4 JANV. 2023
· Cette réponse a été utile à 4 personnes
Bonjour Anita,
Je me permettrais de vous dira d'abord que vous n'êtes pas une "personne horrible" et vous ne fuyez pas vos responsabilités.
Vos parents ont fait le choix très personnel face à la maladie de votre père de vous mettre à distance et de ne pas tout vous révéler.
C'est leur point de vue. Chacun réagit face à la maladie très différemment.
En vous mettant dans cette posture, ils veulent vous épargner, vous protéger, ils vous savent par ailleurs de nature anxieuse.
Le déni correspond à un mécanisme de défense, il est destiné à maintenir l'équilibre du psychisme, nous basculons tout événement, toute émotion, de l'ordre de l'intolérable de notre partie consciente vers notre instance inconsciente.
Il existe bien d'autres mécanismes de défense mais le déni est un refus inconscient de reconnaîttre cette réalité traumatisante.
Vous êtes par ailleurs la fille dans la famille, vous avez un frère mais globalement les filles et leur père ont un lien privilégié.
Je ne dirais pas que votre papa est têtu; dans son refus d'être aidé, il veut garder sa dignité et sa fierté, montrer qu'il reste un pilier et un modèle, avec tout son courage malgré sa souffrance physique et psychologique.
Quant à votre frère, quelque soit son caractère, je ne sais pas si il est plus jeune que vous et si il vit avec vos parents, mais il éprouve de la colère, pour éviter de sombrer dans la violence de sa souffrance psychique, il éprouve de la nervosité, il est en colère, preuve qu'il répouve cette maladie de votre papa et qu'il est révolté.
Vous avez tous les deux de manière distincte le même éprouvé: le rejet de la maladie et de ce qu'elle induit sur votre figure paternelle. Vous exprimez vos souffrances également en fonction de vos âges et de vos relations depuis la petite enfance avec lui de manière ersonnelle. Mais ce qui vous réunit, c'est la non-acceptation de cette injustice venant ébranler vos vies reespectives.
Votre processus d'évitement du sujet de la maladie est votre mode de protection, vous connaissez cette angoisse flottante même si vous vivez loin de votre famille, même si vous ne parlez pas ou le moins possible de la situation car vous voulez maintenir l'image de ce papa modèle et fort, celui qui est là pour protéger la Famille. C'est bien normal, Anita !
Nous gardons de la petite enfance jusqu'à nos derniers instants de vie en ce monde gravés en nous les deux imagos parentaux, les deux piliers, nos deux murs porteurs, nos parents, ceux qui nous ont permis de devenir qui nous sommes et qui nous aiment quoi que nous fassions, ceux en qui nous aurons toujours confiance et qui nous renverront de par leur regard l'estime de nous-même, la fierté et cet amour hors du commun dont nul ne pourra nous faire douter.Ce sont eux qui nous connaissent le mieux, nous ont pris par la main, appris tant de choses, eux avec qui nius avons tellement partagé. Ils restent nos guides, peu importe leurs âges et lesnotres, Anita.
Pour preuve, ils connaissent votre tempérament anxieux, aussi ont ils fait le choix de vous préserver le plus possible.
Ne soyez pas habitée par la culpabilité Anita, car la culpabilité montre que vous éprouvez de la honte; les deux concepts sont liés en psychologie. Vous êtes consciente de ce cancer depuis des années, du combat de votre papa et de votre éloignement voulu de leur part pour vous laisser à la Vie.
Ce déni est une réaction humaine, je vous l'ai dit au début, preuve de la profondeur de votre souffrance, vous n'êtes en rien une perosnne égoiste et horrible. Vous voulez juste garder le contrôle une dernière fois sur l'impensable et ce que nous connaissons de cette maladie. Vous devez garder en vous la plus jolie image de votre papa, vaillant, solide, déterminé, comme vous, avec les valeurs qu'il vous a transmise et font de vous, à 39 ans, la jeune femme que vous êtes devenue avec son compagnon.
La gravité des faits, vous l'avez réalisée depuis l'annonce. Même à distance auprès de votre compagnon, vous restez avec la souffrance de voir votre père amoindri, preuve que vous êtes "exposées", ce n'est pas une question de distance géographique, c'est une question d'émotions, d'affects.
Vous voyez votre mère sous tension et c'est bien normal; les aidants sont victimes co-latérales de cette maladie, en grande souffrance. Le déni leur permet de ne pas s'écrouler, du moins pas tant que la personne est parmi nous mais il faudra que votre maman soit aidée à son tour et vous aussi, vous devez être accompagnée, vous n'avez pas jeté cette bouteille à la mer par hasard, vous demandez à être entendue et reconnue pour votre douleur morale et affective si justifiée. En aucun cas, vous ne vous cachez la tête dans le sable !!
il est si jumain de redouter le futur.
Vous épargner ne vous met pas dans la psoture de l'abandon, au contraire c'est se préparer à être en capacité de réagir à bon escient, pour épauler vos proches.
Je vous propose de vous aider à mieux gérer vos émotions, à les laisser parler, mais aussi à détricoter des schémas de pensée qui sont actuellement en inadéquation avec votre réalité, poser ce si lourd chagrin et cette culpabilité,mieux comprendre vos réactions et vos jugements si sévères envers vous-même Anita.
La maladie et ce qui y renvoie génèrent un traumatisme dans le psychisme de tout être, j'ai eu la chance de m'y pencher de plus près en étant supervisée par mes mentors, essentiellement Boris Cyrunlik, vous connaissez peut-être, il intervient souvent dans les médias et conférences, a de multiples ouvrages et a popularisé le concept de "Résilience".
Si vous souhaitez faire de cette grosse épreuve de votre vie une force, alors échangeons ensemble, cela ne peut que vous éclairez.
BORIS dit:
"la résilience, c'est l'art de naviguer entre les obstacles des torrents".
Déchargez votre psychisme et acceptez vos émotions, preuve que vous êtes tout sauf horrible.
N'attendez pas d'imploser.
Je reste à votre écoute en téléconsultation, quand vous en estimerez le besoin et la volonté en toute bienveillance et avec grande empathie.
Je vous envoie beaucoup de forces, Anita.
Bénédicte Escaron
Praticienne en Psychothérapie
Psychanalyste
Thérapeute en TCC
Thérapeute d'aide à la parentalité
diplômée en Neurosciences ( Paris ) et en Psychotraumatologie ( Nancy)
Praticienne en PNL