Sentiment de n'avoir aucune place, pessimisme constant face aux rapports humains
Bonjour, j'ai 19 ans et j'ai toujours beaucoup analysé les choses, ressenti le besoin de poser des mots, des sentiments et des idées claires sur chaque choses. Pourtant, ma vie en général a toujours été plutôt désordonnée.
Ce qui me passionne c'est l'analyse des comportements humains, comprendre pourquoi qui dit quoi à qui, dans quel but. Je me suis longtemps sentie confiante parce que ça m'apportait une sorte de sentiment de supériorité e comprendre certains de ces mécanismes j'imagine, mais j'ai toujours ressenti une gêne face à ces activités, ces mots, ces conventions qu'il faut respecter quand on est en phase de socialisation avec un groupe. Ca m'a poussé à les analyser, à m'en faire des réflexions qui m'ont amené à m'aliéner complètement de la population. J'ai le sentiment que chaque débat, chaque discours est inutile et ne proviens pas d'une volonté pure de dialoguer, mais souvent d'une tentative de se valoriser, de renvoyer l'image qu'on a envie de donner aux autres.
Ca rend complètement inutile le dialogue entres les gens, personne ne s'écoute, les échanges sont une succession de phrases qui commencent par "moi je" et je n'arrive plus à y participer, à me fondre dans la masse et à faire comme eux, alors que c'est le seul moyen d'obtenir de la considération de la part des autres, de se faire reconnaître par un groupe, et il me semble que ce genre de choses sont perçus comme des accomplissements sociaux et c'est ça qui permet à l'Homme d'atteindre le bonheur, ça passe par la considération et la reconnaissance d'un groupe social à notre égard.
Sauf que moi rien ne me correspond , tout le monde ne fait que parler d'eux-même et quand c'est pas le cas, c'est pour essayer de s'aventurer dans des débats sans profondeur ou ils restent à la surface de ce qu'il y a à soulever comme problématique intéressante, parce que souvent ce genre de débat nécessite de se remettre en question et les gens n'aiment pas ça du tout. Ils débatent pour avoir l'impression d'être ouvert, mais dès qu'on aborde le sujet d'une manière qui les titille ou qui suggère une remise en question, un changement d'opinion, ils se braquent et coupent court.
C'est dans ce sens que mon rapport aux autres est devenu un échec. Je touche toujours à ce qu'il ne faut pas, je dis toujours des choses qui freinent le débat, qui ferment les gens là où j'ai l'impression d'avoir soulevé quelque chose d'intéressant.
J'avance constamment avec une volonté d'objectivité dans mes propos. Un autre élément que j'ai compris récemment et qui freine aussi beaucoup les discussions entre les gens c'est la subjectivité de chacun.
Chaque personne est définie par ce qu'elle a vécu et le milieu dans lequel elle l'a vécu. Les gens ne s'en rendent pas compte mais sont déterminés par des causes, des expériences, du vécu et c'est ce qui les a poussé à réagir comme-ci, comme-ça, à aimer plutôt ci ou plutôt ça. Ce qui fait qu'ils sont incapables d'être objectifs sur des sujets qui le nécessitent si on veut les traiter de façon pertinente. Ils s'emportent, victime de leur sentiments, se disputent ou tombent d'accord alors qu"ils n'ont rien compris à ce que l'autre disait. Tout est question de mots plus ou moins bien placés, qui vont véhiculer des idées plus ou moins précises, mais jamais personne ne comprends une phrase comme celui qui l'a prononcé parce que chacun a sa définition et sa compréhension des mots, des expressions, des tons de voix etc.. Ce qui fait qu'en pensant exprimer un message, on en exprime plein d'autres parce que les gens ne le ne déchiffrent pas les choses de la même manière que nous et ça rend le rapport humain complètement biaisé.
Les gens ne se comprennent pas mais discutent quand même, s'aiment, se disputent, ressentent des choses fortes sur des bases floues et imprécises. Je n'arrive plus à comprendre, je n'arrive plus à mettre toutes ces pensées de côté et me laisser aller à la discussion, rire quand j'en ai envie, parler de moi quand j'en ai envie, d'autre chose quand j'en ai envie. Je suis sans cesse heurtée par la fausseté des choses, j'arrive plus à interagir avec les autres et à y participer, j'évolue sans cesse avec ces pensées dans ma tête, ou je ne fais qu'analyser sans jamais vivre le moment présent. Je suis là en observation, j'y prends jamais part, et c'est en train de me rendre folle je sais plus ce que je dois penser et ne pas penser, c'est en train d'avoir des gros impact sur mes rapports avec les gens que j'aime et je ne sais vraiment plus quoi faire, si ça a un nom, si ça se soigne, si ça s'explique, ou si juste tout le monde a ce genre de névrose propre à leur situation et je suis trop faible pour me contenir comme tous les autres ?
Je ne sais plus si j'exagère et que ma vision des choses est faussée, ou si je mets le doigts sur une vérité qui gène beaucoup les gens et dont ils n'ont pas envie de parler parce que ça remettrait en question l'intégralité de la nature de leur rapport.
Pourquoi je suis pas capable de faire les choses naturellement sans me poser de question ? Sans analyser et adapter mes paroles et mes réactions, comment je fais pour arrêter de me sentir gênée de respecter des codes sociaux pour s'intégrer? Pourquoi ça me semble complètement contre-nature ?
J'ai vu plusieurs psychologues et psychiatres quand j'étais au lycée parce que ma même a réagi très violemment pour des histoires d'alcool et de cannabis, c'était mon initiative de les consulter, et toute cette vision des choses s'est précisé de plus en plus quand j'étais au lycée, j'ai évolué avec elle alors j'ai poursuivi les rdv jusqu'à l'année dernière, j'en ai vu plusieurs et ça n'a jamais vraiment marché. J'ai l'impression qu'ils t'écoutent parce que c'est leur métier mais qu'ils ne cherchant pas à t'apporter une réelle aide, et même ceux qui avaient l'air d'avoir de la volonté, répondent toujours à côté de la plaque, donne des explications lambda, ce que nos parents nous disent, des réponses qui n'ont aucune touche personnelle, qui ne répond pas au cas précis mais évoque une réalité générale. Cela étant ils m'ont tous dit que j'avais une vision du monde très particulière, je ne sais pas quoi en penser non plus
Comme vous pouvez le voir à travers ce pavé, je me perds beaucoup dans mes explications et dans mes mots, j'ai toujours peur de ne pas être assez précise et ça agace souvent, ça m'handicape aussi parce que les gens sont beaucoup plus réceptifs aux phrases concises, mais selon moi ça facilite encore plus l'incompréhension, le mal-entendu et le mauvais décodage du message...
Je ne sais plus quoi faire pour m'écarter de cette vision des choses, je me sentais supérieure mais je me rends compte que ça ne m'apporte qu'un échec social et que les gens surfaits, qui ne se remettent pas en question et sont bourrés d'incohérence reçoivent toute l'attention et la reconnaissance dont chaque Homme a besoin, alors que moi, en essayant de rester authentique, de me remettre en question d'écouter réellement l'avis des autres pour m'améliorer et ne pas me laisser emprisonner par la subjectivité, je suis juste perçue comme une fille étrange, chiante, qui dérange, je ne comprends plus pourquoi. Ca me rend jalouse des autres qui y arrivent alors que je me sens plus intéressante/pertinente qu'eux. Pourquoi ils attirent autant l'attention alors qu'ils sont vide, qu'ils n'ont pas de discussion et ne font que se montrer ? Pourquoi les gens ne voient pas ça avec mépris et incompréhension ? Pourquoi ça excite leur sens et pourquoi ils y sont autant réceptifs ? Ils font tous les même choses les uns avec les autres et ça n'a ni queue ni tête, alors je me demande pourquoi je suis la seule à m'en rendre compte.
Et à force je finis par me dire que j'invente peut-être tout ça, est ce que ça peut correspondre à une pathologie ?
Je sais plus quoi faire ni penser
Je ne sais pas si quelqu'un aura envie de lire tout ça, et si c'est le cas si il aura envie d'y répondre, si il y a une réelle réponse à apporter ou pas, mais j'espère que des gens vont avoir envie de m'aider et vont le pouvoir, ou du moins vont essayer.
L'une des seules choses qui me rend heureuse aujourd'hui c'est l'innocence d'un geste désintéressé, et c'est de plus en plus rare de tomber là dessus
Il faut que je m'arrête d'écrire sinon je vais encore y rester des heures
Merci de vos éventuels retour