Les bénéfices de la lecture

La lecture a une influence positive sur notre esprit et notre vie. Sur un plan physiologique, il a été démontré que celles et ceux qui lisent sont capables d'incrémenter la connectivité de leurs neurones. Agréable passe-temps pour certains, obligation pour d'autres, la lecture est un exercice mental bénéfique.

"Tout comme nous prenons soin de nous en faisant du sport, nous devrions dédier 30 mn chaque jour à la lecture", Emili Teixidor (autrice catalane).

Favoriser la concentration et l'empathie, prévenir la dégénération cognitive et prédire le succès professionnel sont certains des bénéfices de la lecture. Pour Ángel Gabilondo, professeur de philosophie à l'Université de Madrid, "l'acte de lire fait partie de l'acte de vivre. [La lecture] crée, recrée et transforme. Une bonne sélection de livres est comme une bonne sélection d'aliments : nutritive".

Pourquoi la lecture est-elle si saine ?

Pour Emili Teixidor, "la lecture est le seul instrument que possède le cerveau pour progresser, elle nous offre l'aliment qui fait vivre le cerveau". Exercer son esprit par la lecture favorise la concentration. Même si, une fois apprise, la lecture semble un processus inné dans notre esprit, lire est pourtant une activité contre-nature. L'être humain lecteur a surgit de sa lutte constante contre la distraction, car l'état naturel du cerveau tend à dériver face à n'importe quel stimulus nouveau. Ne pas être alerte, selon la psychologie évolutive, pouvait coûter la vie à nos ancêtres : si un chasseur ne prêtait pas attention aux stimuli qui l'entouraient, il risquait de se faire dévorer ou de mourir de faim en ne sachant pas localiser les sources d'aliments. C'est en cela que rester immobile sur un processus tel que la lecture est contre-nature.

"La capacité à se concentrer sur une seule tâche sans s'interrompre représente une anomalie dans l'histoire de notre développement psychologique" (Vaughan Bell, chercheur et psychologue au King's College, Londres).

Pour Nicholas Carr, seule la lecture exige "la concentration profonde en combinant le déchiffrage du texte et l'interprétation de sa signification". Bien que la lecture soit un processus forcé, l'esprit recrée chaque mot en activant de nombreuses vibrations intellectuelles.

Que se passe-t-il lorsqu'on lit ?

En ce moment même, alors que vous lisez cet article, l'hémisphère gauche de votre cerveau travaille à grande vitesse pour activer différentes zones. Vos yeux parcourent le texte pour reconnaître la forme de chaque lettre, et votre cortex inférotemporel, aire du cerveau spécialisée dans la détection des mots écrits, s'active pour transmettre l'information vers d'autres régions cérébrales. Votre cerveau répète sans cesse ce processus complexe pendant la lecture.

L'activité de lecture, que le cerveau mène à bien avec tant de facilité, a des répercussions sur notre développement intellectuel. "La capacité lectrice modifie le cerveau", soutient le neurologue Stanislas Dehaene, professeur de Psychologie Cognitive Expérimentale au Collège de France dans son livre "Les neurones de la lecture". Et effectivement, on trouve plus de matière grise dans la tête de ceux qui lisent, et plus de neurones dans les cerveaux de lecteurs.

Le pouvoir de l'imagination

Le pouvoir de l'esprit est si fort qu'il recrée ce qu'imagine la littérature, activant les mêmes aires cérébrales que celles qui s'actionnent lorsqu'on réalise l'action en réalité. Dans un article publié en 2009 dans la revue "Psychological Science", Nicole K. Speer l'affirme :

"Les lecteurs simulent mentalement chaque nouvelle situation qui se trouve dans une narration. Les détails des actions du texte s'intègrent à la connaissance personnelle des expériences passées".

La lecture, une source d'expériences

La lecture nous permet de vivre de nouvelles expériences. La littérature, notamment de fiction, a un grand effet émotionnel sur le lecteur, qui est capable de ressentir des émotions qu'il aurait pu mettre plusieurs décennies à découvrir. Elle aide aussi à ressentir de l'empathie pour les personnages auxquels on s'identifie tout au long de la narration.

Le psychologue Raymond Mar et son équipe de l'Université de Toronto ont prouvé en 2006 que les personnes qui lisent des romans sont plus empathiques que les lecteurs de livres spécifiques ou que les non-lecteurs. Au moment de mesurer les compétences sociales et la façon d'interagir des deux types de lecteurs, ils ont remarqué que les lecteurs de genres littéraires avaient plus de facilité à se mettre à la place des autres.

Développer ses capacités de communication

Comme le disait Cicéron, "parler ne s'apprend pas en parlant, mais en lisant". Loin de l'image solitaire et introvertie que l'on accole souvent au lecteur, ceux qui lisent développent beaucoup plus leurs compétences communicationnelles.

"En enrichissant le vocabulaire et en améliorant la syntaxe et la grammaire, on apprend à parler de façon adéquate et juste", soutient Ángel Gabilondo.

Faire un usage correct du langage est bien valorisé socialement, et ceux qui nourrissent leur dialectique via la lecture sont perçus par les autres comme des individus avec de grandes capacités de leadership, et plus appréciés professionnellement.

Un autre point de vue

La littérature est un grand simulateur de la réalité. C'est comme une machine temporelle qui nous transporte en quelques instants dans différentes époques et situations, avec leurs caractéristiques et personnages particuliers.

Cela nous aide à être plus aimables avec les autres, en nous apprenant à voir le monde depuis leur point de vue, tout en prenant en compte les conséquences que peuvent avoir nos actes sur les autres. Elle nous prouve aussi la simplicité de vertus comme l'amabilité, la générosité et la sympathie.

Interpréter la réalité

La bonne littérature a toujours été opposée à un système de valeurs hégémoniques, qui valorisent et font passer en priorité la recherche du pouvoir et de l'argent. Les écrivains s'alignent souvent sur la rive opposée de cette conception du monde.

Ainsi, la lecture est un véhicule plus qu'efficace pour interpréter la réalité qui nous entoure. Les livres nous aident à sympathiser avec les idées et sentiments qui s'opposent au cynisme et à l'hypocrisie du monde.

"Dans des pays autoritaires, la lecture sera toujours persécutée pour sa contribution à développer la liberté d'expression, la culture et l'information", affirme César Antonio Molina, ex-ministre espagnol de la Culture et directeur de la Maison du Livre.

Une allié contre la solitude

La lecture est une cure à la solitude. Dans les bons livres, on peut trouver des personnages auxquels s'identifier et découvrir avec eux un monde décrit au fil de la narration,

Lorsque le livre est intéressant, il attire toute notre attention et la solitude disparaît totalement car le livre devient notre meilleur ami et compagnon.

Voir plus loin

Les auteurs nous aident à ouvrir notre coeur et notre esprit, ils nous offrent des clés pour nous libérer de la paranoïa et de la sensation de persécution qui nous envahit très souvent. La lecture devient ainsi une voie d'échappatoire face à ces situations qui parfois nous accablent.

Un outil pour affronter l'échec

La littérature est utile car elle nous aide à nous préparer au mieux contre l'échec. Personne ne veut échouer dans la vie, mais nous trouverons dans la lecture des outils qui nous permettront de reconnaître que l'échec existe et qu'il peut se dépasser pour en ressortir plus fort et finalement atteindre le succès que l'on vise.

D'ailleurs, selon une étude de l'Université d'Oxford, la lecture pourrait prédire le succès professionnel. Ceux qui ont été d'avides lecteurs dans leur adolescence ont plus de chance de triompher à l'âge adulte. Pendant plus de deux décennies, l'équipe de recherche du psychologue Mark Taylor a analysé les habitudes et pratiques de presque 20 000 jeunes afin de savoir quelles activités pouvaient prédire le succès professionnel à 30 ans. Aucune activité extrascolaire (comme aller ou au cinéma ou faire du sport) n'a eu un impact significatif. Mais la lecture, oui. Les femmes qui à 16 ans lisaient des livres pour le plaisir avaient 39% de chance d'avoir un poste de direction à 30 ans, contre 25% des non lectrices. Pour les hommes, qui ont plus de possibilités d'arriver à ces postes de direction, le chiffre passait de 48% pour ceux qui ne lisaient pas à 58% pour ceux qui lisaient.

La lecture n'a pas d'âge

La lecture est une bonne habitude pour tous, car les bénéfices que l'on a mentionné s'appliquent à tous, peu importe l'âge ou la condition du lecteur ou de la lectrice. Il est certain que chaque âge a ses propres préférences et habitudes, mais les résultats positifs sont égaux pour tous.

La lecture a cependant du sens lorsqu'on prend de l'âge. Neurologues et psychologues recommandent "la lecture comme méthode préventive contre Alzheimer ou d'autres maladie neuro-dégénératives", signale le Dr Pablo Martínez-Lage, coordinateur du groupe d'études de conduites et démences de la Société Espagnole de Neurologie.

Lorsque la personne commence à présenter des signes de démences et à perdre en autonomie, deux facteurs influent : les lésions que la maladie a pu produire et la perte de la capacité à compenser. Compenser, c'est mettre en marche certaines zones du cerveau qui ne fonctionnaient pas auparavant, mettre en marche la réserve cognitive, c'est-à-dire la capacité intellectuelle amassée tout au long de la vie grâce aux connaissances et activités intellectuelles. D'où l'importance de la lecture.

Pour toutes ces raisons, la littérature est un élixir qui existe pour nous aider à vivre avec un peu plus de sagesse et de bonté, peu importe notre âge ou notre situation.

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