quand on a envie/besoin de changer avant de renoncer, voire même quand on a atteint le seuil d'une souffrance intolérable. Avoir un regard extérieur pour se poser, pouvoir prendre le temps. Avoir un support et, parfois, passer à des décisions radicales, pour tourner une page et en ouvrir une nouvelle.

Pourtant, il y a beaucoup de résistances, chacun tente de trouver une voie unique, qui lui convienne vraiment, pour solutionner ses problèmes. Pour certains, un entourage très présent, rassurant, les réconforte et leur fait penser que c'est suffisant, car leur trouble n'est que passager. D'autres échangent, de manière informelle, avec des amis, des connaissances, des collègues, sans rentrer dans une démarche officielle structurée, cadrée, engageante. Ils évitent au maximum les situations qui réveillent/activent leurs souffrances, plutôt que de regarder la cause de ces souffrances.

Pour d'autres encore, des voies nouvelles vont être expérimentées, au travers de parcours initiatiques, des parcours centrés sur la nature, le bien-être (santé, sport, week-end bien-être, découverte de nouvelles tendances telles que le chamanisme, les cures ayurvédiques, la méditation, les randonnées et des stages de développement personnel, …).

Très souvent, ceux qui ne souhaitent pas entrer en psychothérapie, disent qu'ils s'en sortent par eux-mêmes, qu'ils sont tout à fait aptes à analyser et régler leurs problèmes. À l'inverse, parfois, c'est une telle souffrance qu'il n'y a même pas la place au ressenti du besoin d'aller mieux et donc encore moins à celui d'être aidé.

Mais, confrontés à des évènements douloureux, anxiogènes, qui nous bloquent, parfois nous détruisent, nous amenuisent à petit feu et nous empêchent d'avancer, vouloir changer, trouver les causes, les origines, vouloir se transformer et changer de vie devient vital. Bien qu'il soit souvent difficile d'accepter l'idée que l'on ne peut pas s'en sortir seul, lorsqu'on ne parvient plus à gérer par soi-même ses problèmes, on en vient finalement à accepter l'idée de se faire aider par un professionnel. Alors, c'est au fond de soi que la personne prend la décision de mener une démarche structurée lui permettant d'aller beaucoup plus en profondeur.

Mais pourquoi cette démarche concrètement ? Pour mieux se comprendre, trouver ses valeurs profondes, identifier comment nous établissons nos relations, détecter comment nous agissons dans la vie. C'est aussi mieux s'accepter avec ses zones d'ombre et ses potentialités. Je cite volontiers ici une phrase de J. Salomé (dans " Le courage d'être soi ") que j'aime particulièrement et qui éclaire mon propos : " c'est d'être un meilleur compagnon pour soi-même ".

Au-delà d'un état des lieux et de diverses investigations, ce que nous voulons, c'est faire le tri dans ce que nous souhaitons conserver, ou non, de notre fonctionnement et, surtout, amorcer un processus de changement/ajustement.

C'est se prendre en charge et assumer sa responsabilité de s'engager dans ce processus, sans savoir véritablement lequel. C'est donc une démarche tout à fait personnelle, qui ne peut être dictée par personne d'autre que soi-même. C'est une condition nécessaire pour que la personne ait en main les meilleures chances de succès dans sa démarche.

bott.jpg

Le fait d'accepter, de reconnaitre ce besoin d'aide de l'extérieur, induit déjà ce processus de changement. À titre d'illustration, F. Roustang, dans " Le thérapeute et son patient ", dit " je pense que lorsqu'on est sûr de vouloir aller quelque part, ce n'est pas la peine de connaitre le chemin, ni les moyens pour y aller. Il suffit de faire le geste. C'est fondamental pour la thérapie. "

François Roustang précise bien, dans son livre " Savoir attendre – pour que la vie change ", cette phase d'entrée en thérapie qui constitue un processus de changement. Pour lui, c'est la combinaison de deux facteurs qui marquent cette étape. D'une part ce qu''il appelle le levier, c'est-à-dire " l'ouverture sans préalable à tout ce qui pourrait advenir, c'est la disponibilité qui permettra d'emprunter tout chemin profitable, c'est la flexibilité nécessaire pour adopter les comportements qu'impose la situation ". D'autre part, le point d'appui à savoir " le point par lequel tous les traits du mal-être tiennent ensemble et sur lequel il faut faire pression pour que soit modifié tout le paysage ".

Ainsi, la personne qui décide d'entrer en thérapie a pris conscience des souffrances qu'elle ne peut plus supporter à un moment donné et qui constituent une nécessité d'engager un processus de changement.

Concrètement, la phase d'entrée en thérapie pourrait se traduire par ces quelques exemples de questionnements qui conduisent les patients chez « les psy » :

- trouver une solution pour sortir d'une situation qui ne leur convient plus, apaiser une douleur,

- retrouver un équilibre dans un ou plusieurs domaine(s) de leur vie,

- se débarrasser d'une phobie,

- faire baisser leur niveau d'angoisse,

- combattre leur stress, se préparer à quelque chose,

- comprendre pourquoi ils souffrent de telle affection.

Repères clés

  • Faire une thérapie, une décision purement personnelle.
  • Ressentir et reconnaître le besoin d'être aidé.
  • Pour certaines personnes, décider que le suivi d'une thérapie est une démarche qui contribue à leur développement au même titre que d'autres activités.

Qui va-t-on consulter ?

Nous avons aujourd'hui le choix de consulter de nombreux professionnels pour nous aider à soulager nos maux physiques ou psychiques.

Je distingue ici deux principales approches, sachant qu'il existe beaucoup d'autres mouvements, qu'ils soient à visée thérapeutique ou de développement personnel.

Les thérapies dites brèves orientées vers le traitement des symptômes tels que le traitement de certaines phobies, traumas, troubles ou problématiques plus ou moins passagères (ex : arrêter de fumer, difficulté à prendre la parole en public, gérer son stress, régler un conflit conjugal, …).

Les thérapies s'inscrivant dans la durée qui visent un changement plus en profondeur du fonctionnement et de la personnalité et à répondre aux questions de sens. On retrouve là les psychanalyses, la gestalt-thérapie, le rêve éveillé, l'analyse bioénergétique, …

Dans chacune de ces approches, différents courants sont à distinguer. Je m'appuie sur le travail réalisé par E. Marc, dans son " Guide pratique des psychothérapies ", Éditions Retz, pour présenter quatre (sur sept couramment retenus) grandes typologies de thérapies :

Psychanalyse et thérapies psychanalytiques : elles sont issues de la psychanalyse freudienne, l'accent est mis sur les processus inconscients, sur les conflits intrapsychiques, l'importance accordée aux premiers stades de l'enfance (notamment le complexe d'Oedipe). Au plan de la méthode, une place centrale est accordée à la parole, à l'émergence de l'inconscient, au travail sur les résistances, au transfert et à l'interprétation de l'analyste.

flo.jpg

Thérapies psychocorporelles et émotionnelles : issues de la psychanalyse à partir des travaux de W. Reich, elles mettent l'accent sur les défenses corporelles (cuirasse musculaire) qui double les défenses caractérielles. L'attention est portée au langage du corps, à l'expression émotionnelle et aux manifestations des défenses musculaires et respiratoires.

Thérapies existentielles : elles sont influencées par la phénoménologie et la philosophie existentielle. L'accent est porté sur le présent plus que sur le passé, sur les processus conscients et les valeurs (liberté, responsabilité, choix, projet, …) plus que sur les mécanismes. Elles préfèrent l'éprouvé (vécu) à l'expliqué et l'empathie à l'interprétation. La gestalt appartient à cette mouvance.

Thérapies comportementales et cognitives : Elles s'appuient sur la psychologie expérimentale notamment la théorie du conditionnement et de l'apprentissage. Elles visent à éliminer les symptômes pathologiques actuels (phobies, obsessions, dépressions, addictions, …) par déconditionnement et restructuration.

Au-delà des différences de méthodes, toutes les approches convergent vers un même but : que le patient puisse accéder à un état de mieux être dans sa vie quotidienne, qu'il puisse se déployer plus pleinement dans toutes ses dimensions et

PUBLICITÉ

Écrit par

Emmanuelle Lecomte

Consultez nos meilleurs spécialistes en thérapie brève
Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

Commentaires 1
  • Maddy

    Très intéressant pour comprendre le processus une fois que l'on a commencé une thérapie analytique. Merci .

derniers articles sur thérapie brève

PUBLICITÉ