bouteille à la mer
bonjour - ou bonsoir -
j'avais déjà écrit sur ce forum il y a plusieurs années de ça.
si je reviens, c'est parce que je me retrouve vraiment dans une grande détresse, et je me rends compte que je ne peux pas me débrouiller toujours par mes propres moyens.
mon parcours est assez atypique - ou peut-être pas ? - j'ai énormément manqué d'amour dans mon enfance, je n'étais pas maltraitée comme on pourrait l'interpréter au sens propre dans le sens où, matériellement, je ne manquais de rien, mais je me faisais parfois frappée, insultée gravement (j'aurais préféré que tu sois morte - je ne t'aime pas tu n'es pas ma fille - personne ne va jamais t'aimer) suivi de traitements par le silence, de coups, etc. autant dire qu'il ne faut pas avoir un bac+5 pour deviner non sans difficulté que j'ai énormément de carences affectives, une peur de l'abandon etc. suite à ça, j'ai eu une scolarité absolument chaotique. j'étais suivie par un pedopsy relativement jeune, dès le cp/ce1 car j'ai été diagnostiquée hpi (cela ne veut pratiquement plus rien dire maintenant) et j'avais alors beaucoup de colère à cette période (divorce de mes parents, mère qui m'insulte etc) donc je pense que j'évacuais, à ma manière d'enfant, ma tristesse et ma colère en classe. j'ai donc fini, à 12 ans, en pédopsychiatrie après une tentative de suicide aux médicaments. je suis sortie, rien n'a été fait à la suite malgré les recommandations de ma pedopsy. le saut de classe a été recommandé, je me débrouillais toujours avec des notes de 99% à tous mes test.
entrée au collège, chaotique aussi, redoublement double, changement de collège, agression, harcèlement violent, plusieurs tentatives de suicide, relation amoureuse chaotique - je parle beaucoup des mauvais moments, mais j'en ai eu aussi de très bons avec de nouvelles amies, des découvertes, j'essaie de ne pas retenir que le négatif de tout ça - je décroche l'école, taux d'absence élevé, redoublement - encore - le retard qui s'accumule.
puis, rentrée au lycée, encore et encore des absences, je change de lycée - beaucoup d'instabilité - je fugue, je fais le tour de la france en flixbus avec 5 euros en poche pour fuir ma maison, pour fuir ma vie, pour me fuir finalement ? scarifications, tca, encore des tentatives de suicides, diagnostique posé = borderline. qu'est-ce que cela, veut dire au fond ? je ne veux pas m'enfermer dans des cases. hpi, borderline. je m'en fiche. je veux juste aller mieux.
puis, le bac, que je rate. pas grave, je pourrai le repasser plus tard. la majorité, je commence le travail et ça me fait du bien. de voir des gens. d'utiliser mes mains et non plus ce cerveau que je déteste. de ne plus penser, à tout, et à rien à la fois. de ne plus souffrir. néanmoins, je sens que cette grosse boite de pandore en moi me fait mal, que je ne peux pas oublier toutes ces années de douleurs, d'errance, d'abus mental et physique, de maltraitance, de peine, juste en travaillant. tentative de suicide, encore. je commence un suivi en hôpital de jour, de nuit, chez le psychologue, chez le psychiatre, mais ça ne dure jamais longtemps. manque de moyen financier, manque de courage. je décide de laisser ça de côté, et je continue ma vie.
la vingtaine. je détruis toutes mes relations, trop intenses, trop violentes, trop de douleur que je fais subir à l'autre tout en étant consciente de tout ça. je me renferme. je perds des amies, j'en gagne en retour. mais quelque chose ne va pas, au fond tout au fond de moi. je me sens partir, à la dérive, je me sens comme une plante qu'on aurait laissée pourrir, et qu'on essaie de recouvrir de belles choses pour masquer l'odeur putride. peu importe. j'enchaine les petits boulots, je socialise, encore. tout se passe bien avec mes amies. alors pourquoi ça foire avec l'amour ? je le sais, pourquoi. au fond. je le sais, que j'ai des réactions excessives dû à mon passé, mais je ne veux pas me dédouaner, m'enlever la responsabilité de mes actes parce que j'ai subis des choses, les autres ne sont pas responsables, les autres ne méritent pas. alors je me relève, j'essaie de changer, pour eux et aussi pour moi. mais la rancoeur et la colère prennent le dessus, tout le temps, à chaque fois, comme une mélodie qui se répète. je ne mange pas beaucoup. je suis encore dans mon foyer toxique. pourtant je ne manque de rien, mais ce n'est pas comme je veux. j'ai une idée précise de la personne que je veux être, des valeurs que je veux avoir - la bonté, la gentillesse, la compréhension, l'ouverture d'esprit, le pardon - des endroits où je voudrais aller, même de la cuisine que je rêve d'avoir avec mon futur mari, et je sais que si je patiente encore un peu, tout ira mieux. mais je ressens encore ces choses en moi, je ne sais plus quoi faire, je ne peux pas me débrouiller seule.
je reprends les études. des études qui me plaisent, dans un environnement libre qui n'est pas sous le joug de la scolarité traditionnelle et des malheurs qui s'en suivent. j'ai l'impression d'avoir la tête ailleurs, de partout et nulle part à la fois. je suis très croyante, alors je m'accroche, mais je sens que je me perds en chemin, que mon coeur est lourd, que mon corps est lui sali, par ces cicatrices, ces choses, que mon coeur est putride, infâme, et que mes poumons ne respirent plus.
je sais que j'ai besoin de vider cette boite de pandore une bonne fois pour toute, de vomir en quelques sortes tout ce que j'ai gardé en moi, mais j'ai si peur, peur de ne plus jamais m'en relever. et puis, faute de moyens, étudiante oblige, je ne peux pas, aussi. alors je continue, encore et encore, parce que pas le choix. mais je culpabilise. de moi. de me faire souffrir. de faire souffrir les autres, ceux que je veux protéger. je me mets à détester ce cerveau, cette compréhension de tout, cette intelligence qui m'a desservie tant de fois, je me mets à détester la rancoeur que je ressens envers mes parents, qui m'insultent encore (débrouille toi, démerde toi, je t'aime pas, t'es pas ma fille) je ne comprends pas cette méchanceté, et elle ne peut plus cohabiter en moi à côté de l'espoir que je garde. cette ambivalence me fait souffrir.
alors que faire, que faire, je me sens au bord du précipice, que faire.
cordialement