Triangle dramatique (victime, bourreau, sauveur) : pourquoi cela se produit-il ?

Victime, bourreau, sauveur : a quoi correspondent ces rôles ? Quels bénéfices peut-on en tirer ? et surtout, comment peut-on sortir de ce cercle vicieux ? C'est ce qui est expliqué ici.

20 JUIN 2023 · Lecture : min.
Triangle dramatique (victime, bourreau, sauveur) : pourquoi cela se produit-il ?

Victime, bourreau, sauveur, ce sont des mots que l'on utilise souvent dans le langage courant … et parfois à tort. Ces concepts proviennent de ce qu'on appelle le Triangle dramatique (ou triangle de Karpman). Ce dernier décrit des interactions humaines toxiques dans lesquels une personne peut tomber. Ici, je vous montrerais quels bénéfices chaque rôle tire de cette situation et comment on peut sortir de ces jeux psychologiques.

Le triangle dramatique, c'est quoi ?

Chaque personne a une construction du monde différente. Cette dernière dépend des expériences qu'elle a vécue, de la manière dont elle a été élevée et de son environnement tout au long de sa vie. Elle détermine la façon dont on va voir et comprendre ce qui nous entoure. En fonction de cette vision, il arrive qu'une personne aille s'installer, sans s'en rendre compte, dans un rôle spécifique dont elle aura du mal à se défaire. C'est là que le triangle dramatique entre en jeu. Selon cette théorie, il existe trois rôles psychologiques :

  • La victime : elle va constamment rejeter la cause de ses malheurs sur les autres et/ou sur la situation dans laquelle elle se trouve. De plus, ce type de personne va être persuadé qu'elle n'attire que des malheurs autour d'elle et qu'elle est impuissante face à cela. Ils vont alors penser qu'ils sont incapables de prendre une décision et ont souvent des pensées négatives.
  • Le sauveur : cette personne va toujours aider l'autre au maximum de ses capacités, peu importe les répercussions sur sa vie à elle. Elle est en recherche d'une personne qu'elle estime trop faible, physiquement ou psychologiquement, pour s'en sortir seule. Un sauveur prendra donc une grande partie de son temps pour essayer de modifier ou d'améliorer la vie de l'autre.
  • Le bourreau : ici, l'individu va user de sa force pour persécuter l'autre et le mettre sous pression. Il s'attaquera généralement à la personne qu'il juge comme responsable de sa frustration pour X ou Y raison. Le bourreau peut être une personne aussi bien qu'une situation.

Ce triangle représente une façon de communiquer avec l'autre. Il n'est pas fixe dans le temps. Ainsi, une personne peut passer d'un rôle à l'autre pendant toute la durée de ce que l'on appelle le jeu psychologique. Cela va avoir un impact sur la manière dont la personne se comporte, ainsi que sur les décisions qu'elle prendra dans sa vie.

Quels sont les bénéfices de chaque rôle ?

Si les personnes restent dans ce triangle dramatique, c'est qu'il doit y avoir une raison : des bénéfices cachés que chaque parti va tirer par rapport à sa situation.

  • En ce qui concerne la victime, son bénéfice principal est le fait que l'on s'occupe d'elle. En se plaignant constamment, et en rejetant la faute sur autrui ou la situation frustrante, la victime va se dédouaner de l'impact qu'elle a sur son environnement. Changer ses habitudes, passer à l'action, se lancer dans l'inconnu, ça fait peur. De ce fait, la victime va préférer rester dans ce rôle d'être impuissant, afin de ne pas avoir à passer à l'action par elle-même. Oui, la situation est persécutante et la victime va s'en plaindre. Il est plus facile de se plaindre sur son sort plutôt que de mettre en place des choses pour aller de l'avant. La plainte est donc une défense afin de rester dans l'inaction et de se convaincre que c'est la bonne chose à faire.
  • La personne dans le rôle du sauveur va chercher à être indispensable. Se faisant, il aura l'impression que l'autre l'aime et qu'il a sa place avec lui. C'est en aidant l'autre qu'il pourra nourrir l'estime qu'il a de lui-même, quitte à donner toute son énergie pour l'autre et ne rien garder pour lui. Sa grande peur est d'être rejeté. Pour ne pas avoir à confronter le rejet, il va donc tout faire pour l'autre. Ici, la personne confond le fait d'être aimé avec le fait d'être indispensable. Une relation de dépendance, n'est pas une relation saine, bien au contraire. Cela peut avoir un impact négatif pour les deux partis.
  • Le bourreau, lui, par ses actions agressives va chercher à gagner le respect de l'autre. Son comportement violent vient comme une défense pour protéger son bien-être psychique. Par peur d'être blessé, ou envahit par l'autre, le bourreau va passer à l'attaque en premier. En inspirant la peur, il aura l'impression que l'autre le respecte, donc qu'il ne viendra pas l'embêter. Il aura alors tendance à vouloir imposer ses idées en permanence et sera très têtu. Par peur de ne pas être vu, voire de ne pas exister dans les yeux de l'autre, il sera agressif afin qu'on le remarque.

Maintenant que l'on a pu mieux comprendre les rôles du triangle dramatique et les bénéfices que chacun en tire, il est temps de savoir comment en sortir.

Comment sortir du triangle dramatique ?

Comment sortir du triangle dramatique ?

La première étape, et la plus fondamentale, pour sortir de ce triangle dramatique et de se rendre compte du rôle que l'on joue et de qui sont les autres acteurs. Cela demande un gros travail d'introspection et de compréhension des relations que l'on peut avoir avec autrui. Seulement, une fois que c'est fait, comment peut-on réellement changer la tendance et s'échapper de ce jeu psychologique ?

C'est là qu'entre en jeu, la théorie du triangle du gagnant proposée par Acey Choy. Selon cet auteur, pour sortir d'un des rôles du triangle dramatique, il faudrait passer à une manière de pensée inverse. En voici les grands axes :

  1. Le rôle vulnérable : La personne vulnérable, comme la victime, va trouver un problème dont elle a du mal à sortir. Cependant, au lieu de s'apitoyer sur son sort, elle va mettre en place des actions pour se sentir mieux. Ici, l'individu va se référer à ses émotions afin de comprendre ce qui ne va pas et ce qu'il peut changer pour améliorer la situation. Dans le rôle vulnérable, la personne peut demander de l'aide, mais ne dépendra pas entièrement de l'autre. Elle se servira également de son vécu pour se sortir de la situation difficile.
  2. Le rôle affirmatif : Ici, la personne peut se battre pour ses droits et mettre en place ses idées, mais elle ne blessera pas l'autre. Parfois, on doit s'affirmer face à autrui pour ne pas se laisser détruire et pouvoir montrer entièrement ce que l'on est. L'important est de se battre pour changer les choses, mais pas pour punir. La personne assertive va avoir la capacité de dire à l'autre qu'elle a un problème et expliquer en quoi autrui la dérange, sans passer par la violence. Elle travaillera avec l'autre personne pour trouver un compromis qui peut avantager chaque parti.
  3. Le rôle bienveillance : La personne bienveillante, va être d'abord dans l'écoute de l'autre avant tout passage à l'action. Elle va donc fondamentalement penser que l'autre possède les ressources en elle pour pouvoir avancer. Ce rôle est présent comme un « coup de pouce » et non comme le sauveur qui va tout prendre en charge sans prendre réellement en compte les besoins de la victime. De plus, dans le rôle bienveillance, l'individu va choisir ou non d'aider en fonction de ses capacités. Il regardera donc s'il peut s'ajouter une charge mentale, et saura dire non dans le cas où il sentirait que ce n'est pas possible. Il a donc la capacité de prendre en compte ses propres besoins et limites avant de prendre la décision d'aider ou non. Dans le cas d'une réponse négative, il ne se sentira pas coupable, car il saura que c'est la meilleure décision à prendre pour lui-même (et pour l'autre) sur le moment.

Dans nos relations interpersonnels, il peut parfois être facile de tomber dans un triangle dramatique. L'important est de s'en rendre compte, puis d'essayer d'échanger les tendances afin de pouvoir passer au triangle du gagnant. Le faire seul est compliqué. C'est pourquoi, dans certains cas, il est préférable d'avoir recours à l'aide d'un.e psychologue afin de détecter ce triangle et d'obtenir des outils pour en sortir.

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Écrit par

Gwenael Thing-Leoh

Psychologue clinicienne spécialisée dans la psychologie interculturelle. Grâce à ma formation, je dispose d'outils que j'utilise pour vous proposer une psychothérapie adaptée qui vous permettra d'avancer et de vous épanouir pleinement.Dans ma pratique je me base sur une approche humaniste et psychanalytique.

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Bibliographie

  • Besson, L. (2022, 7 mars) Debug #26 [Podcast]. Bien dans ta boîte. https://open.spotify.com/episode/7FWMkzqDXyHUT5pIe8Rcv8?si=a416042b780240e5
  • Choy, A. (1990). The winner's triangle. Transactional Analysis Journal, 20(1), 40-46.
  • Lac, A., & Donaldson, C. D. (2022). Development and validation of the Drama Triangle Scale: are you a victim, rescuer, or persecutor?. Journal of interpersonal violence, 37(7-8), NP4057-NP4081.
  • Shmelev, I. (2015). Beyond the drama triangle: The overcoming self. Psychology. Journal of Higher School of Economics, 12(2), 133-149.

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Commentaires 1
  • pereira

    très bien, j'ai souvent utilisé ce concept avec bénéfice, dans le domaine ducouple, de la vie familiale et socio-professionnel ; les limites sont des types de personnalités qui s'accrochent à un rôle qui leur apporte un bénéfice immédiat ou à long terme ( stockolm, Oedipe, psychotiques, ect...) Je ne suis pas psychologue de formation et cherche à contourner ce type de résistance ! MERCI

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