Le deuil est une dépression normale

Deux aspects dynamiques essentiels

Lorsque nous perdons une personne qui compte affectivement pour nous, il en résulte une perte qui se manifeste dans toutes les dimensions de notre vie, sensorielle, émotionnelle, cognitive, relationnelle et comportementale.

Cette perte laisse un vide, une sorte de "trou" béant en nous. Le cerveau cherche à s'adapter en recherchant celui ou celle qui était essentiel à notre équilibre, comme un pilier de l'existence. Il est important de réaliser que l'absence dans le monde concret engendre un vide dans le monde intérieur.

Ensuite, la disparition crée un mouvement de loyauté au mort. Tout se passe comme si, par solidarité et difficulté à accepter la rupture des liens, nous prenions puis gardions en nous un "bout" de la mort. Cela génère des sensations de dévitalisation, une restriction des relations avec le monde, un repli sur soi, un isolement dans la maison ou le lit, une difficulté à trouver un sens à la vie, à penser tout simplement et ressentir quoi que ce soit d'agréable et de positif.

La béance interne de l'absence et la perte de flux vital par loyauté au mort constituent ainsi deux des processus essentiels du deuil.

Le deuil est une dépression "normale"

Le deuil ressemble au tableau psychopathologique d'une dépression : repli, retrait du monde, fatigue intense, tristesse, crises de larmes, perte du goût de vivre, sentiment d'inutilité, de vide, etc...

La différence essentielle, c'est le chemin progressif et programmé dans notre cerveau du retour à la vie. Le deuil se présente comme cette longue période nécessaire et habituelle de six mois à un an pendant laquelle la mort qui s'était installée dans le monde intérier reflue doucement sous la pression de la vie et finit par ne plus constituer qu'un tout petit ilot.

Si le tableau cliique prend les traits d'une dépression, il convient cependant de ne pas activer un traitement médicamenteux trop tôt ni trop longtemps au risque d'annuler le processus naturel de reflux du morbide et de fixer dans le temps une dépression chronique. Le deuil est un mouvement de la vie, un réflexe de régénération.

Le deuil n'est pas limité au décès d'un proche

Toute perte douloureusement vécue peut entraîner une dynamique de deuil. Si les deuils les plus courants concernent des conjoints ou des membres de la famille, il est fréquent d'aider des personnes prises dans le deuil d'un animal, d'un couple perdu, d'un bien ou même d'un travail.

Eléments d'accompagnement

Pendant la phase dépressive, il est important que le thérapeute reste très disponible et présent, sans chercher à vouloir aider, faire ou comprendre. Nul ne peut penser l'impensable et la simple présence pleine et authentique génère un partage d'expérience salvateur. Le thérapeute demeure attentif aux signes de reflux de la morbidité et de l'émergence des marqueurs vitaux (retours des sourires, des rires, reprise de relation, légères sorties, sensations de chaleur ou de circulation d'énergie, de souffle, de participation à l'environnement...).

Lorsque les frémissements de vie se manifestent, il est utile de :

• Proposer des hypnoses de régénération (paradis intérieur, source de vie), de ressourcement
• De renouer avec les symboles archétypaux universels de retour à la vie (eau, saisons, renaissance) comme autant de "cérémonies sacrées"
• De favoriser une hypnose de transition d'une phase de la vie à une autre comme un "rituel de passage"
• Eventuellement si la personne ressent nécessaire de mettre en place une transe de "sépulture intérieure" pour dire au revoir définitivement au défunt et le laisser partir dans le monde des morts

Dans tous les cas, il est important de se faire accompagner même légèrement par une séance de thérapie de loin en loin afin de ne pas rester seul dans le cours de ce processus de deuil normal. Le pyschologue préalablement formé spécifiquement pour les deuils et en hypnose clinique du travail avec les "morts" pourra ainsi rester vigilent à tout effondrement possible en deuil pathologique.

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