Comprendre la haine

Ce n’est pas un sujet facile que j’aborde avec cet article. Le sujet peut même paraître totalement repoussant. J’invite tout particulièrement ceux qui vivent de la colère, de la rancœur...

1 JUIL. 2019 · Lecture : min.
Comprendre la haine

J'invite tout particulièrement ceux qui vivent de la colère, de la rancœur, de la rancune, et de la haine à le lire.

La haine est l'inverse de l'amour. La haine conduit à vivre une vie de plus en plus sombre alors que l'amour conduit à une vie de plus en plus joyeuse.

Comment en arrive-t-on à haïr ?

Tout commence par de grandes attentes. Je compte sur quelque chose ou quelqu'un, le plus souvent sans l'avoir formulé. C'est normal chez l'être humain d'avoir des attentes, surtout si elles font suite à un engagement clair. Quand je signe un contrat de travail, je m'attends à recevoir un salaire, des avantages en nature ou une compensation. Et mon employeur attend lui aussi un service, l'exécution des tâches qu'il m'aura confiées. Si je vais au-delà du contrat et désire plus de reconnaissance par exemple, je vais commencer à vivre des émotions désagréables quand celle-ci ne se produit pas.

Les attentes sans entente sont le fruit de notre éducation. On nous a fait croire que l'autre ferait notre bonheur, d'autant plus si on faisait le sien. Mais la réalité est tout autre.

Cela nous arrive à tous et très souvent ; je rends un service à quelqu'un et je m'attends à ce qu'un jour, cette même personne me rende service à son tour. Si je lui demande et n'obtiens rien, je vais vivre des émotions négatives envers cette personne. Cela peut arriver aussi envers une voiture. Quand j'achète une voiture, je m'attends à ce qu'elle me conduise là où je veux aller. Le jour où elle a un dysfonctionnement alors que je la bichonne, je vais mal le vivre.

Ainsi, de frustrations en déceptions, je vais sentir la colère monter, contre moi, contre l'autre, contre la voiture ou le garage. La colère peut aussi bien être de la peur, de l'impatience, … La colère peut se muer en rancœur et aller jusqu'à la rancune et la haine.

La colère est le premier grade, elle résulte de l'accumulation d'une ou plusieurs frustrations. Un article complet pourrait être consacré à la colère et à son utilité. Le fait de vivre beaucoup de frustrations amène alors à la déception.

Avec la rancœur, je tiens rigueur à la personne de m'avoir déçu(e). Je vais automatiquement changer de comportement avec elle, me méfier ou m'éloigner progressivement par exemple.

S'il s'agit d'une accumulation d'une ou plusieurs déceptions, déconvenues, la personne peut basculer dans la rancune. Par exemple, en nous mettant en ménage, nous avons pris l'engagement réciproque d'être dans une relation monogame, de se soutenir et de se respecter. Tout écart à ces engagements clairs sera une source de grande déception et de souffrance. Alors, j'en voudrais à l'autre de me décevoir, de me sentir trahie. Il est probable que je développe de la rancune, je deviens hostile à l'autre.

Si ma rancune s'accompagne d'une envie de vengeance, de nuire à l'autre alors, j'ai atteint le stade de la haine surtout si je me réjouis de ses malheurs.

Si je souhaite que l'autre meure, que l'autre vive autant de souffrance que moi, physiquement ou moralement, je la hais.

Tout ceci peut également être vécu avec soi-même. Certaines personnes en viennent à se décevoir elles-mêmes au point d'éprouver de la haine pour elles-mêmes et à vouloir s'infliger des punitions, être sanctionnées, emprisonnées …

Qu'est-ce qui fait que certains vivent de la haine plus facilement/fréquemment que d'autres ?

La haine est plus présente chez les personnes qui souffrent d'une forte blessure de rejet ou d'abandon. Nous pouvons tous vivre de la rancune, mais c'est quand la personne est vraiment blessée dans son être profond que la haine prend le relais.

La personne qui a une très forte blessure de rejet ou d'abandon n'est pas méchante, elle est extrêmement souffrante. La haine qu'elle ressent a une origine dans son enfance. L'enfant qu'elle a été a senti de la haine pour un de ses parents (du même sexe dans le cas de la blessure de rejet et du sexe opposé dans le cas de l'abandon). Elle n'a pas su quoi en faire, incapable de l'exprimer ou d'agir sans mettre sa vie en danger.

Il y a de nombreuses situations qui peuvent amener à la haine d'un parent, tous les types d'abus (de pouvoir, sexuels, …), la violence physique (envers l'enfant ou envers un membre de la famille), la méchanceté gratuite, le sadisme, la torture, les humiliations répétées en public, etc.

Les méfaits de la haine

La haine est un sentiment destructeur très puissant. Elle va à l'encontre de ce que désire vraiment l'être humain.

La rancune et la haine, la colère dans une moindre mesure, instaurent comme un enfer à l'intérieur de la personne : agressivité, obsession, désir de vengeance, ... prennent toute la place dans la relation ou dans le quotidien. La personne ne dirige plus sa vie. Elle ne répond plus à ses besoins.

De ce fait, cette personne va développer diverses maladies dont le cancer. Pour plus d'informations, vous pouvez vous référer aux dictionnaires des maladies de Lise Bourbeau ou de Jacques Martel.

Comment en sortir ?

La seule manière de sortir de ce type de sentiment à ce jour est :

  1. d'accepter nos émotions, c'est-à-dire de se donner le droit de vivre de la colère, de la rancune, de la haine, de vouloir se venger, … Accepter aussi d'en avoir voulu à un de nos parents au point de vouloir sa destruction, ce qui n'est pas le plus facile à faire ;
  2. dépasser ses peurs pour entrer en contact avec la souffrance qui se cache derrière ;
  3. avoir de la compassion pour soi-même ;
  4. pardonner et se pardonner par amour pour soi-même. Pour cela, il est possible d'utiliser la méthode du miroir (voir un de mes précédents articles).

Tout ce processus demande beaucoup de courage. Je vous souhaite de trouver les ressources en vous pour vous libérer de ces sentiments afin de retrouver la joie et la paix.

Je reste à votre écoute pour vous aider dans cette démarche.

Photos : shutterstock

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Écrit par

Sandrine Monteiro

Psychologue diplômée de l'école québécoise Ecoute Ton Corps, spécialisée en thérapie pour adolescents et adultes, soit individuellement, soit en couple. Il utilise des méthodes thérapeutiques axées sur l'écoute du corps tant sur le plan émotionnel que mental, des thérapies pour évacuer le stress, des consolations familiales, entre autres.

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Commentaires 11
  • Klem

    Chère madame, Je vous écris ce message, car je crois vivre un schéma amoureux qui n'est pas bon. Vous le devinerez sûrement, mais je passe d'écueils en écueils amoureux. Pour être plus précis: Je souffre de handicaps cognitifs (mémoire et attention), liés à des opérations intra crâniennes, dûes à un cancer. Surdoué et très sensible, je "pratique" les divans depuis très jeune déjà. Selon ma dernière praticienne, avec qui j'ai arrêté mon suivi il y a plus de cinq ans, je serais en lutte continuelle contre la dépression. Franche tendance à l'auto dépréciation, voire au masochisme intellectuel, je souffre beaucoup. Dans la réalité de mon problème amoureux, je me suis bien sûr questionné: "suis-je l'erreur?", "Est-ce que j'agis mal?", "est ce que j'idéalise l'objet de ma passion?". Pour la dernière question, il me semble que le début de la réponse soit: Je choisis inconsciemment des femmes envers lesquelles les relations amoureuse soient dès le départ, impossible à concrétiser. Actuellement au travail, je prends souvent des anxiolytiques puissants, pour m'éviter des accès d'angoisse et de colère, que je gère au mieux. Au vu de ma dernière déception (suivi de toutes les autres), je me sens bouillir, et éprouver une haine farouche envers le sexe féminin. J'aimerais que vous m'aidiez à savoir comment je pourrais reconstruire mon estime -et il y a beaucoup de travail-, et espérer ne pas succomber aux premiers mirages amoureux, que me serais construits. Je souhaiterais simplement ne plus subir ma vie. Cordialement

  • Melitolink

    Perso la haine est ma vie sans elle je ne suis rien. un jour mon père m'as dit "quand on devient adolescent, on pert quelque chose pour en gagner une autre. Perso j'ai perdu la capacitée d'aimer et j'ai aquis un haine que est plus forte que tout

  • Canne

    Bonsoir. Mon conjoint a beaucoup de haine dans lui. J’essaye de le convaincre de parler mais il est comme enprisonner de son corps. Il faudrais que je déménage mais il na pas de loyer que je trouve. En plus il ramasse toutes sortes de cochonnerie. Le sous sol et sa chambre est foul. Et très agressif. Il a de la haine envers tous. Pouvez vous me donner un conseil. S.v.p.

  • Xena41

    Bonjour J'ai la haine contre un homme que j'ai aimé à la folie et pourtant il était paraplégique Je lui ai offert beaucoup de choses venant de mon grand cœur Je me suis acheté beaucoup de vêtements pour lui plaire J'ai dépensé de l'argent pour le faire revenir vers moi Lui ne m'a jamais dit ses sentiments Aujourd'hui j'ai un trop plein je lui envoie beaucoup de messages ne sachant pas si il les lis puisque pas de réponses de sa part J'ai une colère prête à faire une bêtise

  • Mc

    Merci Je vis de la haine envers les hommes du à ma mère qui m a transmis sa peur Étant un enfant blonde et coquette j attirait le regard Elle m à abaisser en parole et j étais le mouton noir. Jamais correction Ayant pris conscience de cela je dois accepté et faire un processus de pardon. Merci

  • Victor

    Bonjour Votre article m’a beaucoup intéressé. Actuellement, je tente de gérer le comportement d’une personne perverse narcissique. Mission quasiment impossible selon la documentation provenant de certains acteurs du combat contre ces personnes.

  • Laurent Klemenci

    Je suis handicapé victime de nombreuses ségrégations et de haine. Je n'ai pas été désiré parce que je vis une vie de plus en plus infernale avec mon handicap mental reconnu par la MDPH. Ça n'a l'air de rien mais je suis très idiot, très bête. En plus mes traitements n'arrangent rien par rapport à avant. Il y a de plus en plus de dégâts dans mon cerveau. Je perds la boule. Je suis schizophrène depuis l'an 2000 et on continue à m'engueuler violemment. Certaines actes n'on jamais été pardonnés. Il y a de la haine chez moi autant que chez les autres et j'ai bien envie de me barricader pour longtemps.

  • keno16

    J'ai haï ma mere de m'avoir fait sentir un enfant decevant , sans doute souffrait t-elle d'une depression post portum due a une fausse couche avant moi ! Néenmoins elle m'a fait sentir un monstre d'ou mon envie constant qu'elle meurt .... A mes 13 ans elle mourut d'un cancer et j'ai du vivre avec cette croyance que ma haine gigantesque etait responsable de sa mort ! A 54 ans , apres 22 ans de therapie intance , je commence seulement a oser lacher prise sur mon sentiment de colere que j'ai enmurré toute ma vie ! C'est le parcour du combattant pour depasser de tel peur !!

  • lita

    "L'enfant qu'elle a été a senti de la haine pour un de ses parents (du même sexe dans le cas de la blessure de rejet et du sexe opposé dans le cas de l'abandon)" Cette affirmation à propos du sexe du parent et de l'enfant m'a l'air très réductrice, comparée à la palette de situations et d'émotions qu'on peut éprouver vis-à-vis de ses parents. Ne croyez-vous pas qu'il s'agit là d'une interprétation basée sur une vision archaïque de la famille ? ça valait peut-être quand les rôles des pères et des mères étaient plus strictement définis, mais aujourd'hui les lignes bougent. Beaucoup de gens grandissent avec deux pères, deux mères, un seul parent qui assume tous les rôles. Je pense que les anciens schémas sont à actualiser avec l'époque, qui semble changer plus vite que les considérations des psychanalystes.

  • ELI

    Merci pour ce texte très intéressant je vous renvoie aux livres de marshall rosenberg sur la violence qui est la haine en actes qui s'approchent de vos analyes très concises et claires Eliahou LILTI Strasbourg


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