Être l'enfant d'un parent pervers narcissique, c'est quoi ?

Être l'enfant d'un parent pervers narcissique, c'est apprendre à ne pas vivre autrement qu'au travers de la destruction psychique organisée par le pervers.

19 NOV. 2018 · Lecture : min.
Être l'enfant d'un parent pervers narcissique, c'est quoi ?

La famille

Les membres de la famille sont le plus souvent isolés au sein du groupe, le mécanisme relationnel, étant de créer, pour le parent pervers un pouvoir, donc la doctrine pourrait être, "diviser pour mieux régner". Petites phrases qui blessent, humiliations... Créer de la méfiance en parlant à l'un de l'autre, créant des doutes et des conflits. Se plaignant sans arrêt de ses enfants, tenant des propos négatifs dès qu'il le peut, une personne qui sait créer la culpabilité chez chacun.

Le parent pervers n'a pour seul objectif, que celui de rendre l'enfant docile, le rendre objet de sa volonté.

L'enfant vit ce système relationnel comme intrusif, il arrive souvent du reste, que des troubles apparaissent, troubles alimentaires, agressivité, terreurs nocturnes, ou encore des maux de ventre, des allergies.... Ces comportements sont les symptômes d'une demande à être aimé, regardé comme existant, entendu. Il arrive que l'enfant devienne tyrannique, il ne faut pas se tromper alors, car il ne s'agit pas d'un comportement caractériel, mais ce sont les signes d'une révolte avec les moyens que l'enfant possède.

L'enfant

L'enfant se trouve, dans ce type de relation, dans un paradoxe constant au niveau de ses ressentis, il tente par tous les moyens de recevoir l'affection du parent maltraitant. Les messages qu'il reçoit du parent pervers, sont entendus comme une réalité, ces mots venant d'un parent ne peuvent être que vrais, et ce regard négatif sur lui même, peut entraîner de graves dégâts, dépression, un vide intérieur, la prise de drogue, d'alcool... des comportements visant sa propre destruction. L'enfant ne peut être spontané, il doit être vigilant à tout. Il ne fait pas oublier que pour un parent il est très facile de manipuler son enfant, car par définition, l'enfant aime ses parents de façon inconditionnelle, et il attend, veut être aimé par eux, donc il est logique qu'il trouve des excuse aux parents aimés, qu'il cherche comment les contenter.

Dans cette relation l'enfant ne peut construire son identité, s'affirmer, il n'a aucune place, et son unique choix est d'être à l'image de ce que le parent pervers lui demande d'être. Il apprend très vite à ne pas demander, c'est bien trop dangereux ! Il n'a pas le droit d'exister, de prendre position, tout essai de prendre sa place sera sévèrement réprimé. Il n'existe aucun échange réel, le parent pervers a toujours raison ! Avoir un autre avis n'est pas acceptable, l'ordre posé par le "dictateur" ne peut être contesté. Il n'est pas rare de voir alors des enfants, comprenant le fonctionnement, essayer de faire ce qu'il faut pour ne pas être rejetés, et choisir de se réfugier dans le silence, ainsi aucun risque.

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Le parent victime

Le parent victime est le plus souvent incapable de réagir étant lui-même dans la confusion, et la mise en place de sa propre protection, il est alors, le plus souvent, complice involontaire laissant l'enfant subir l'emprise du pervers. Il peut même être dans le déni total de l'agression constante, en la posant comme issue de l'imaginaire enfantin, ce qui lui permet inconsciemment de réduire son propre sentiment de culpabilité. Ce parent tient alors des discours, comme quoi l'enfant invente, qu'il exagère, ce qui a pour conséquence de créer encore plus de confusion chez l'enfant, et produit un doute chez l'enfant sur son propre regard vis à vis de la violence qu'il subit de la part du parent pervers.

L'enfant est alors dans un univers familial totalement insécure, un espace qui ne laisse aucune place à son bon développement, il doit être en vigilance permanente pour se protéger en se justifiant de tout.

Le parent pervers

Le parent pervers, justifiera ses actes par des phrases comme "... c'est pour ton bien...", se targuant de faire tout cela pour l'intérêt de l'enfant, il met en avant les règles de l'éducation, mais il n'a pour seul objectif que celui de détruire l'enfant, en faire sa chose. La forme utilisée n'est pas remarquée par l'environnement, au yeux des "autres". Seul l'enfant sait intérieurement ce qu'il en est. Il ne peut se plaindre et doit donc intérioriser, de plus il entend sans cesse que tout cela, c'est pour son bien, il n'est pas rare alors qu'il soit désigné comme un enfant mal dans sa peau, responsable des difficultés de ses parents, décevant, il n'est pas comme le parent le souhaite, il est sans cesse dévalorisé, maladroit... triste conséquence de la dévalorisation, le doute et le manque de confiance prennent de plus en plus place.

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Le parent pervers aura toujours de bonnes explications pour se justifier, ses "attaques", sont l'expression du fait que l'existence de cet enfant le gêne, il n'accepte pas son existence qu'il estime pouvoir lui faire de l'ombre, il le juge sans cesse, inscrivant ainsi psychiquement le message à l'enfant, qu'il n'est qu'un bon à rien. Cette forme est la seule place que l'enfant se reconnait, alors il aura des comportements qui justifieront la maltraitance. Il n'a pour reconnaissance que du négatif, il sera donc négatif, résonnant ainsi au discours destructeur du parent pervers. Il déçoit, ses parents ont honte de lui, il se sent de plus en plus coupable, il n'est pas assez bien pour ses parents.

Il ne peut trouver sa place, du reste on ne la lui donne pas ! Il n'a aucun retour de reconnaissance, il est orphelin d'un "parent" vivant qui ne sait rien de l'affect. Un parent physiquement présent, mais totalement détaché de toute manifestation chaleureuse nécessaire à l'équilibre de l'enfant. Il ment manipule, passe pour un bon parent aux yeux de l'entourage, un parfait comédien destructeur. Il ne présente son enfant qu'au travers de son propre narcissisme, "regardez comme je l'ai bien élevé...", il n'est que dans l'apparence, montrer aux yeux du monde un foyer parfait, sans autoriser le monde à venir chez lui...

L'enfant n'est alors qu'un accessoire de l'histoire familiale racontée aux autres !

Ces mécanismes sont à l'origine de l'absence de tout lien sain, aucune individualité n'est possible, le droit d'exister n'est pas accordé !

Demander de l'information - L'enfant est témoin spectateur de l'organisation relationnelle organisée par le parent pervers à l'encontre du partenaire. Il peut également subir la violence du parent victime, qui ne peut l'exprimer auprès du pervers.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Dominic Anton

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Commentaires 98
  • Flo83

    Comment prouver que le papa est pervers narcissique face au juge des affaires familiales quand on a un bébé de 5 mois? Je suis morte de peur a l'idée qu'il détruise mon enfant (qui est aussi le sien, ayant été sous son emprise pendant 2 ans). Merci pr votre aide

  • Feance

    Bonjour Je suis mamies Comment peut-on aider un enfant à sortir de ce cadre toxique Ma petite fille vie dans cette maltraitance Ma fille ne veut plus que je la voie que je lui parle Doit je laisser la situation et continuer ma fille en sachant que ma petite fille souffre Ne va t’elle pas à son tour devenir pervers narcissique ? Cela ne s’arrêtera donc jamais Merci à vous pour ces commentaires

  • Paradoxe

    Le pire : c’est quand un enfant meurt des suites de tout cela

  • Ti-Gui

    Il ne pourrait pas avoir de description aussi parfaite de ce que les enfants victimes d'un parent pervers narcissique subissent et je peux aisément dire que je suis très bien placé pour confirmé à 100% la véracité de cette article. La plupart du temps, la meilleure solution est de prendre ses distances et de couper les ponts... de manière définitive!!!

  • Maryn

    Mon fils de 16 ans ,depuis sa tendre enfance est violent. Son père a été très violent avec lui.mon enfant s'en prenait à moi.il est placé en foyer. Il a un mal être. Tout le monde le sait. Cela fait 16 ans que je me bats pour me faire entendre. Son père m'a humilié. Rabaissé.insulté.mon fils fugue beaucoup. Son père avait une emprise sur moi. Ce personnage a fait souffrir mon fils. Il parle peu .est violent. Autant 1vec des jeunes, qu'avec des adultes. Aujourd'hui on m'écoute. Mais c'est un combat difficile. Car son père est terriblement menteur et son but était de m'enlever mon fils. Chose qu'il n'a pas réussi..je suis, très fatiguée. Car par amour pour mon enfant, et pour qui ne lui arrive rien. Je me bat. C'est un long chemin qui m'épuise énormément. J'ai réussi à parler à la juge des enfants de certains faits concernant monsieur sur son fils. J'en parle avec ma psychologue et mon psychiatre. Mais que c'est épuisant. Cordialement

  • Mp

    On fait quoi? On se tire une balle? Tout cela on le sait on le vit Donnez des clefs pour s'en sortir serait bien plus intéressant

  • Autre

    Bonjour, et comment fait on pour les sortir du parent PN, alors que le juge préfère croire ce parent plutôt que l'autre ?

  • Garance

    A tous ceux qui demandent comment faire pour aider l' enfant: 1) Valorisez le, sans flatterie, il/elle n'est pas idiot, mais en mettant en valeur ses qualités. Encore, encore, et encore. Votre parole aura du poids si elle est régulière. 2) Ne dites jamais de mal du pervers narcissique à l'enfant, parce que par loyauté l'enfant n'hésitera pas à lui redire les choses si on les lui demande, et la relation aura toutes les chances d'être coupée. Et vous ne serez pas beaucoup plus avancé. 3) Faites vivre du concret à cet enfant. Vous ne pouvez pas l'empêcher de vivre ce qu'il/elle vit chez lui, et puis l'enfant aime son parent malgré tout. Mais vous pouvez lui faire vivre des belles choses. Donnez lui d'autres expériences, des choses simples et belles sur lesquelles il pourra s'appuyer pour grandir. 4) Si vous êtes de sa famille, habituez le à prendre des décisions, à faire des choix. Même des touts petits. Il/elle n'en a tout simplement pas le droit habituellement, et le parent PN fait passer ses décisions à lui pour celles de son enfant: il faut casser ce cercle qui peut le conduire plus tard à ne pas savoir ce qu'il/elle veut, à ne pas savoir décider pour sa vie, ou bien au contraire à devenir intransigeant, colérique. Décider l'aidera à se fortifier. 5) Dès qu'il/elle a l'âge de prendre de se prendre en charge, ou est autonome du point de vue de la loi, parlez lui de voir un psychologue. Quelqu'un de compétent en la matière. Ça peut lui sauver la vie, ça peut lui permettre de voir clair très tôt, et de bâtir des défenses intérieures qu'il pourra utiliser pour protéger le cours de son existence, et se détacher de ce mécanisme aliénant. 6) Aimez le, et dites le lui. C'est la seule chose contre laquelle le pervers narcissique même le plus diabolique ne peut rien: on peut aimer à distance et on peut savoir qu'on est aimé à distance. Et ça fait vivre.

  • Garance

    Très juste et bien construit. Selon la personnalité, l'entourage, selon aussi l' intelligence et le degré de sadisme du parent pervers narcissique, l' enfant -ou les enfants- écrasé peut parfaitement avoir réussi sa vie sur le papier: grandes études, diplômes, grand mariage, etc.. et avoir quand même le sentiment personnel d'un immense gâchis, parce que les brillantes études en question ne seront jamais celles qu'il rêvait de faire, et que la carrière, si jamais elle vient à faire de l'ombre au parent pervers narcissique sera dénigrée, minimisée, banalisée. Rien ne sera jamais suffisant, rien ne sera vraiment valorisé sans sous-entendu, et il faut parfois une vie entière pour se rendre compte qu'on n'a fait que "nourrir le dragon". Parfois l'enfant d'un pervers narcissique trouve un compagnon ou une compagne intelligent et endurant, qui va l'assister, et le défendre juste assez pour le protéger sans le mettre en danger. Mais la vraie et seule protection définitive est la distance intérieure, dont tous les psys parlent, sorte de Graal dont la quête est bien longue et semée d'embuches. Le rôle des complices, soit l'autre parent ( le parent "victime" est pour moi plus complice que victime) ou parfois les autres enfants ( un parent PN peut parfaitement avoir un enfant "doré", paré de toutes les vertus et sans cesse cité en exemple, qui pour se protéger n'assistera jamais l'enfant écrasé), d'autres membres de la famille, voire les amis eux-même du couple parental pour peu qu'ils aient eux aussi des tendances un peu sadiques, pourrait être sans doute plus développé ici, parce qu'un pervers narcissique sans ses édiles n'est pas grand-chose. Ce sont les membres ou les proches de la famille qui pour leur propre protection ou bénéfice se mettent à son service, et vont maltraiter aveuglément de façon parfois ahurissante l'enfant dans le collimateur, qui se demande bien pourquoi tout le monde cherche à le démolir. S'il est fort intérieurement ( c'est possible) , il résistera, envers et contre tous. S'il a été persuadé qu'il est seul responsable de ce qui lui arrive, il développera des pathologies psychiatriques parfois dramatiques. Je constate que souvent un enfant de parent pervers narcissique devient lui-même un parent remarquable, aimant, protecteur, complice avec ses propres enfants, mais qu'il ne peut empêcher la situation d'avoir sur la génération suivante des effets destructeurs. Un PN ne démolit pas seulement la première génération: ses enfants souffrent, mais ses petits-enfants aussi, et si rien n'est mis en lumière et traité, cela peut perdurer. Le parent complice ( ou victime selon la terminologie) va d'ailleurs tout faire pour empêcher les choses de paraître au grand jour, attaquant l'enfant responsable du "problème" si celui-ci cherche à dénoncer le système et empêchant bien souvent la vérité d'être dite. Evidemment, puisque son rôle serait alors pointé du doigt et que contrairement au parent pervers narcissique, il porte une grande culpabilité, qu'il ne supporterait pas de regarder en face. Il ira jusqu'à attaquer directement l'enfant écrasé pour taire la réalité. Mais un PN habile sait maintenir son enfant en " bon état de marche", de façon à ne pas pouvoir être critiqué. De l'extérieur, en général, rien ne peut être vu, c'est une situation de fous. C'est d'ailleurs ce qu'on dira à l'enfant qui cherche à dénoncer les mécanismes: le fou, c'est lui. S'il y parvient, la solution consiste à se barrer, et vivre pour lui et ceux qui l'aiment vraiment. C'est extrêmement difficile, mais c'est possible. "La meilleure vengeance, c'est de réussir sa vie".

  • Untel

    Article important qui met des mots sur une situation trop taboue. Les enfants de PN font souvent face au déni de l'entourage(je suis bien placée pour en parler, hélas ! ) Je suis convaincue qu'alerter le grand public réduira les actions des PN. En effet, ces derniers comptent sur l'ignorance de l'entourage pour en faire un complice indirect. La relation entre le conjoint victime et l'enfant est bien décrite. C'est tout à fait ça !


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