Timide, introverti et anxieux social : quelle différence ?

La timidité, l'introversion et l'anxiété sociale, est-ce la même chose ? En psychologie, certains aspects sont similaires, mais il faut en connaître les différences pour les traiter de la manière adéquate.

En général, on assimile facilement la timidité à l'introversion, mais dans le premier cas on parle de personnes qui manquent de confiance en elles et craignent l'opinion des autres. Les personnes timides peuvent rougir ou se mettre à transpirer lorsqu'elles se trouvent en contact avec les autres, et parfois un contact visuel suffit. Et, même si elles évitent de se réunir avec d'autres, surtout lorsqu'il s'agit d'inconnus afin de ne pas être mal à l'aise, elles finissent par avoir des relations qui leur assurent un certain niveau de confort. Les timides ne veulent pas forcément être seuls, mais ont peur d'interagir avec les autres.

Les introvertis sont souvent confondus avec les timides car ils évitent aussi ce contact prolongé avec les autres mais, dans leur cas, il ne s'agit pas d'un problème de confiance en soi, mais uniquement de leur nature : ils sont plus réflexifs et ont tendance à saturer plus rapidement, ils se sentent donc plus à l'aise dans les lieux où il y a peu de gens et peu de bruit. Ils aiment passer du temps avec eux-même et se sentent vidés émotionnellement après avoir passé du temps avec les autres.

C'est-à-dire que, d'une certaine manière, les personnes introverties (terme baptisé par Charles Jung) choisissent de ne pas être dans certains cercles sociaux et n'ont pas de complication psychologique qui en résulte. Au contraire, les timides, même s'ils essaient, se sentent dépassés par certaines circonstances, ce qui provoque chez eux anxiété et frustration.

De son côté, l'anxiété sociale se définit par une sorte de conduite extrême de la personne par timidité, caractérisée par une angoisse quasiment incontrôlable et parfois un blocage à l'idée même de la réprobation qui pourrait être reçue des autre, empêchant parfois la personne de se développer normalement dans un milieu étudiant ou professionnel. Cette situation peut aussi dériver en crises de panique : tremblements, nausées, tachycardie et/ou difficulté à respirer.

Lorsque les cas deviennent extrêmes, il est toujours recommandé de faire appel à un professionnel de ce domaine, afin qu'il détermine le chemin à suivre et que, ainsi, le quotidien soit facilité, surtout en cas de timidité et d'anxiété sociale.

Comment savoir si je suis timide ou introverti ?

Comme évoqué, la timidité est la peur d'un jugement négatif, alors que l'introversion est une préférence pour des environnements calmes, offrant peu de stimuli. Certains psychologues créent un graphique des tendances sur des axes horizontaux et verticaux, mettant le spectre introversion-extraversion sur l'axe horizontal et le spectre anxieux-stable sur le vertical. Grâce à ce modèle, on se trouve avec un quatre quadrants de personnalité : extravertis calmes, extravertis anxieux (ou impulsifs), introvertis calmes et introvertis anxieux.

Au contraire des timides, les introvertis :

• N'apprécient pas les conversations pour ne rien dire, ils aiment les conversations qui ont une substance
• Détestent la foule
• Ne sont pas anti-sociaux, mais sélectionnent avec soin leur entourage
• Aiment sortir avec d'autres personnes, mais à petite dose
• Sont très observateurs et attentifs à ce qui les entoure et accordent beaucoup d'importance à l'écoute
• Ne s'ouvrent qu'aux personnes en qui ils ont une totale confiance
• Sont créatifs et introspectifs
• Aiment passer du temps seuls, gardent férocement leur espace personnel et s'ennuient rarement

Les timides, eux :

• N'osent pas s'exprimer car ils craignent la réaction des autres
• Sont mal à l'aise en groupe
• Ne recherchent pas forcément la solitude, mais la préfèrent à la sensation de mal-être qu'ils ont face à d'autres personnes : ils aimeraient rejoindre les autres mais ont peur
• Peuvent passer par diverses phases de timidité, et peuvent réussir à la dépasser.

Pourquoi confond-on souvent timidité et introversion, si elles sont si différentes ?

La réponse la plus importante, c'est qu'il existe un biais dans notre société contre ces deux traits de personnalité. Il faut comprendre que l'état d'esprit d'un extraverti timide assis silencieusement lors d'une réunion est très différent de celui d'un introverti calme. La personne timide a peur de parler, alors que l'introverti est simplement sur-stimulé. Mais, pour un observateur extérieur, ils ont tous les deux le même comportement, et aucun d'entre eux n'est le bienvenu. Des études montrent que nous pensons que ceux qui parlent vite et souvent sont plus compétents, plus appréciés et même plus intelligents que ceux qui parlent doucement.

L'anthropologue C.A Valentine a d'ailleurs écrit a ce sujet :

Les traditions culturelles occidentales incluent une conception de la variabilité individuelle qui semble vieille, généralisée et constante. Dans la forme populaire, c'est la notion familière de l'homme d'action, l'homme pratique, réaliste ou sociable, par opposition au penseur, au rêveur, à l'idéaliste, au timide individuel.

Il est vrai que la timidité et l'introversion ont tendance à se chevaucher : on trouve beaucoup de timides introvertis, et vice-et-versa. Certaines personnes naissent avec un tempérament hautement réactif, qui les prédispose à la timidité et à l'introversion. Cependant, une personne timide peut devenir encore plus introvertie au fil du temps : comme la vie sociale lui cause des souffrances, elle est plus motivée à découvrir les plaisirs de la solitude et d'autres environnements sociaux minimaux. Et un introverti peut devenir timide à force de recevoir le message constant que quelque chose ne va pas chez lui.

On comprend dès lors pourquoi les introvertis calmes se sentent frustrés lorsqu'on les traite comme s'ils étaient timides. Il est très pénible d'être mal compris, de s'entendre dire que l'on est quelque chose que l'on n'est pas. N'importe quelle personne qui a marché dans la rue, plongée dans ses pensées, et à qui un inconnu a dit de sourire (comme s'il était déprimé plutôt qu'engagé mentalement, et comme si cela regardait les inconnus autour) sait à quel point c'est pénible.

En outre, la timidité implique la soumission. Et dans une culture compétitive qui vénère les membres alpha, la soumission est l'un des traits les plus mal vus.

Pourtant, c'est là que les timides et les introvertis, malgré toutes leurs différences, ont quelque chose de profond en commun. Aucun des deux types n'est vu par la société comme un alpha, et cela leur permet de voir à quel point ce statut d'alpha est surestimé, et à quel point notre déférence pour lui aveugle notre capacité de percevoir que nous sommes tous bons, intelligents et sages. Pour des raisons bien différentes, les timides et les introvertis peuvent choisir de passer leurs journées dans l'ombre ou dans un milieu dit passif, comme l'invention, l'étude, ou en tenant la main de ceux qui meurent. Ce ne sont pas des rôles alpha, mais cela n'empêche pas les gens qui les endossent de devenir des modèles.

Conseils pour dépasser la timidité

• Réaliser des activités avec des personnes que l'on connaît et pratiquer des conduites sociales comme l'expression corporelle et le contact visuel.
• Répéter ce que l'on va dire, surtout lorsqu'on est avec des gens que l'on ne connaît pas.
• Se donner du temps : la timidité ne se dépasse pas du jour au lendemain, mais elle peut s'améliorer en faisant certaines activités sociales avec des personnes qui partagent un intérêt commun.

Conseils pour dépasser l'anxiété sociale :

• Faire face aux peur et écrire une liste des situations qui provoquent de l'anxiété extrême, leur mettre une note d'intensité et essayer de les dépasser petit à petit, en commençant par celles qui ont une note plus basse.
• Apprendre des techniques de relaxation, comme le yoga ou le tai-chi, ou même la méditation.
• Apprendre des exercices de respiration, comme inhaler profondément par le nez pendant 4 secondes, puis souffler pendant 4 secondes.

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