Je ressens trop de peine et de pitié pour des choses inanimées
Bonjour à toutes et tous ceux qui voudront bien lire ce message. Je m'appelle Anaëlle, j'ai 23 ans et...
... la question peut être assez surprenante mais comment pourrait-on expliquer le fait que j'ai beaucoup d'empathie vis à vis d'objets, de situations ou de choses, à tel point que je peux me mettre à pleurer ?
C'est assez compliqué à exprimer avec des mots, d'autant plus que je ne connais personne autour de moi qui ressent la même chose, et je n'ai jamais entendu ni lu de témoignage similaire.
Il sera peut-être plus simple d'expliquer ce sentiment par des exemples concrets, car je suis consciente que c'est difficile de comprendre ce que je cherche à expliquer.
De plus, je me demande s'il ne s'agit tout simplement pas d'un déplacement d'une émotion/d'un sentiment (notamment de rejet) vis-à-vis de moi-même ou d'une autre personne (ou animal), sur l'objet ou la situation en question.
Par exemple, il peut m'arriver d'avoir été irritée pour X raison et de donner à manger à un de mes chats. Si celui-ci ne veut pas manger ce que je lui ai donné, je vais pouvoir penser qqchose du genre "ben t'as qu'à la laisser pourrir cette pâtée". Puis, je me sens mal pour cette pâtée, comme si j'avais de la peine de l'avoir insultée, ou de l'avoir quelque part rejetée (ou du moins, je ne lui ai pas montré qu'elle avait une certaine importance pour moi, qu'elle "existait" à mes yeux). Puis je pleure en me disant "la pauvre pâtée", tout en sachant qu'il s'agit de nourriture, qui ne ressent rien.
Mais je ressens énormément de peine, et je m'en veux. Je sais que c'est complètement idiot, et vous devez certainement rire en lisant ces mots (ce que je peux comprendre, d'un côté, car c'est du grand n'importe quoi).
Ou alors est-ce moi-même qui prend à cœur le fait que mon chat n'ait pas mangé ce que JE lui ai donné et donc d'une certaine manière, je me sens rejetée ou humiliée ?
A l'instant même, je suis montée énervée dans ma chambre car j'ai demandé à ma mère si on avait encore du chocolat. Elle me dit qu'il doit certainement en rester dans le tiroir du meuble de mon père et que si non, j'en achèterai demain aux courses, avec mon père. Je ne voyais pas de quel meuble elle parlait. Je lui ai donc posé la question, mais elle ne m'a pas répondu (comme souvent, on ne m'écoute pas).
Cela m'a énervée, car c'est comme si je parlais au vent. Je me suis dit dans ma tête "débrouille-toi avec tes courses".
Après avoir pensé cela, je me suis mise à pleurer en pensant "pauvres courses", comme si je me sentais coupable de les avoir "insultées" ou "rejetées".
Parfois, je me demande si ce n'est pas une peine ou une pitié que je ressens pour moi-même mais que je n'ose pas affirmer directement, car je ne le mériterais pas. Mais je me sens très souvent rejetée, isolée, et surtout pas écoutée (par ma famille ou mes pseudo amis). Ca c'est le pire pour moi : NE PAS ETRE ECOUTEE.
Je m'éloigne doucement d'une personne qui se prétend être amie avec moi mais qui, quand je lui confie être en difficulté ces derniers temps et ressentir bcp d'angoisses, fait mine d'écouter tout en étant sur son téléphone, envoyant des snaps à la con pour garder ses flammes et en me répondant des trucs du genre "oui" ; "oui je vois", "ce sont des choses qui arrivent".. je sais pertinemment qu'il s'agit de réponses "bateau" pour faire sembler d'écouter mais que rien de ce que je lui ai dit n'est entrée dans son cerveau.
Quand elle m'invite à manger, elle me demande "t'as pensé à prendre tes cachets pr le lactose ?"... Cela fait au moins la 10è fois que je lui dis que je n'en ai plus besoin car je digère le lactose sans problème. Et ce depuis presque 1 AN !
Elle m'a envoyé des snaps récemment, que j'ai osé ouvrir sans répondre (généralement, je me sens mal de ne pas répondre car je ne supporte pas moi-même que qqun lise mon msg sans y répondre, car c'est comme si la personne s'en fichait royalement). Il ne s'agissait pas d'un message personnel, juste des vidéos qu'elle a certainement envoyées à tout son répertoire, pour montrer ce qu'elle avait récemment acheté.
Elle m'a aussi envoyé un msg sur whatsapp pour me demander si j'aimais bien l'accrobranche. Question qu'elle m'a déjà posée plusieurs fois et à laquelle j'avais déjà répondu autant de fois.
J'ai aussi ouvert le message, sans y répondre et sans en avoir l'intention. J'en ai assez qu'on se foute de moi.
Je me suis sentie coupable quand même car "cela ne se fait pas", elle va se sentir rejetée. Elle me le fait à moi sans se poser la question.
Quand elle se confie à moi, je suis toujours à l'écoute, je suis attentive et je suis la pour la consoler, pour la rassurer. Quand c'est pour moi, RIEN DU TOUT.
J'ai pu me dire "va te faire foutre avec tes snaps de merde"... et devinez quoi ? J'ai de la peine pour les snaps.
J'ai récemment quitté un emploi de coursière car il ne me correspondait pas du tout. Ce qui m'a fait le plus mal, c'est que c'était un CDI à temps plein (c'était surtout par rapport au regard des autres : comment elle a pu quitter un emploi si stable ?). J'ai eu de la peine pour la voiture que j'aurais dû conduire en me disant "pauvre voiture, elle va croire que je ne veut pas d'elle". Alors qu'il s'agit littéralement d'un véhicule, dépourvu de conscience et de sentiments.
Je remarque que ces sentiments sont présents seulement dans des situations de conflits, de rejets ou dans ce genre là. Je me dis que très certainement, ce n'est pas réellement pour ces objets ou ces choses que j'ai de la peine. Je ne sais pas ce que vous en pensez, en tant que psychologues.
Est-ce que je culpabilise d'affirmer mes désaccords ? Ou de dire ce que je ressens ?
Parfois, c'est comme si je ne pouvais pas me permettre de que qqun ou qqchose se sente mis à l'écart ou rejeté, comme si moi je devais être une sorte de "sauveuse". Dans le genre "les autres t'ont rejeté, t'ont fait du mal ou n'ont pas fait attention à toi, mais moi je ne le ferai pas, je ne ne suis pas comme eux et je comprends". Bien sûr, ce n'est pas ce que je me dis explicitement, mais c'est le sentiment que j'aie, quand je réfléchis à tout cela.
Et cela est bien entendu aussi valable pour des objets, ou de la nourriture. Parfois, j'ai plus d'empathie pour des objets que des gens (ou alors cette empathie se déplace sur les objets ou les situations en question ?).
Par exemple, à l'anniversaire de cette "amie", j'ai ramené une boisson que personne ne connaissait (ni même moi). Ils n'ont pas trop apprécié, et je me suis sentie très triste pour à cette boisson. Mais quand j'y réfléchie, je me dis que c'est comme si MOI j'avais été rejetée, car c'est une boisson que J'AI ramenée. Et en plus, c'est mon papa qui l'avait achetée, donc j'ai aussi eu de la peine pour lui.
"Comment osent-ils dire ça alors que j'ai fait l'effort de ramener une boisson ?".
Si personne n'en avait bu, je l'aurais fait, pour ne pas que cette boisson se sente "rejetée" ou pas "aimée".
Il y avait à cette fête une jeune fille de 12 ans environ. Elle a demandé à tout le monde, à moi y compris, si on voulait des dragibus. J'ai dit non (pour une fois, j'ai osé), puis elle a demandé à tous les autres (on n'était pas bcp, on était 4 ou 5 en tout). Ils ont tous dit non... je n'ai pas supporté et je pense qu'une des pensées qui m'est venue est "les pauvres bonbons, personne ne veut d'eux". Alors j'ai demandé à cette fille si elle voulait vrmt mangé ces bonbons. Elle m'a dit que oui mais qu'elle ouvrirait seulement le paquet si qqun en mangeait avec elle.
J'ai bien entendu dit que j'en mangerais avec elle et je l'ai fait. Un des invités a souri et j'ai dit "je ne supporte pas que tout le monde lui ait dit non".
Mais encore une fois, une personne est impliquée, et j'ai de la peine pour ces bonbons. Est-ce qu'en réalité, je n'avais pas de la peine pour ELLE ?
Quand je nourris mon chat, n'ai-je pas de la peine pour LUI (car c'est comme si je l'envoyais balader, d'une façon).
Je ne sais pas trop vers qui est tournée toute cette pitié mais en tout cas elle se fixe sur des choses complètement bizarres, des évènements, des objets ou de la nourriture.
Ce dont je suis persuadée, c'est que personne n'a autant de peine pour moi que j'en ai pour toutes ces choses/personnes et je trouve ça injuste (pour le coup, ça me fait même un peu de peine pour moi-même).
Qu'en pensez-vous ?
Merci à vous d'avoir lu mon message !