Hypnose et Psychosomatique (1ère partie)

Définition

Dans un premier temps, nous devons nous poser la question de ce qu'est la psychosomatique. Il faut dire que c'est un terme composite que l'on peut accepter comme une convention, puisque c'est un terme ambivalent, qui associe le psychique et le somatique. Nous savons que depuis les premiers médecins et aliénistes allemands et français, la métapsychologie de Freud, les différents courants de pensée de la psychanalyse contemporaine, il a été question de la dualité entre psyché et soma, ou au contraire de leur unité en un même système. Et bien sûr des passages entre l'un et l'autre et de leurs conséquences sur le sujet.

On pourrait situer la psychosomatique dans une zone intermédiaire, car elle concerne à la fois les médecins et les psychanalystes. Ce sont des maladies dont le traitement représente une difficulté, de par leur complexité et chronicité, et pour lesquelles la psychothérapie reste souvent inefficace.

Le fait psychosomatique

L'issue d'un évènement traumatique chez un sujet peut être une réaction psychique, une réaction comportementale, ou l'évacuation de l'excitation par le flux nerveux ou l'émotion. Le traumatisme, s'il est trop violent pour le sujet, va déstabiliser l'excitation, créant un trop plein d'émotion qui pourra emprunter trois voies d'écoulement : psychique, comportementale ou somatique. Lorsque l'une des voies est obstruée, l'écoulement se fait par les autres voies, et pour le somatique, cela viendra s'inscrire sur les points de fragilité du corps, eux-mêmes déterminés par l'histoire du sujet, qui sont autant de cibles somatiques, des traces sensorielles et de marquage du corps.

Traitement

Concernant le traitement, il est question ici de l'hypnose qui fut dès le 19ème siècle, indissociable des travaux de Charcot sur l'hystérie, ainsi que Freud qui avait employé de cette méthode dans un premier temps, pour prouver l'autonomie de l'inconscient.

On comprend alors que l'hypnose, lorsqu'elle est orientée par la psychanalyse et/ou la psychothérapie, est un processus qui favorise chez le patient la richesse des représentations, en s'appuyant sur l'inconscient du sujet qui peut se révéler comme une intelligence du corps, avant même celle de la conscience. Le psychisme est fait de représentations de choses, et de mots stockées dans le lobe frontal du cerveau, qui sont conscientes ou inconscientes. Ces représentations s'opposent aux perceptions à partir desquelles elles se créent, par le processus de l'introjection, travail qui se fait par association. L'inconscient est donc le lieu de l'imaginaire, de la rêverie et de l'évasion du psychique, c'est le lieu du fantasme et donc le garde-fou de la somatisation. Ainsi l'hypnose pourrait être un état qui permet au sujet de faire fonctionner de concert psyché et soma dans la recherche d'une guérison.

Aujourd'hui l'hypnothérapie est largement répandue, et constitue une psychothérapie à part entière. L'état hypnotique, ou transe, y est utilisée à des fins thérapeutiques, et l'hypnose peut donc être associée à une psychothérapie analytique afin de traiter non seulement le symptôme mais aussi effectuer un travail sur la cause et l'origine du problème. Elle peut également être associée à une thérapie comportementale et cognitive, d'une manière dite intégrative, c'est à dire éclectique et globale, afin de traiter différents troubles, phobies et problèmes psychosomatiques. L'état hypnotique sera à même de permettre une prise de distance par rapport à l'affectivité et de supprimer ainsi une cause importante de perturbations neurovégétatives et psychologiques induites par nos émotions, parce que tous nos systèmes corporels sont renforcés, et que cela se répercute sur notre bien-être émotionnel. Ainsi, selon A. Damasio, « Descartes avait tort, et Spinoza raison : l'esprit et le corps ont des racines communes... ».

Les applications de l'hypnose en psychosomatique sont nombreuses, et dans chaque branche de la médecine on trouvera des pathologies pouvant être traitées efficacement avec l'hypnose, et même si aujourd'hui nous n'avons aucune preuve scientifique et mesurable qu'il existe une mémoire du corps, c'est dans le cadre de l'hypnose une hypothèse de travail très thérapeutique. Nombre de patients ne trouvent aucun soulagement à leur symptôme psychosomatique dans une thérapie qui reste au niveau verbal uniquement. Affirmer que « tout est dans la tête » ne rend pas compte de toutes les blessures que le conscient a oublié, ou refoulé, mais dont le corps se souvient. Dans l'exemple flagrant du syndrome de stress post-traumatique, le sujet passe de l'émotion à la maladie, et l'inscription somatique de l'évènement peut perdurer des années après le traumatisme, lorsque celui-ci n'est pas traité à temps. Ici, la parole et la prise de conscience de la cause du mal-être sont insuffisantes et il s'avère nécessaire de réparer l'inscription émotionnelle dans le corps, qui s'exprime sous forme de symptôme. Pour « lever » cette inscription, et même si le patient est conscient de l'origine de son trouble, il est nécessaire de désinstaller le dysfonctionnement là où le trouble s'est cristallisé, pour que le sujet installe de lui-même un « programme » plus fonctionnel.

Conclusion

L'avantage à utiliser l'hypnose en psychosomatique est que cette approche aborde le patient dans sa globalité, et permet de traiter simultanément les multiples causes de ses problèmes, l'hypnose et la psychothérapie considérant l'être humain comme une unité corps-esprit-émotions dans un même fonctionnement. D'autre part, il est peu probable qu'une cause unique soit à l'origine de tout les problèmes d'un patient. Ainsi, l'hypnose, en complément d'autres méthodes thérapeutiques, peut d'une part permettre la réduction des doses de médicaments, notamment morphiniques et antalgiques, et d'autre part aider le patient à appréhender son problème d'une façon nouvelle et constructive. En faisant appel à l'inconscient, l'hypnose conduit le sujet à relier de manière plus adaptée des faits et évènements de sa vie, pour se réapproprier une partie de son histoire et ainsi réparer celle-ci, tout en « cicatrisant » son corps.

Photos : Pixabay

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