Les jumeaux, un couple pas comme les autres

La naissance de jumeaux n'est pas une évidence pour de nombreux parents, des difficultés surgissent et des questions se posent...

11 MARS 2016 · Lecture : min.
Les jumeaux, un couple pas comme les autres

1,9 % de la population mondiale serait des jumeaux ou des triplés, ce qui fait un équivalent d'une paire de jumeaux pour 85 naissances. Et sur l'ensemble de ces jumeaux, seulement un tiers environ sont monozygotes (vrais jumeaux). Ce qui avant était un événement rare devient de plus en plus répandu. Depuis 1970, les naissances des jumeaux en France ont presque doublé, et sont donc de plus en plus nombreuses. Que savez-vous sur les jumeaux, l'individualisation et le lien géméllaire ?

Les naissances géméllaires

Si en 1972, on pouvait compter 9 accouchements gémellaires pour 1000 femmes, en 2013, le taux est passé à 17 pour 1000, et le phénomène ne fait qu'augmenter. Avoir des jumeaux, c''est d'abord une annonce à faire aux parents, car la réaction est généralement la même, c'est une remise en question au niveau économique, matérielle, etc. une surcharge de travail surtout quand l'enfant attendu n'est pas le premier.

Il faut savoir qu'en tant que parents, la mère précisément doit faire le deuil de la relation unique qu'elle aurait eu avec un seul enfant. Avec deux enfants, une relation doit se créer avec deux bébés en même temps.

Mais avoir deux enfants, c'est aussi avoir beaucoup plus d'amour, de tendresse et de câlins. Chaque personne dans sa vie recherche sa moitié, et dans le lien géméllaire cet autre est présent dès le début avec un soutien, une compréhension qui va grandir d'année en année.

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La relation entre jumeaux

Il existe deux sortes de jumeaux, les vrais et les faux. Les relations qui peuvent exister entre jumeaux font parler. Depuis le début de leur vie ensemble, une intimité affective profonde les unit, qu'ils en soient conscients ou non. C'est pourquoi bon nombre de jumeaux morts nés manquent à l'autre jumeau resté en vie, quand bien même qu'il ne soit jamais né, ils ont un passif intra-utérin. La mort de cet autre qui partageait ce ventre est souvent vécu comme un traumatisme, un manque pour l'autre.

Les jumeaux commencent à entrer en contact l'un avec l'autre dans le ventre de leur mère, dès le troisième mois. Aussi dès la naissance, les jumeaux ont en commun une hérédité et un vécu intra-utérin. La vie va alors faire son oeuvre, et les jumeaux vont vivre des moments identiques, des découvertes au même stade de leur vie, et c'est ainsi que le mimétisme apparaît. La plupart des jumeaux ne se sentent jamais vraiment complets sans leur jumelle ou leur jumeau, quand bien même qu'ils soient épanouis et heureux dans leur vie.

Être jumeau, c'est donc être un couple avant l'heure. L'individualisation est nécessaire, pour donner à chacun des deux une identité différente et pour permettre de se développer. Il est important de les considérer comme deux personnes différentes pour ne pas les troubler. Sachez que le fait que deux jumeaux restent ensemble n'entraine pas de problème d'autonomie plus tard, et une séparation ne les rendra au contraire pas plus indépendants. La simple présence de leur jumeau les sécurise, et leur permet de construire leur affranchissement géméllaire.

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Sachez aussi que cette relation n'est pas toujours idyllique... Le schéma du dominant-dominé n'est jamais loin, et il verra le jour si les jumeaux manquent d'ouverture vers l'extérieur, ils vont alors s'étouffer.

Les jumeaux sont également souvent complémentaires, et certains n'ont pas besoin de se parler pour se comprendre, parfois par un simple regard comme un couple ferait. Les jumeaux sont ainsi plus sensibles l'un à l'autre et ont une compréhension commune. Pour les faire grandir sereinement, la notion d'individualité doit être apprise, pour ne pas fonctionner uniquement par deux.

La relation entre jumeaux et jumelles est souvent magnifique car ils savent qu'ils auront toujours une personne pour les soutenir, et être à leur écoute. Oui, qui n'est pas à la recherche d'un partenaire avec qui traverser sa vie...

Différents types de relations

Il existe trois types de relations entre jumeaux : la relation fusionnelle, la relation dominant-dominé et la relation effet de couple. Le type de relation choisie par les jumeaux dépend de la communication entre eux, des médias et de la société ainsi que de leur individualisation (considérer le jumeau comme une personne unique).

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  • La relation fusionnelle : Ces jumeaux ont un besoin permanent d'avoir la présence physique de leur jumeau. Cela peut se traduire par une grande peur de perdre son autre, l'être le plus cher à ses yeux. Il y a une grande dépendance entre l'un et l'autre.
  • La relation dominant-dominé : Dans cette relation, il peut y avoir des rapports conflictuels car l'un mène l'autre. L'autre suiveur fera générallement tout comme son frère. Certains jumeaux acceptent la dominance tandis que d’autres ne l’acceptent pas, ce qui peut générer des conflits. D’autres ne sont tout simplement pas conscients de leur relation. Aussi, ce sont souvent les personnes extérieures qui sont le plus à même de dire qui est le dominant ou le dominé. Un des jumeaux a toujours un caractère plus prononcé que l'autre et aura tendance à être le dominant. Mais attention ce ne sont pas toujours des rôles définitifs, dans certaines situations l'un sera le commandant et l'autre le suiveur et dans d'autres situations les rôles seront inversés.
  • La relation effet-de-couple : Ces jumeaux vont construire leur identité et personnalité en se regardant l'un et l'autre.La personnalité de chacun se créée en fonction du jumeau, pour se compléter l'un l'autre. Ce type de relation permet de se reposer sur l'autre en sachant qu'il saura faire ce que nous ne savons pas faire.

Et vous, quelle est votre relation avec votre jumeau ? Ressentez-vous un lien spécial entre vous ? Comment le vivez-vous en tant que parent ?

Photos : Shutterstock

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Commentaires 34
  • Lolo

    J ai 60 ans je suis jumelle, et j ai vécu des expériences de vie forte, j ai senti le moment précis où ma sœur c est fait opérer de l appendicite,et quand elle a accouché.. elle m a dominé toute sa vie et au final, elle m a ( largué) au téléphone, comme une vulgaire aventure . Une histoire si forte et pourtant si triste

  • Ciscodebengue

    Bonjour, J'ai deux filles fausses jumelles. L'une d'elle à souvent eu des problèmes de santé alors que sa sœur affiche une bonne santé à part quelques problèmes d'asthme. Sylvie, la plus malade, a contracté après un COVID non détecté un Kawasaki qui l'a conduit aux urgences à Nantes. Elle a été dans le coma pendant 3 jours et en est sortie le 4eme. Nous avons tous eu très peur. Sauf dans sœur Laurence qui était ravie d'être seule sans sa sœur ! Ce soir Sylvie est descendue en nous disant que Laurence aurait été heureuse qu'elle meure à Nantes et de rester enfant unique. Comment réagir à cette situation ? Avez vous déjà eu des réactions similaires ? Cordialement.

  • Ccc

    Lors d'une lecture d'aura, on m'a fait voir mon parfait double à côté de moi Très intensément perturbant.

  • Ccc

    Je suis maman de jumeaux (monozygotes), majeurs à présent (nés en 2000). Comme je déprime à leur envol.. pourtant tout fait pour leur autonomie et fière de leur parcours... Tant de vie avec eux...et puis plus rien mnt.

  • jum's

    (suite) ce témoignage, qui me fait mal, est là pour dire qu'être jumeaux, ce n'est pas simple. Je n'ai eu aucun mal à les élever, ils étaient adorables, les problèmes sont arrivés à l'âge adulte. Je m'en veux, fallait-il séparer davantage dès l'enfance celui qui déjà semblait le plus dépendant ? La 1ere année de maternelle, ils l'ont faite ensemble. Puis pour la 2ème en accord avec les enseignants nous les avons séparés, hélas Paul - le plus dépendant - ne jouait pas avec les autres enfants et semblait attendre de retrouver son frère. Nous n'avons pas poursuivi la séparation, toujours en accord avec les enseignants. Ensuite ils n'ont plus été séparés jusqu'au bac. J'ai adoré avoir ses bébés, ses enfants, si beaux, si semblables qui ne se querellaient pratiquement jamais Et qui faisant leurs devoirs ensemble avaient d'excellents résultats scolaires. J'ai vecu le meilleur mais depuis pas mal d'années maintenant je vis le pire avec ce fils de plus en plus mal dans sa peau, agressif et parfois même ...méchant. Même avec moi, car la personne la plus importante de sa vie, c'était et çà restera SON frère jumeau. Que fallait il faire pour l'aider ?

  • jum's

    Bonsoir, je suis mère de jumeaux qui ont maintenant 40 ans. Et l'un des deux semble avoir un trouble de la personnalité qui empire. Très dépendant de son frère, il a mal vécu la séparation au moment du choix des études vers 20/22 ans dans des villes différentes. Il a à l'époque développé une sorte d'agoraphobie, de phobie sociale, des crises de panique. J'ai tenté de le pousser à consulter, se faire soigner. Il ne l'a jamais fait sérieusement. Ses relations avec l'autre sexe ont toujours été compliquées, conflictuelles. Il est très vite irritable, ne reconnait jamais ses torts mais accuse l'autre. Son frère jumeau moins dépendant depuis l'enfance a fondé une famille stable, est père de 2 enfants. Ils se téléphonent néanmoins pratiquement tous les jours.

  • France GILLES

    Bonjour, Je me permets de vous laisser un commentaire afin de vous transmettre mon vécu. J'ai perdu mon frère jumeau il y a maintenant presque 7 ans et le manque/vide est toujours bien marqué malgré plusieurs thérapies. On parle beaucoup sur internet de perte de jumeau à la naissance ou peu de temps après. Mon frère est décédé j'avais 24 ans et je peine à trouver un article relatant des difficultés psychologiques suite à cette perte. Auriez-vous écrit un article sur le sujet ? Cela m'aiderait beaucoup. Merci à vous

  • Philax

    Mon compagnon est un faux jumeau avec sa soeur née en premier. Etant dizygotes, j'ai d'abord pensé qu'ils se comporteraient comme un frère et une soeur dans une fratrie classique ; puis, j'ai constaté que sa soeur - la dite "aînée" - voulait gérer beaucoup de choses dans la vie de son frère, du choix d'un vêtement à la décoration de son appartement. Ils utilisent également une sorte de langage (très "bébé" alors qu'ils ont 40 ans) commun qui les fait rire, les ridiculise face aux autres qui restent perplexes devant une telle "maturité". Ils sollicitent souvent l'avis d'une tierce personne qui se retrouve toujours, à son insu, juge et partie dans les conflits familiaux : il arrive fréquemment que mon compagnon s'agace du comportement de sa soeur, voire ne la supporte plus, et s'en confie à moi. Mais si j'ai le malheur d'avoir constaté la même chose, que je le lui dis, il prend immédiatement la défense de sa soeur. Elle, elle est célibataire, n'a jamais eu apparemment quelqu'un dans sa vie et en est encore à offrir des tshirts avec des mickeys imprimés qui - chose qu'elle ne sait pas - vont finir abandonnés dans un coin. La régression à marche forcée est donc plus imposée par la soeur au frère, que l'inverse. Et je passe sur les "scènes" où elle le culpabilise d'être parti ailleurs pour 3 ou 4 jours ailleurs sans elle, en lui rappelant que pendant que lui respire et s'oxygène, elle, elle vit mal. Cette extrême interdépendance qui va parfois jusqu'à affirmer que ce dont l'un souffre, l'autre également est un discours entretenu par sa soeur qui entretient cette gémellité, faisant d'eux 2 une masse compacte et indifférenciée. Je ne connais pas d'autres faux jumeaux autour de moi, je ne sais pas par conséquent si ce que je n'apprécie pas relève d'une intolérance croissante à ce lien que je juge toxique pour mon compagnon, - et pour nous 2 puisque le comportement de sa soeur n'est pas sans conséquences sur nous - ou bien si je manque totalement de recul sur le lien particulier qui existe entre des faux jumeaux, que l'on dit souvent agir comme un frère et une soeur classiques d'ailleurs. Ce qui est difficile à tolérer pour moi, c'est le caractère influençable de mon compagnon qui la critique à haute voix, me dit que sa soeur est malade, qu'elle aurait besoin de se faire soigner pendant un moment et qui, dans le même temps, ne supporte pas que moi aussi je puisse constater qu'elle dépasse les limites. Nous finissons par nous disputer à cause de cela. Je finis par me taire parce que je veux que le calme revienne, mais j'ai très souvent le sentiment qu'il n'a pas ouvert les yeux sur l'état de sa soeur et surtout sur ce qu'elle provoque ; il n'y a sans doute rien à "faire" au sens strict, mais je prends tous les avis "raisonnés" qui remettraient un peu de perspective. Merci à vous.

  • Cora33

    Bonjour. Je ne suis pas jumelle mais j'ai des jumeaux de 2 ans et demi. La plupart des témoignages est assez inquiétant je trouve. J'ai l'impression que c'est une éternelle quête d'identité. Concernant mes petits, je n'arrive pas à jauger quelle relation ils ont mais ils sont peut être trop petits. Ils se bagarrent, se calinent, aiment se retrouver tout le temps à côté. Je verrai quand ils seront plus grands. Petite anecdote qui m'a vraiment marquée. A deux mois et demi, l'un des deux a été gravement malade et s'est fait opérer du ventre. Vous me croirez si vous voulez, à l'endroit de sa cicatrice, son frère a développé une tâche blanche de la même forme que la cicatrice. (Un trait blanc horizontal).

  • QtoC

    Salut, beaucoup de commentaires sont très touchants. J'ai moi même un jumeaux depuis 33 ans :) Tout comme Laure je trouve que notre relation a beaucoup évoluée avec le temps. Très fusionnelle a la petite enfance, elle est devenue très conflictuelle a l'adolescence. Même si nos parents on toujours essayaient de nous faire grandir individuellement (sports, habits, ... différents) on était quand même trop souvent ensemble (même chambre, collège, copains). L'adolescence est un moment ou l'on essaie de construire sa personnalité, alors avoir quelqu'un qui nous ressemble en beaucoup de points ca frustre énormément. Sans compter le fait que beaucoup de personnes vous comparent sans arrêts (Aujourd'hui j'ai toujours horreur qu'on me compare a mon frère), vous parlent comme si vous n'étiez qu'une seule personne ou vous posent les même questions débiles du genre "ca fait quoi d'avoir un jumeau". Arrivé en 1ere j'ai change de Lycée et on a pu évoluer un peu séparément de notre coté. Ca veut pas dire qu'on se taper pas dessus une fois a la maison. Un truc marrant ou pas c'est que quand notre grande sœur essayait de nous séparer, on se retournait tous les 2 contre elle. Adulte, on a switch entre coloc avec des amis, boulots saisonniers et voyage chacun de son coté. On pouvait ne pas se croiser pendant 1 an et c'était ok même si forcement il y a un manque. Aujourd'hui, on est très diffèrent mais très similaire sur pleins de points. On a grandi ensemble donc ca fait sens. Peu de gens nous comprennent quand on passe en mode langage jumeaux et bizarrement ca me rend plutôt fier. On s'engueule toujours, des fois violemment, mais c'est parce qu'on attend beaucoup de l'autre je crois. Et puis tout est vite pardonné. Des fois j'envie sa créativité mais c'est un bon sentiment, ca me pousse a me dépasser. Par contre j'ai beaucoup de mal a partager mes émotions avec lui et si j'ai des problèmes de cœur c'est pas lui que j'irais voir. Peut être une vieille rengaine d'ado. Laure, pas au point de faire des terreurs nocturne j'ai déjà eu ce genre de rêve. Il m'arrivais même d'y penser la journée avec des sensation et sentiments trop réels. Au début j'essayais a tout pris de ne plus y penser, de détourner mon esprit de telles horreurs mais j'avais encore plus d'angoisses. Et puis un jour j'ai plonge a fond dans ses rêves en les acceptant. Vivre le drame, l'enterrement en rêve et pourtant tout ressentir comme si citait réel c'est très éprouvant. Malheureusement, comme tu peux le voir avec certains commentaire ici, ca peut se produire dans la vrai vie. A chaque fois que je faisais un rêve je me forçais de le vivre jusqu'à la fin. Au bout du compte j'ai fini par accepter que tout le monde peut mourir y compris mon frère. ca m'arrive encore aujourd'hui de faire ses rêves mais c'est beaucoup plus rare et surtout beaucoup moins intense. Coco, avant d'envisager une solution si drastique, peut être que tu pourrais essayer de trouver une activité en dehors du travail qui te permette de rencontrer des personnes qui ne connaissent pas ta sœur. Je sais que le Covid aide pas mais je pense que c'est une piste intéressante. J'ai écrit un énorme pâté, j'espère que ca aura aidé certains. Je vous souhaite beaucoup de bonheur et de paix en ces temps difficiles.


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