Souffrez-vous de Baby-blues ou de Dépression du Post-Partum ?

Vous sortez de la maternité avec votre bébé dans les bras. Tout le monde s’attend à vous voir radieuse, épanouie.

10 SEPT. 2015 · Lecture : min.
Souffrez-vous de Baby-blues ou de Dépression du Post-Partum ?

ous sortez de la maternité avec votre bébé dans les bras. Tout le monde s'attend à vous voir radieuse, épanouie. Seulement, vous vous apercevez au bout de quelques temps, que les choses ne se passent pas exactement comme vous l'aviez imaginé. Vous ne comprenez pas : cet enfant vous l'avez voulu pourtant, vous en avez rêvé. Or vous vous surprenez à avoir souvent envie de pleurer, vous vous sentez épuisée, dépassée par les événements. Que se passe-t-il ?

Durant 9 mois, vous avez porté votre bébé dans votre ventre et vous étiez au centre de toutes les attentions. Et voilà qu'à présent, après avoir été habitée durant neuf mois, vous éprouvez une désagréable sensation de vide. C'est normal : l'accouchement entraine en effet, un changement brutal. Le bouleversement physique et émotionnel que vous venez de subir, ainsi que le chamboulement hormonal (les hormones de la grossesse sont peu à peu éliminées) en sont les principales causes. Du jour au lendemain, vous êtes projetée dans votre nouveau rôle de mère (et ce, parfois, pour la première fois) et toute l'attention est centrée cette fois, sur Bébé.

De plus, devant la surcharge de travail qe cette naissance occasionne, il se peut que vous ne vous sentiez pas à la hauteur ; que vous vous sentiez alors très seule, irritable, en proie à l'anxiété et démunie. Le retour à la maison est un moment de fragilité sur le plan psychique pour les jeunes mamans. Et il se pourrait que, comme 5 à 8 femmes sur 10, vous souffriez du baby-blues, encore appelé, le syndrome du 3ème jours. Rassurez-vous, le baby-blues est un état naturel après l'accouchement. Il se produit généralement tôt après la naissance (entre 1 à 3 jours après l'accouchement) et se résout habituellement seul dans les 15 jours, surtout si vous pouvez compter sur le soutien de votre entourage.

Cependant, si ce malaise persiste et s'installe, au-delà de 15 jours à 3 semaines, on ne parle plus de Baby-blues mais de dépression postpartum. Ce syndrome dépressif peut se manifester plusieurs mois après l'accouchement, voire l'année suivante. Contrairement au baby-blues, la dépression postpartum est une maladie qui nécessite un traitement. Sachez que la dépression post-partum peut survenir à n'importe quel âge et pour n'importe quelle naissance.

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À quoi la reconnait-on ?

Ce sentiment de débordement persiste. La maman prend peu (ou pas) de plaisir avec son bébé. Elle ne se sent pas en empathie avec lui. Elle se sent complètement découragée et dévalorisée dans son rôle de mère. Elle éprouve des difficultés à comprendre les besoins de son bébé et de ce fait, ses réponses sont inappropriées. Il en ressort un sentiment d'incompétence et une impression que les choses ne s'arrangeront jamais.

Quelles en sont les causes ?

Les causes exactes ne sont pas encore clairement identifiées. Cependant, on relève parfois des antécédents de dépression, voire une dépression déjà présente au cours de la grossesse. La naissance fait parfois remonter à la surface, des souvenirs douloureux (tel un I.V.G. ou un deuil non résolu ou toute autre problématique liée à la petite enfance et qui n'est pas résolue). Parfois encore, la dépression survient à la suite d'une grossesse et d'une naissance vécue dans la solitude (absence de conjoint, d'amis, de famille), ou s'il y a présence de problèmes relationnels dans le couple.

Les soucis d'ordre matériel : (argent, logement) favorisent aussi cet état dépressif. Un accouchement difficile et les problèmes de santé engendrés par la suite, chez la mère ou chez le bébé, un bébé né prématurément ou malade sont autant de causes susceptibles d'entrainer une dépression post-partum. D'autres facteurs peuvent bien-sûr s'ajouter à ces causes.

Quelles peuvent être les conséquences de la dépression post-partum ?

La maman dépressive éprouve des difficultés à être en empathie avec son bébé et par conséquent, à répondre de manière adaptée à ses besoins. Cela peut engendrer des carences affectives chez l'enfant ainsi que des troubles du développement à long terme. Les premières interactions entre la mère et son bébé sont en effet prédominantes pour l'équilibre futur de l'enfant. Donc cette situation entraîne non seulement de la souffrance chez la mère, mais les conséquences peuvent également être graves pour l'enfant.

C'est pourquoi, il est important d'agir vite. Plus la dépression postpartum est détectée tôt, plus le traitement est efficace. Aussi, si au bout de quelques temps, vous sentez que vous n'arrivez pas à refaire surface, si vous vous sentez que vous n'arrivez pas à vous départir de ce sentiment de tristesse permanent et que vous avez du mal à vous attacher à votre bébé, il ne faut pas laisser cette situation s'enliser. Ne restez pas seule avec votre douleur. En parler est le premier pas vers la guérison. La dépression postpartum est une maladie. Elle se soigne très bien mais encore faut-il demander de l'aide. Votre médecin saura vous prescrire un traitement adéquat et vous orienter vers un professionnel compétent. Le traitement de la dépression postpartum passe généralement par une écoute bienveillante de votre souffrance. Parfois, quelques séances suffisent à apaiser votre mal-être et restaurer le lien. Parfois un travail plus approfondi sous la forme d'une psychothérapie sera préconisé. S'ajoute au besoin, une prescription d'antidépresseurs. Pensez à signaler à votre médecin, si vous allaitez. En cas de prise d'antidépresseurs, l'interruption de l'allaitement n'est pas forcément obligatoire. La poursuite de l'allaitement peut même être encouragée afin de renforcer la confiance en vous et de consolider le lien affectif avec votre bébé.

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En attendant, prenez soin de vous. N'hésitez pas à demander de l'aide à votre conjoint, à votre famille, à vos amis. Sollicitez-les pour vous décharger des tâches ménagères ou garder les enfants afin de vous accorder du temps, rien qu'à vous. Profitez-en pour sortir, aérez-vous, marchez, faites des choses qui vous font plaisir et vous sortent pour un moment de chez vous. Mangez sain et équilibré autant que possible. Cela contribuera à éviter la fatigue et vous maintiendra en meilleur état général.

Dans notre pays, on estime à une femme sur 8, les mères souffrant de dépression manifeste pas exactement de la même manière. Les pères peuvent en souffrir jusqu'à 5 ans après l'arrivée de l'enfant. On estime à 4 % les hommes qui en seraient affectés. (Etude postpartum. La dépression postnatale existe aussi chez les hommes, bien qu'elle ne se basée sur 26 000 parents. Ramchandani, p. et al. « Paternal depression in the postnatal period and child development: a prospective population study »). La dépression postpartum est donc bien plus courante qu'on ne le pense. Le problème c'est que lorsqu'on est déprimé, on éprouve souvent de grandes difficultés à demander de l'aide. De plus, dans notre société où la maternité est grandement valorisée, peu de femmes osent confier qu'elles sont malheureuses et n'y arrivent pas, de peur d'être jugées. Cela remet en cause leur vision de la maman idéale. Face à ce sentiment de honte, elles ont tendance à s'isoler un peu plus encore, ce qui fait qu'elles tardent à demander de l'aide. Il est cependant capital de ne pas laisser la dépression s'installer et se chroniciser car une femme dépressive ne peut tisser un lien très chaleureux avec son enfant.

Personne n'est à l'abri de vivre un jour une dépression postpartum. Toute femme peut, à un moment ou un autre avoir besoin d'aide. Cela ne fait pas d'elle une mauvaise mère.

Et pour aller plus loin, si ce sujet vous intéresse :

  • « Tremblements de mères : La dépression du postpartum, visage caché de la maternité » – Maman Blues : Nine Glangeaud-Freudenthal – Michel Dugnat– Editions : Instant Présent – 2010 – 27 €
  • « La dépression postnatale : sortir du silence » - Nathalie Nanzer – Editions FAVRE – 2009 –198 p – 18 €
  • Emission de télévision : « Toute une histoire » : Baby-blues, comment s'en sortir ? » 24/09/2014 – 06/08/2015 – visible en Replay ou Streaming

Alloparentbébé.org : 0800.00.3456 = 1er numéro vert national anonyme et gratuit de soutien à la parentalité. Allo parents bébé a pour mission de soutenir, d'écouter et orienter les parents inquiets dès la grossesse et jusqu'aux 3 ans de l'enfant.

Association : Maman blues : Site non médical de soutien, d'écoute et de conseils dans le cadre de la difficulté maternelle.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Patricia Cattaneo

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